Turquie
«Grève à mort» dans les prisons
Dix-sept personnes sont mortes des suites de la grève de la fin « à mort » entamée dans les prisons turques par des détenus qui protestent contre une réforme du système carcéral. Des dizaines d'autres sont sur le point de succomber.
C'est une action de protestation implacable qu'ont engagée quelque 800 détenus dans 29 prisons en Turquie, imités par quelques dizaines de leurs proches à l'extérieur des centres de détention. Depuis septembre dernier, à l'appel d'une organisation d'extrême-gauche, ils ont cessé de s'alimenter pour dénoncer la réforme du système pénitentiaire annoncée par le gouvernement. Les grévistes de la faim se sont contentés de prendre des vitamines et de l'eau sucrée pour seule alimentation.
Dans cette épreuve de force, le décompte macabre s'accélère. Depuis le 21 mars, quatorze détenus et trois de leurs proches ont succombé des suite de cette «grève de la faim à mort». L'annonce par le gouvernement de quelques gestes d'ouverture la semaine dernière n'a convaincu que huit personnes de mettre un terme au mouvement.
Pire que Midnight express
Ce que les grévistes de la faim dénoncent, c'est la mise en service de nouvelles prisons dites de type «F». Il s'agit de centres de détention dans lesquels les détenus seront regroupés dans des cellules de une à trois personnes «conformément aux normes européennes», répète sans relâche le ministre turc de la justice. Pour les grévistes de la faim, loin d'améliorer leurs conditions de détention, ces petites cellules auront pour effet de livrer les prisonniers à l'arbitraire des gardiens et de rendre les détenus plus vulnérables à la torture et aux mauvais traitements.
Dans ce bras de fer, chaque camp accuse l'autre de masquer ses intentions véritables. Aux yeux des autorités turques, les organisateurs du mouvement désirent surtout pouvoir continuer à régner sur les dortoirs de 60 prisonniers qui existent actuellement et dans lesquels aucun gardien n'ose s'aventurer. Des zones de non droit dans lesquelles prospèrent de véritables systèmes mafieux.
Les défenseurs des détenus ont jusqu'ici rejeté les propositions du gouvernement qui consistaient à amender la loi anti-terroriste et à instaurer la «transparence dans les prisons». «Le gouvernement a réussi l'exploit de faire pire que ce que l'on voit dans le film Midnight Express», a dénoncé Ukuk Uras, le président du Parti de la liberté et de la solidarité en rappelant que l'actuel premier ministre Bulent Ecevit était en charge des prisons au moment du tournage du célèbre film d'Alan Parker.
Difficile de sortir de l'impasse actuelle, d'autant que les grévistes de la faim n'oublient pas l'intervention brutale de la gendarmerie en décembre dernier dans une vingtaine de prisons. Les affrontements avec les prisonniers avaient fait plus de 30 morts.
La détermination des détenus face à l'intransigeance du gouvernement risque de conduire à un nombre plus élevé de victimes. Désormais, les médecins qui suivent les grévistes de la faim estiment que plusieurs dizaines de prisonniers sont véritablement à l'article de la mort.
Dans cette épreuve de force, le décompte macabre s'accélère. Depuis le 21 mars, quatorze détenus et trois de leurs proches ont succombé des suite de cette «grève de la faim à mort». L'annonce par le gouvernement de quelques gestes d'ouverture la semaine dernière n'a convaincu que huit personnes de mettre un terme au mouvement.
Pire que Midnight express
Ce que les grévistes de la faim dénoncent, c'est la mise en service de nouvelles prisons dites de type «F». Il s'agit de centres de détention dans lesquels les détenus seront regroupés dans des cellules de une à trois personnes «conformément aux normes européennes», répète sans relâche le ministre turc de la justice. Pour les grévistes de la faim, loin d'améliorer leurs conditions de détention, ces petites cellules auront pour effet de livrer les prisonniers à l'arbitraire des gardiens et de rendre les détenus plus vulnérables à la torture et aux mauvais traitements.
Dans ce bras de fer, chaque camp accuse l'autre de masquer ses intentions véritables. Aux yeux des autorités turques, les organisateurs du mouvement désirent surtout pouvoir continuer à régner sur les dortoirs de 60 prisonniers qui existent actuellement et dans lesquels aucun gardien n'ose s'aventurer. Des zones de non droit dans lesquelles prospèrent de véritables systèmes mafieux.
Les défenseurs des détenus ont jusqu'ici rejeté les propositions du gouvernement qui consistaient à amender la loi anti-terroriste et à instaurer la «transparence dans les prisons». «Le gouvernement a réussi l'exploit de faire pire que ce que l'on voit dans le film Midnight Express», a dénoncé Ukuk Uras, le président du Parti de la liberté et de la solidarité en rappelant que l'actuel premier ministre Bulent Ecevit était en charge des prisons au moment du tournage du célèbre film d'Alan Parker.
Difficile de sortir de l'impasse actuelle, d'autant que les grévistes de la faim n'oublient pas l'intervention brutale de la gendarmerie en décembre dernier dans une vingtaine de prisons. Les affrontements avec les prisonniers avaient fait plus de 30 morts.
La détermination des détenus face à l'intransigeance du gouvernement risque de conduire à un nombre plus élevé de victimes. Désormais, les médecins qui suivent les grévistes de la faim estiment que plusieurs dizaines de prisonniers sont véritablement à l'article de la mort.
par Philippe Couve
Article publié le 24/04/2001