Irak
Bush bombarde les environs de Bagdad
Pour la première fois depuis deux ans, des avions anglo-américains ont bombardé des cibles militaires proches de Bagdad, faisaint deux morts et une vingtaine de blessés parmi les civils. C'est une «opération de routine», selon le président américain, décidé à faire preuve de fermeté à l'égard de Saddam Hussein.
De notre correspondant à New York
George W. Bush a clôturé sa «semaine de la sécurité nationale» aux dépens de l'Irak. Après avoir promis des augmentations de salaire à ses soldats, visité des installations de l'OTAN, il a fait ses premiers pas en tant que chef des armées, existant pour la première fois sur la scène internationale. Vendredi, à la nuit tombée, une trentaine d'avions britanniques et américains ont bombardé des bases de défense aérienne et des stations radars irakienne, faisant deux morts et une vingtaine de blessés parmi les civils, selon les rares informations disponibles. Pour la première fois depuis deux ans, les cibles touchées se trouvaient au nord de la zone d'exclusion aérienne mise en place en 1992 par les alliés pour protéger les minorités kurde et chiite persécutées par Bagdad.
L'opération a été montée par l'Etat-major américain. «C'est une mission dont j'ai été informé et que j'ai autorisée», a toutefois précisé George W. Bush en visite au Mexique, minimisant la portée de l'opération «de routine» en la qualifiant de «défensive». Selon le Pentagone, les Irakiens se montraient de plus en plus agressifs et précis dans leurs attaques contre les avions anglo-américains. Si Saddam Hussein voulait provoquer le nouveau président, ou même le tester, il sait désormais à quoi s'en tenir. «Nous continuerons à faire respecter les zones d'exclusion aérienne», a prévenu Bush, «Saddam Hussein doit comprendre que nous attendons de lui qu'il se conforme à l'accord qu'il a signé après tempête du désert».
L'opération a créé la surprise. La chaîne d'information CNN était sur le point de ressortir son attirail de la guerre du Golfe, et les images tremblantes d'amateurs tentant de filmer les explosions ont fait leur grand retour sur les écrans. Il est vrai que depuis la prise de fonction de «W», trois autres raids ont eu lieu. Mais jamais si près de Bagdad. Il faut remonter à l'opération «Renard du désert» de 1998 pour trouver une attaque plus violente. Diplomatiquement, de nombreux experts relèvent que cette démonstration de force intervient avant même que l'équipe Bush se soit donné la peine de formuler clairement une stratégie globale sur la question irakienne.
Manifestations à Bagdad
Les premières critiques sont venues de la Chine et de la Russie, qui a accusé les Etats-Unis d'ignorer «tous les principes et les normes internationales humanitaires». Pour ces deux pays, c'est la stabilité de toute la région qui est menacée, alors que le conflit israélien ravive les solidarités du monde arabe. La France, qui n'a été ni consultée, ni avertie, a déploré ces bombardements. Depuis décembre 1998, les Français ne participent d'ailleurs plus aux surveillances aériennes au-dessus de l'Irak. A Bagdad, la presse s'est déchaînée contre les Etats-Unis, et Israël au passage. Quelques centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Bagdad, et la direction irakienne a averti : «Nous les combattrons dans les cieux, sur terre et sur mer, et leur attaque ne débouchera que sur un échec».
Dans les couloirs de l'ONU, l'annonce des bombardements a semé surprise et consternation. Pour la première fois depuis longtemps, les Nations Unies se préparaient à renouer le dialogue avec l'Irak, dont le ministre des Affaires étrangères devait se rendre à New York les 26 et 27 février prochain. Lors de son passage, mercredi dernier, Colin Powell avait affirmé vouloir développer une relation forte avec l'ONU. Sur la question irakienne, devant le conseil de sécurité réuni à huis clos, le secrétaire d'Etat américain avait même employé un langage d'une «grande modération». Ses discours publics étaient certes musclés. Mais ils étaient, selon lui, destinés à l'opinion publique américaine.
Concernant une révision du sévère régime de sanctions qui pèse sur l'Irak, les officiels américains se déclaraient ouverts. George W Bush lui-même avait comparé les sanctions à du «fromage suisse», version locale du gruyère, alors que de plus en plus de pays estiment que le peuple irakien est le premier touché par ces mesures qui n'ont jamais obtenu leur véritable objectif : faire tomber Saddam Hussein. De l'avis de plusieurs officiels onusiens, il sera désormais très difficile de relancer le dialogue. Pour eux, l'équipe Bush vient de laisser passer une opportunité. Ils faisaient l'analyse suivante: la nouvelle équipe, déjà aux manettes lors de la guerre du golfe, ne pouvait pas être accusée de faiblesse. Il était donc plus facile, pour ces vétérans, de lâcher du lest sur les sanctions. Ce scénario s'écroule et selon un diplomate, les «Irakiens disposent désormais d'une excuse en or, pour refuser le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU».
