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Droits de l''Homme

Amnesty International a 40 ans

Amnesty International fête ce lundi 28 mai son quarantième anniversaire. En quatre décennies, l'organisation de défense des droits de l'homme a essaimé sur tous les continents.
Amnesty International aurait pu choisir comme date anniversaire de sa création le jour où les statuts de l'association ont été déposés. Ou encore celui de la première réunion de ses membres. Mais l'acte fondateur d'Amnesty n'est pas un geste administratif : c'est le cri du c£ur de Peter Benenson, un avocat britannique, publié le 28 mai 1961 dans l'hebdomadaire The Observer, scandalisé par le sort de deux étudiants arrêtés et emprisonnés dans le Portugal de Salazar simplement pour avoir porté un toast à la liberté.

La philosophie de l'organisation transparaissait déjà dans son article, intitulé : «Les prisonniers oubliés». La défense des droits de l'Homme ne connaît pas de frontières. Il y lance un appel à l'amnistie pour les prisonniers politiques d'Angola, de Tchécoslovaquie, de Grèce, de Hongrie, de Roumanie et des Etats-Unis. En pleine guerre froide, le parti pris est de n'en prendre aucun : il n'y a pas de bon prisonnier politique, tous doivent être défendus, à l'Ouest, à l'Est, au Nord et au Sud. Une artiste britannique imagine le logo de l'organisation, qui ne peut s'appeler qu'Amnesty (Amnistie) : une bougie, symbolisant la liberté, entourée de barbelés. Les règles sont aussi simples que rigoureuses : les groupes d'adhérents doivent «adopter» trois prisonniers de conscience, l'un du Tiers Monde, l'autre d'un pays de l'Est et le troisième d'un pays occidental.

L'impulsion donnée par Sean MacBride

Rapidement, avec la création de sections d'Amnesty International dans plusieurs pays s'ajoute une autre règle : la section d'Amnesty dans un pays donné ne s'occupe jamais des prisonniers politiques de ce pays. Une condition nécessaire pour éviter les éventuels conflits de conscience que cette situation pourrait provoquer chez les militants, mais surtout, destinée à protéger ces derniers des éventuelles pressions des autorités locales. La venue, un an plus tard d'une figure historique, le militant irlandais Sean MacBride, donne une dimension mondiale à l'organisation naissante.

Le credo d'Amnesty est que l'anonymat est le meilleur auxiliaire des bourreaux. L'adoption par Amnesty International de prisonniers d'opinions, célèbres ou anonymes, va souvent contribuer à sauver leur vie, et parfois à aboutir à leur libération. L'arme principale de ces militants est le stylo : ils écrivent aux prisonniers dont leur groupe à pris la responsabilité, à leurs geôliers et aux gouvernements qui les retiennent en prison. Mais à côté des cas individuels dont s'occupent les centaines de milliers de militants d'Amnesty dans 140 pays, l'organisation dresse annuellement un rapport sur la situation des droits de l'Homme dans le monde dans lequel aucun pays n'est épargné. En outre, Amnesty lance périodiquement des campagnes thématiques, comme celles que mène l'organisation depuis de nombreuses années contre la torture et la peine de mort. Ou encore des campagne pour cible un pays, comme celle qui vise depuis un an l'Arabie Saoudite.

Dernièrement, devant le développement des guerres civiles et du terrorisme, Amnesty International a cessé de ne s'intéresser qu'aux violations des droits de l'homme commises par les Etats pour dénoncer les violations commises par ces groupes non-étatiques.

Amnesty International, longtemps présidée par Sean MacBride, a eu pour président le Sénégalais Pierre Sané qui vient de démissionner et sera remplacé en août par Irene Khan (Bangladesh), a reçu en 1977 le prix Nobel de la Paix.



par Olivier  Da Lage

Article publié le 27/05/2001