Mexique
La longue marche du sous-commandant
L'arrivée de Marcos et des 23 commandants de l'armée zapatiste de Liberation Nationale (EZLN) sur le Z=calo, la place principale de Mexico, est un événement sans précédent. C'est la première fois, depuis au moins un siècle et demi, qu'un mouvement indigène parvient à manifester son mécontentement au c£ur même du pays.
De notre correspondant au Mexique
Pendant sept ans, les zapatistes ont essayé de montrer que le conflit du Chiapas n'était pas un problème de développement régional mais un problème national : que la situation des indiens de cette région était similaire à celle de tous les indiens du Mexique et qu'il fallait modifier les lois mexicaines pour mettre fin au développement inégal des communautés indigènes. Le PRI, c'est-à-dire l'ancien régime, très autoritaire, qui est resté au pouvoir pendant 71 ans sans interruption, n'a jamais accepté que le problème zapatiste sorte du Chiapas. Il a donc militarisé à outrance la région et laissé pourrir la situation pour ne pas avoir à changer quoique ce soit.
Avec l'élection de Vicente Fox, les choses ont changé. Le nouveau président du Mexique, démocratiquement élu, n'avait aucune raison d'empêcher les Zapatistes de venir voir les parlementaires pour tenter de résoudre leurs problèmes. Il a donc autorisé la marche. Il a permis son bon déroulement et il faut reconnaître que les rebelles zapatistes ont eu toutes facilités pour faire leur propagande au cours de cette marche de 3 000 km, dans les douze Etats les plus déshérités du Mexique.
Pour de nombreux Mexicains, cette attitude de Vicente Fox n'est pas étonnante. La paix au Chiapas est en effet indispensable pour attirer des investissements et relancer l'économie et les communautés indigènes ne sont pas au centre de ses préoccupations. Il veut signer la paix pour pouvoir passer à autre chose. Vicente Fox a pris le problème à bras-le-corps. Il a vu qu'il pouvait tirer parti de ce mouvement de revendications indigènes et plutôt que de se heurter à Marcos, comme ses prédécesseurs, il a pris le parti de soutenir la marche zapatiste et d'en faire une marche pour la paix.
Les partis traditionnels sont plutôt hostiles
En récupérant l'image positive de Marcos, Fox est aussitôt monté dans les sondages. Une récupération, on s'en doute, qui irrite profondément les Zapatistes et Marcos en premier lieu, mais qui est très payante puisque Fox apparaît comme un président pacifique, démocrate, au-dessus des partis.
Marcos, dans ces derniers meetings, autour de Mexico, a donc violemment attaqué Fox et sa politique de main tendue. Il y voit une récupération insupportable et clame très fort qu'il ne veut pas d'une «paix de mensonges», signée en catimini. Il veut que les Indiens soient partie prenante des projets de la nation et que leurs droits soient inscrits dans la Constitution.
Par sa démarche, qui se situe en dehors de toute échelle politique, Marcos oblige les Mexicains à se prononcer sur le sort des communautés indiennes qui représentent 10 % de la population et qui vivent dans des conditions déplorables. Cette position empoisonne l'ensemble de la vie politique. Les partis traditionnels, très méfiants, ont été les grands absents de cette marche et l'attitude de leurs représentants au Congrès n'est pas définie et plutôt hostile aux zapatistes. D'autre part, une prise en compte des droits et de la culture indigène questionne sérieusement le projet de développement néo-libéral que propose à demi-mot Vicente Fox.
En venant jusqu'à Mexico, Marcos, cesse d'être un révolutionnaire romantique perdu dans ses «Montagnes Bleues». Il prend une carrure nationale et risque de devenir passablement encombrant pour les partis politiques qu'il rejette en bloc. Mais il a déjà fait savoir qu'après la marche, il entendait bien rester à Mexico le temps qu'il faudrait pour faire passer le projet de loi sur les droits indigènes. Alors il signera la paix.
Soucieux lui aussi de son image, Marcos a invité à sa marche les observateurs internationaux, les mouvements anti-mondialisation, les défenseurs internationaux de droits de l'homme, les ONG. Profitant de l'effet de résonance internationale, Marcos utilise habilement cette cour pour rappeler à Fox et aux parlementaires que le monde a les yeux braqués sur le Mexique et qu'il est urgent de reconnaître aux indiens leurs droits fondamentaux.
