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Allemagne

<i>Nazismus, nein danke </i>!

L'Allemagne face à son passé mais surtout face à son avenir : dans un bel ensemble, tous les partis politiques ont manifesté le 9 novembre « pour l'humanité et la tolérance », et surtout contre l'extrême-droite. Alors que le pays connaît une flambée raciste, le chancelier Schröder prône l'interdiction du NPD, un parti néo-nazi.
Le 9 novembre est une date lourde en symboles en Allemagne. L'histoire s'est écrite ce jour-là à maintes reprises, pour le meilleur et pour le pire. Pour les plus jeunes, elle signifie la chute du Mur de Berlin en 1989, moment euphorique et historique qui a conduit à l'unification allemande. Cette date est aussi celle de la proclamation de la Première république allemande en 1918. Cinq ans plus tard jour pour jour, en 1923, ce sera le putsch manqué d'Hitler à Münich. Mais pour la plupart, la date du 9 novembre est liée aux heures les plus sombres de l'histoire allemande : en 1938, la « Nuit de cristal » et les pogroms contre les Juifs amorceront l'Holocausteà c'est de cette date-ci dont les Allemands ont voulu se souvenir ce 9 novembre 2000 en disant haut et fort « nein » aux néo-nazis.

Dans les principales villes du pays, à Mayence, Rostock, Stuttgart, Mannheim, Duisburg, des cérémonies du souvenir se sont tenues. A Düsseldorf notamment, où il y a quelques semaines un incendie criminel a visé la synagogue, une marche silencieuse a eu lieu. Au port de Hambourg, les autorités ont organisé une cérémonie à la mémoire d'un millier de Juifs déportés par bateau avant d'être assassinés par les nazis. De nombreux écoliers, des jeunes, des syndicalistes, des vieux se sont mobilisés à travers le pays, à l'appel de l'ensemble des partis politiques représentés au parlement, des Eglises, des syndicats et des fédérations d'employeurs.

« Racaille »

Mais c'est encore à Berlin û une ville qui décidément n'échappe pas à son histoire û que la mobilisation a été la plus forte. Dans la capitale allemande, quelque 200 000 personnes ont manifesté jeudi soir. Le défilé est parti de la synagogue de l'Oranienburgerstrasse, l'ancien quartier juif berlinois, jusqu'à la porte de Brandebourg, ancienne frontière entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Là, de nombreuses personnalités dont Paul Spiegel, le président de la communauté juive, ont pris la parole. «La lutte contre l'extrême-droite ne concerne pas seulement les Juifs, les Turcs, les Noirs ou les sans-logis. Elle concerne tout le pays », a-t-il affirmé.

«Nous ne voulons pas et nous ne tolérerons pas la barbarie et la violence. Nous voulons envoyer un signal à tous nos voisins et amis du monde entier qui comme nous s'inquiètent de la haine et de la violence» a déclaré Johannes Rau, le président allemand.
En dix ans, les violences et les crimes commis par l'extrême-droite, à l'encontre de foyers d'immigrés, de lieux de culte, ont fait une centaine de morts. «Une honte pour notre pays », a souligné Johannes Rau. La date anniversaire de la réunification allemande, le 3 octobre, a été marquée cette année par des agressions contre des synagogues.

Le chancelier Gerhard Schröder a été plus direct en parlant de «racaille d'extrême-droite». Son gouvernement a fait savoir qu'il souhaitait demander, à la cour de Karlsruhe, d'interdire d'ici la fin de l'année le NPD, le Parti national-démocrate allemand. Depuis quelque mois, la classe politique allemande s'est mobilisée contre ce parti jugé dangereux pour l'ordre public.

Enfin, le président du Parlement a lui insisté sur la nécessité d'enseigner l'histoire dans les écoles et notamment le passé sombre de l'Allemagne : «il faut savoir ce qui s'est passé et pourquoi cela s'est passé». Une manière d'en finir avec les démons.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 10/11/2000