Guerre d''Algérie
Le «suicide» de Ben M'Hidi et de l'avocat Boumendjel
Dans un ouvrage à paraître le 3 mai intitulé «Services-spéciaux Algérie 1955-1957» et dont le quotidien Le Monde publie les bonnes feuilles, le général Paul Aussaresses révèle qu'il a assassiné en 1957 l'avocat Boumendjel et le responsable du FLN à Alger, Larbi Ben M'Hidi.
Le journal Le Monde daté du jeudi 3 mai, publie un certain nombre d'extraits de «Services spéciaux, Algérie 1955-1957», un ouvrage du général Paul Aussaresses. Ce livre raconte le rôle que le général, à l'époque coordinateur des services de renseignements à Alger en 1957, a joué pendant la guerre d'Algérie. Il raconte ainsi les tortures, les massacres de civils ou encore les exécutions maquillées en suicides, dont il fut l'instigateur secret. Il revendique, sans remords apparents, les actions de torture pratiquées par son équipe.
Le général, personnage central de la bataille d'Alger en 1957, qui dit ne pas redouter un éventuel procès, assure que le pouvoir couvrait ses crimes, et met nommément en cause François Mitterrand, alors ministre de la Justice. Il précise qu'il conduisait des opérations avec un groupe réduit de militaires en qui il avait toute confiance et avec l'approbation, au moins tacite, du pouvoir politique de l'époque : «François Mitterrand avait de fait un émissaire auprès du général Massu en la personne du juge Jean Bérard qui nous couvrait et qui avait une exacte connaissance de ce qui se passait».
Dans ses mémoires, le général Aussaresses reconnaît avoir procédé à l'exécution de Larbi Ben M'Hidi, dirigeant du FLN à Alger, alors que la version officielle de sa mort a toujours parlé de suicide : «Nous avons empoigné Ben M'Hidi et nous l'avons pendu, d'une manière qui puisse laisser penser à un suicide. Quand j'ai été certain de sa mort, je l'ai tout de suite fait décrocher et transporter à l'hôpital». Il a ensuite précisé que le juge Bérard a été "le premier" à avoir lu le rapport qui "décrivait dans les moindres détails le suicide qui se produirait la nuit suivant". "Bérard était impressionné: 'mais c'est très bon ça! Mais vous savez que ça tient l'eau'", écrit le général Aussaresses.
Il sa targue également d'avoir réservé le même sort à l'avocat Ali Boumendjel, qui, selon la version officielle de l'époque, s'était "suicidé" en se jettant d'un immeuble. «Ali ne s'est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné» affirme la femme de l'avocat, toujours dans Le Monde : «Surtout, qu'on ne nous parle plus de suicide, c'est primordial pour nous. Nous ne disons pas cela par esprit de vengeance, nous estimons seulement avoir droit à la vérité». La vérité, Malika Boumendjel la connaît désormais. Son mari a bien été assassiné.
Le général, personnage central de la bataille d'Alger en 1957, qui dit ne pas redouter un éventuel procès, assure que le pouvoir couvrait ses crimes, et met nommément en cause François Mitterrand, alors ministre de la Justice. Il précise qu'il conduisait des opérations avec un groupe réduit de militaires en qui il avait toute confiance et avec l'approbation, au moins tacite, du pouvoir politique de l'époque : «François Mitterrand avait de fait un émissaire auprès du général Massu en la personne du juge Jean Bérard qui nous couvrait et qui avait une exacte connaissance de ce qui se passait».
Dans ses mémoires, le général Aussaresses reconnaît avoir procédé à l'exécution de Larbi Ben M'Hidi, dirigeant du FLN à Alger, alors que la version officielle de sa mort a toujours parlé de suicide : «Nous avons empoigné Ben M'Hidi et nous l'avons pendu, d'une manière qui puisse laisser penser à un suicide. Quand j'ai été certain de sa mort, je l'ai tout de suite fait décrocher et transporter à l'hôpital». Il a ensuite précisé que le juge Bérard a été "le premier" à avoir lu le rapport qui "décrivait dans les moindres détails le suicide qui se produirait la nuit suivant". "Bérard était impressionné: 'mais c'est très bon ça! Mais vous savez que ça tient l'eau'", écrit le général Aussaresses.
Il sa targue également d'avoir réservé le même sort à l'avocat Ali Boumendjel, qui, selon la version officielle de l'époque, s'était "suicidé" en se jettant d'un immeuble. «Ali ne s'est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné» affirme la femme de l'avocat, toujours dans Le Monde : «Surtout, qu'on ne nous parle plus de suicide, c'est primordial pour nous. Nous ne disons pas cela par esprit de vengeance, nous estimons seulement avoir droit à la vérité». La vérité, Malika Boumendjel la connaît désormais. Son mari a bien été assassiné.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 02/05/2001