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Tchad

Hissène Habré indésirable au Sénégal

Abdoulaye Wade annonce qu'il a donné «un délai» Hissène Habré pour quitter le Sénégal où l'ancien président tchadien a trouvé refuge depuis son renversement du pouvoir en 1990. La justice sénégalaise s'était déclarée incompétente pour juger les crimes de l'ancien président tchadien.
Il y avait de l'agacement dans la voix d'Abdoulaye Wade samedi lorsqu'il a annoncé qu'il avait «donné (à Hissène Habré) un délai pour quitter le Sénégal». Pour autant, il n'est pas question d'expulser l'ancien président tchadien réfugié à Dakar depuis qu'il a été chassé du pouvoir en 1990. «Il n'est pas question d'extradition car personne ne me l'a demandé», a lancé le président sénégalais.

Intervenant sur les ondes de la radio dakaroise Sud FM, Abdoulaye Wade s'en est pris à mots couverts aux organisations «qui se disent» de défense des droits de l'homme qui «nous demandent l'impossible». Le chef de l'Etat s'exprimait alors que la Cour de cassation du Sénégal, la plus haute juridiction, avait estimé le 20 mars dernier que la justice sénégalaise n'était pas compétente pour juger Hissène Habré, l'ancien président tchadien poursuivi pour «complicité d'actes de tortures» par des citoyens tchadiens et des associations de défense des droits de l'homme.

Menacé par les plaignants d'une plainte devant la commission des droits de l'homme de l'ONU pour non respect de la Convention contre la torture dont le Sénégal est signataire, Adboulaye Wade s'est exclamé: «Si on estime que le Sénégal peut juger Hissène Habré alors la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne peuvent aussi le juger. Ils n'ont qu'à porter l'affaire là-bas. Si ces pays là sont des pays démocratiques, plus soucieux que nous du respect des droits de l'homme, ils n'ont qu'à le juger parce que, eux, ils ont la possibilité de le faire: ils ont des avions pour acheminer les témoins, les nourrir, etc. Nous, nous ne le pouvons pas

Une plainte déposée en Belgique

Le fait que Hissène Habré devienne personna non grata au Sénégal a été salué comme une première victoire par Me Bokounba Diallo. L'avocat qui préside le collectif des avocats des victimes tchadiennes a fait part de sa «satisfaction» sur RFI. Pour lui «quel que soit le pays dans lequel il se rendra, ce pays aura l'obligation de faire traduire en justice Hissène Habré si ce pays a ratifié la Convention des Nations unies contre la torture».

Aux yeux de Sidiki Kaba, le président de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, «c'est un message fort adressé à tous les chefs d'Etat abonnés aux crimes te aux meurtres, ils ne sont pas intouchables».

La réaction à N'Djamena du président de l'association des victimes des répressions politiques au Tchad est plus beaucoup plus réservée. Joint par RFI, Ismaël Hachim estime que «le Sénégal est en train de se dérober totalement à sa responsabilité en ne respectant pas les engagements qu'il a pris en signant la Convention contre la torture».

Pour l'heure, après le rejet des actions en justice intentées au Sénégal, une seule procédure judiciaire vise Hissène Habré. Il s'agit de la plainte déposée en Belgique par un Belge d'origine tchadienne pur «crimes contre l'humanité, tortures et actes de barbarie, arrrestations arbitraires, meurtres, atteintes à la liberté individuelle, enlèvements, disparitions forcées et séquestrations».

Lien utile:
La Convention de l'ONU contre la torture (le texte et les pays signataires)



par Philippe  Couve

Article publié le 08/04/2001