George W. Bush a clôturé sa «semaine de la sécurité nationale» aux dépens de l'Irak. Après avoir promis des augmentations de salaire à ses soldats, visité des installations de l'OTAN, il a fait ses premiers pas en tant que chef des armées, existant pour la première fois sur la scène internationale. Vendredi, à la nuit tombée, une trentaine d'avions britanniques et américains ont bombardé des bases de défense aérienne et des stations radars irakienne, faisant deux morts et une vingtaine de blessés parmi les civils, selon les rares informations disponibles. Pour la première fois depuis deux ans, les cibles touchées se trouvaient au nord de la zone d'exclusion aérienne mise en place en 1992 par les alliés pour protéger les minorités kurde et chiite persécutées par Bagdad.
L'opération a été montée par l'Etat-major américain. «C'est une mission dont j'ai été informé et que j'ai autorisée», a toutefois précisé George W. Bush en visite au Mexique, minimisant la portée de l'opération «de routine» en la qualifiant de «défensive». Selon le Pentagone, les Irakiens se montraient de plus en plus agressifs et précis dans leurs attaques contre les avions anglo-américains. Si Saddam Hussein voulait provoquer le nouveau président, ou même le tester, il sait désormais à quoi s'en tenir. «Nous continuerons à faire respecter les zones d'exclusion aérienne», a prévenu Bush, «Saddam Hussein doit comprendre que nous attendons de lui qu'il se conforme à l'accord qu'il a signé après tempête du désert».
L'opération a créé la surprise. La chaîne d'information CNN était sur le point de ressortir son attirail de la guerre du Golfe, et les images tremblantes d'amateurs tentant de filmer les explosions ont fait leur grand retour sur les écrans. Il est vrai que depuis la prise de fonction de «W», trois autres raids ont eu lieu. Mais jamais si près de Bagdad. Il faut remonter à l'opération «Renard du désert» de 1998 pour trouver une attaque plus violente. Diplomatiquement, de nombreux experts relèvent que cette démonstration de force intervient avant même que l'équipe Bush se soit donné la peine de formuler clairement une stratégie globale sur la question irakienne.
Manifestations à Bagdad
Les premières critiques sont venues de la Chine et de la Russie, qui a accusé les Etats-Unis d'ignorer «tous les principes et les normes internationales humanitaires». Pour ces deux pays, c'est la stabilité de toute la région qui est menacée, alors que le conflit israélien ravive les solidarités du monde arabe. La France, qui n'a été ni consultée, ni avertie, a déploré ces bombardements. Depuis décembre 1998, les Français ne participent d'ailleurs plus aux surveillances aériennes au-dessus de l'Irak. A Bagdad, la presse s'est déchaînée contre les Etats-Unis, et Israël au passage. Quelques centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Bagdad, et la direction irakienne a averti : «Nous les combattrons dans les cieux, sur terre et sur mer, et leur attaque ne débouchera que sur un échec».
Dans les couloirs de l'ONU, l'annonce des bombardements a semé surprise et consternation. Pour la première fois depuis longtemps, les Nations Unies se préparaient à renouer le dialogue avec l'Irak, dont le ministre des Affaires étrangères devait se rendre à New York les 26 et 27 février prochain. Lors de son passage, mercredi dernier, Colin Powell avait affirmé vouloir développer une relation forte avec l'ONU. Sur la question irakienne, devant le conseil de sécurité réuni à huis clos, le secrétaire d'Etat américain avait même employé un langage d'une «grande modération». Ses discours publics étaient certes musclés. Mais ils étaient, selon lui, destinés à l'opinion publique américaine.
Concernant une révision du sévère régime de sanctions qui pèse sur l'Irak, les officiels américains se déclaraient ouverts. George W Bush lui-même avait comparé les sanctions à du «fromage suisse», version locale du gruyère, alors que de plus en plus de pays estiment que le peuple irakien est le premier touché par ces mesures qui n'ont jamais obtenu leur véritable objectif : faire tomber Saddam Hussein. De l'avis de plusieurs officiels onusiens, il sera désormais très difficile de relancer le dialogue. Pour eux, l'équipe Bush vient de laisser passer une opportunité. Ils faisaient l'analyse suivante: la nouvelle équipe, déjà aux manettes lors de la guerre du golfe, ne pouvait pas être accusée de faiblesse. Il était donc plus facile, pour ces vétérans, de lâcher du lest sur les sanctions. Ce scénario s'écroule et selon un diplomate, les «Irakiens disposent désormais d'une excuse en or, pour refuser le retour des inspecteurs en désarmement de l'ONU».
par Philippe Bolopion
Article publié le 17/02/2001