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Syndrome du Golfe

L'Europe s'élève contre l'uranium appauvri

L'uranium appauvri, ce métal particulièrement dense utilisé dans la fabrication notamment des armes anti-char, se retrouve de nouveau sur la sellette. Ses utilisations militaires et surtout ses éventuelles conséquences sur la santé seront discutées à l'Otan, à Bruxelles, le 9 janvier prochain. C'est à la demande de l'Italie que le Comité politique et le Conseil atlantique aborderont ce sujet.
Ce qu'on appelle «le syndrome des Balkans» -en référence au «syndrome du Golfe», un ensemble de pathologies repérées chez des vétérans de ce conflit vieux de dix ansû crée un tollé en Italie et inquiète autorités et opinions publiques dans plusieurs pays européens, la Belgique, le Portugal, l'Espagne notamment. En France, sans employer l'expression «syndrome des Balkans», le ministère de la Défense a annoncé jeudi que quatre soldats français ayant servi en ex-Yougoslavie sont traités pour leucémie dans des hôpitaux militaires.
C'est dans la péninsule italienne que l'émotion est la plus grande, après la mort suspecte, ces derniers mois, de six militaires ayant tous servi dans les Balkans. Le sixième décès -Salvatore Carbonaro, 24 ans, mort d'une leucémie- a d'ailleurs provoqué la réaction officielle italienne à l'origine du rendez-vous de mardi à Bruxelles.
Le président du Conseil, Giuliano Amato, tout en restant prudent, a déclaré dans La Reppublica de mercredi «nous avons toujours su que des armes à l'uranium appauvri avaient été utilisées au Kosovo, mais nous l'ignorions pour ce qui est de la Bosnie. Nous avons toujours admis qu'il n'est un danger que dans des circonstances exceptionnelles, comme par exemple le fait d'en ramasser un fragment avec une main blessée» et ajoute «mais nous commençons à craindre, de manière justifiée, que les choses ne soient pas si simples».

En Italie, un numéro vert pour informer les citoyens

Pour le ministère italien de la Défense, il n'y a aucun lien entre le décès des six Italiens et leur mission dans l'ex-Yougoslavie mais il a cependant nommé une commission médicale spéciale et mis un numéro vert à la disposition des Italiens. L'Otan minimise de son côté le danger des armes à l'uranium appauvri sur la santé, déclarant «virtuellement» nuls les risques dus à l'inhalation de particules d'uranium appauvri.
Comme pour le «syndrome de la guerre du Golfe», dont les victimes luttent toujours pour obtenir reconnaissance et réparation, les démarches des familles de soldats européens touchés par ce mal mystérieux s'annoncent longues et difficiles.
Pourtant, la multiplication des cas dans plusieurs pays européens contribue déjà à une meilleure diffusion de l'information sur le sujet. Sans employer l'expression médiatique de «syndrome des Balkans», les autorités de plusieurs pays ont pris position. Le ministre belge de la Défense, André Flahaut, a demandé à son homologue suédois, dont le pays exerce la présidence de l'Union européenne au premier semestre 2001, d'analyser en commun les problèmes de santé des soldats qui ont servi dans les Balkans. Dans son propre pays, cinq cas de cancer se sont déclarés chez ces militaires.

L'Espagne prend le mal en amont et a lancé une enquête médicale auprès des 32 000 militaires espagnols qui ont servi en ex-Yougoslavie. Le Portugal, qui n'a envoyé dans la région que 900 hommes va leur faire passer un examen médical complet. Il s'agira de détecter les traces d'une éventuelle contamination par les poussières d'uranium appauvri.



par Laure  Hinckel

Article publié le 04/01/2001