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Maroc

Un Sénégalais à la tête de la FIDH

Pour la première depuis sa création en 1922, la Fédération internationale des ligues de droits de l'Homme (FIDH) a élu dimanche 14 janvier un président qui n'est pas français. Il s'agit du Sénégalais Sidiki Kaba, président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme (ONDH) basée à Dakar.
De notre correspondante à Rabat

Pour cet avocat de 50 ans, les grands challenges que devra relever la FIDH notamment en Afrique sont avant tout «la prévention des conflits et l'enracinement social de la démocratie à travers des valeurs de justice et de liberté». Sidiki Kaba estime en effet que les droits de l'Homme «ne supportent pas la théorie des climats ni aucun relativisme».
Après cinq jours de débats passionnés, la FIDH a clôturé dimanche son 34ème congrès à Casablanca en réaffirmant son attachement non seulement aux droits civils et politiques pour lesquels elle se bat depuis 79 ans, mais aussi aux droits économique et sociaux bafoués dans de nombreux pays, notamment en Afrique.

L'organisation a adopté une déclaration condamnant la flambée de xénophobie et de racisme qui a frappé de nombreux citoyens africains sur le continent noir. En Côte d'Ivoire, la fédération s'est ainsi déclarée très inquiète de «la montée des violences résultant notamment des campagnes prônant l'Ivoirité». Elle demande instamment aux autorités du pays de «prendre des mesures concrètes pour mettre un terme aux actes et paroles xénophobes qui ont endeuillé les populations qui y vivent».

«Des régressions graves en matière de libertés au Maroc»

La FIDH s'est également déclarée très préoccupée par la situation qui prévaut en Guinée-Conakry. Elle souligne que la situation de conflit armé ne doit ni occulter ni justifier la violation des droits de l'Homme et appelle les autorités guinéennes à assurer la sécurité des personnes et des biens notamment celles des réfugiés et des personnes déplacées.
Le Maroc, premier pays arabe à accueillir un congrès de l'association n'échappe pas à ses critiques. Depuis quelques semaines en effet, la FIDH a enregistré ce qu'elle a appelé «des régressions graves en matière de libertés». Trois journaux indépendants ont ainsi été définitivement interdits et plusieurs manifestations violemment réprimés par les forces de l'ordre.

L'organisation a certes choisi de maintenir ses assises dans le royaume mais elle a précisé qu'en aucun cas elle n'apporterait sa caution à la politique répressive de Rabat. Elle a donc profité de son congrès pour dénoncer non seulement les violations des droits de l'Homme passées mais aussi les récentes régressions aux libertés. Elle a ainsi demandé aux autorités marocaines d'annuler «les poursuites illégales engagées contre une trentaine de défenseurs de droits de l'Homme» qui avaient participé, à l'occasion de l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, à un rassemblement pacifique violemment dispersé par la police. Si cet appel lancé par la FIDH n'a pour l'instant pas été entendu, la présence au Maroc de 101 organisations de défense de droits de l'Homme sur les 105 que comptent la fédération aura tout de même permis de desserrer l'étau sur la presse. Sur les trois hebdomadaires interdits en effet, deux ont eu l'autorisation de reparaître sous de nouveaux titres. Mais il est vrai que leur directeur avait entamé une grève de la faim illimitée jusqu'à l'obtention de ce qu'il a appelé «son droit légitime à exercer son métier.»



par A Rabat, Mounia  DAOUDI

Article publié le 16/01/2001