Pendant sept ans, les zapatistes ont essayé de montrer que le conflit du Chiapas n'était pas un problème de développement régional mais un problème national : que la situation des indiens de cette région était similaire à celle de tous les indiens du Mexique et qu'il fallait modifier les lois mexicaines pour mettre fin au développement inégal des communautés indigènes. Le PRI, c'est-à-dire l'ancien régime, très autoritaire, qui est resté au pouvoir pendant 71 ans sans interruption, n'a jamais accepté que le problème zapatiste sorte du Chiapas. Il a donc militarisé à outrance la région et laissé pourrir la situation pour ne pas avoir à changer quoique ce soit.
Avec l'élection de Vicente Fox, les choses ont changé. Le nouveau président du Mexique, démocratiquement élu, n'avait aucune raison d'empêcher les Zapatistes de venir voir les parlementaires pour tenter de résoudre leurs problèmes. Il a donc autorisé la marche. Il a permis son bon déroulement et il faut reconnaître que les rebelles zapatistes ont eu toutes facilités pour faire leur propagande au cours de cette marche de 3 000 km, dans les douze Etats les plus déshérités du Mexique.
Pour de nombreux Mexicains, cette attitude de Vicente Fox n'est pas étonnante. La paix au Chiapas est en effet indispensable pour attirer des investissements et relancer l'économie et les communautés indigènes ne sont pas au centre de ses préoccupations. Il veut signer la paix pour pouvoir passer à autre chose. Vicente Fox a pris le problème à bras-le-corps. Il a vu qu'il pouvait tirer parti de ce mouvement de revendications indigènes et plutôt que de se heurter à Marcos, comme ses prédécesseurs, il a pris le parti de soutenir la marche zapatiste et d'en faire une marche pour la paix.
Les partis traditionnels sont plutôt hostiles
En récupérant l'image positive de Marcos, Fox est aussitôt monté dans les sondages. Une récupération, on s'en doute, qui irrite profondément les Zapatistes et Marcos en premier lieu, mais qui est très payante puisque Fox apparaît comme un président pacifique, démocrate, au-dessus des partis.
Marcos, dans ces derniers meetings, autour de Mexico, a donc violemment attaqué Fox et sa politique de main tendue. Il y voit une récupération insupportable et clame très fort qu'il ne veut pas d'une «paix de mensonges», signée en catimini. Il veut que les Indiens soient partie prenante des projets de la nation et que leurs droits soient inscrits dans la Constitution.
Par sa démarche, qui se situe en dehors de toute échelle politique, Marcos oblige les Mexicains à se prononcer sur le sort des communautés indiennes qui représentent 10 % de la population et qui vivent dans des conditions déplorables. Cette position empoisonne l'ensemble de la vie politique. Les partis traditionnels, très méfiants, ont été les grands absents de cette marche et l'attitude de leurs représentants au Congrès n'est pas définie et plutôt hostile aux zapatistes. D'autre part, une prise en compte des droits et de la culture indigène questionne sérieusement le projet de développement néo-libéral que propose à demi-mot Vicente Fox.
En venant jusqu'à Mexico, Marcos, cesse d'être un révolutionnaire romantique perdu dans ses «Montagnes Bleues». Il prend une carrure nationale et risque de devenir passablement encombrant pour les partis politiques qu'il rejette en bloc. Mais il a déjà fait savoir qu'après la marche, il entendait bien rester à Mexico le temps qu'il faudrait pour faire passer le projet de loi sur les droits indigènes. Alors il signera la paix.
Soucieux lui aussi de son image, Marcos a invité à sa marche les observateurs internationaux, les mouvements anti-mondialisation, les défenseurs internationaux de droits de l'homme, les ONG. Profitant de l'effet de résonance internationale, Marcos utilise habilement cette cour pour rappeler à Fox et aux parlementaires que le monde a les yeux braqués sur le Mexique et qu'il est urgent de reconnaître aux indiens leurs droits fondamentaux.
Article publié le 11/03/2001