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Congo-Brazzaville

Kolelas: retour incertain

Un prochain retour au Congo de Bernard Kolelas apparaît de plus en plus incertain en dépit de l'annonce faite par l'ancien premier ministre. Le médiateur Omar Bongo déclare sur RFI «ne pas être en mesure de garantir sa sécurité».
L'annonce du retour à Brazzaville était fracassante et inattendue. Son interview sur les ondes de RFI n'a pas tardé à provoquer des réactions et notamment celle du médiateur de la crise congolaise, Omar Bongo. Interrogé par RFI, le président gabonais a tenu à préciser la teneur des entretiens qu'il a eu récemment avec Bernard Kolelas. «Quand il est venu au Gabon, je lui ai dit que je n'étais pas en mesure d'assurer sa sécurité à Libreville et encore moins à Brazzaville et que franchement il devrait retourner à Bamako». Omar Bongo dément ainsi les propos de Bernard Kolelas qui laissait entendre avoir reçu des garanties de la part du médiateur gabonais concernant sa sécurité en cas de retour à Brazzaville.

Omar Bongo ne se contente pas de démentir. Il rappelle également que Bernard Kolelas fait l'objet d'une condamnation par contumace. Et le médiateur international d'ajouter: «Si j'étais procureur général à Brazzaville, je me dirais voilà un citoyen congolais qui est condamné et qui vient se constituer prisonnier». Pour sa part, le procureur près la Cour suprême de Brazzaville confirme sur RFI qu'en l'absence d'une nouvelle loi d'amnistie «M. Kolelas ne peut pas échapper aux poursuites le concernant». Gabriel Entcha-Ebia précise qu'il exécutera «les décisions de justice».

Dialogue «sans exclusive»?

Le message adressé à Bernard Kolelas est donc parfaitement clair. L'ancien Premier ministre sait qu'en cas de retour au pays, c'est la justice qui se chargera de l'accueillir. C'était peut-être bel et bien l'objectif qu'il visait en annonçant son retour à grand renfort de publicité. En effet lors de la cérémonie d'ouverture du «dialogue national sans exclusive», le 17 mars dernier, le président gabonais avait déclaré vouloir «prendre à témoin la communauté internationale qu'il n'existe aucun prétexte pour ne pas prendre part au dialogue national». Aujourd'hui, aucun des deux poids-lourds de l'opposition à Denis Sassou Nguesso n'a pris part au «dialogue» qui doit déboucher sur la rédaction d'une nouvelle constitution et aboutir à l'élection présidentielle. Ni Bernard Kolelas, ni l'ancien président Pascal Lissouba (tous deux condamnés par contumace pour «génocide») ne sont manifestement les bienvenus dans ce «dialogue sans exclusive». C'est peut-être ce qu'entendait montrer Bernard Kolelas.



par Philippe  Couve

Article publié le 08/04/2001