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Justice

L'ADN, auxiliaire de justice

Les tests ADN, une pratique mise au point par les Britanniques, se révèlent être un précieux outil, pour la justice et la police, dans des affaires non encore élucidées. Ils peuvent notamment disculper ou confondre des individus. Dernier exemple en date: l'arrestation du tueur présumé de Caroline Dickinson confondu grâce à l'analyse de son ADN.
Depuis la fin des années 1980, l'utilisation de l'ADN a permis d'élucider des milliers de crimes à travers le monde et ouvre la voie à des applications des plus variées comme les tests de filiation. Les expertises d'ADN peuvent établir avec certitude s'il existe une concordance entre un spécimen retrouvé sur la scène d'un crime et un suspect ou entre une victime et un suspect dans un dossier d'agression sexuelle.

Chaque individu possède dans ses cellules des molécules d'ADN (acide désoxyribonucléique) qui lui sont propres. A partir d'un cheveu ou d'un peu de salive, les scientifiques peuvent décomposer les indices biologiques de tout un chacun sur la base de sept marqueurs. Cette méthode appelée plus communément test ADN a pris récemment une envergure exceptionnelle notamment dans l'affaire Dickinson, cette jeune anglaise assassinée dans l'ouest de la France en 1996 ou encore dans l'affaire des crimes en série perpétrés par Guy Georges dont le procès s'est déroulé il y a quelques semaines dans la capitale française. Dans cette affaire, des tests d'ADN ont pu confondre avec certitude le tueur de l'est parisien pour trois meurtres de jeunes femmes entre 1994 et 1997. Dans l'affaire Omar Raddad, condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal, dans le sud de la France, le test ADN a marqué récemment un tournant en confortant les protestations d'innocence du jardinier marocain.

La France réticente au fichier

Poussé par ces affaires, la France a voté en juin 1998 un fichier national automatisé des empreintes génétiques stockant les ADN des condamnés pour infractions sexuelles. Cependant, le décret d'application de ce fichier publié en mai 2000 au Journal officiel n'a toujours pas donné le jour à une banque de données. Le ministère de la Justice vient seulement de désigner un magistrat ainsi qu'un généticien et un informaticien à la tête d'un comité de pilotage et de contrôle de ce fichier et du côté de la police nationale française, rien n'est encore mis en place. Quant aux tribunaux qui stockent les résultats des tests ADN, ils demeurent prudents au grand désespoir des officiers de polices judiciaires, des associations ou des juges d'instruction qui réclament la mise en route urgente de ce fichier d'empreintes génétiques.

Cette méthode se heurte pourtant à toute une série de réticences, qu'elles soient culturelles, éthiques, morales, scientifiques ou économiques. Le fichier génétique en France doit-il être l'équivalent du fichier d'empreintes digitales? La garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, a souhaité l'ouverture rapide d'un vaste débat sur la question.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 16/04/2001