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France: présidentielle 2002

L'aveu de Lionel Jospin

Après l'avoir longtemps nié, le Premier ministre Lionel Jospin a reconnu des relations passées avec une organisation trotskiste. En revanche, il affirme que ces «contacts» sont distincts de son entrée au Parti socialiste, en 1971, et de son accession aux responsabilités au sein du PS, à partir de 1973.
Plusieurs journaux ont relancé, ces derniers jours, l'idée selon laquelle Lionel Jospin avait appartenu à un groupe trotskiste dit «lambertiste», du nom de son leader Pierre Lambert, l'Organisation communiste internationaliste (OCI). Parmi les derniers en date, le quotidien «le Monde» affirmait, dans son édition du 6 juin, que l'actuel Premier ministre avait gardé des contacts avec cette organisation jusqu'en 1987. La rumeur du passé révolutionnaire de Lionel Jospin courait depuis de nombreuses années mais celui-ci avait toujours nié, plaidant la confusion avec son frère Olivier, militant trotskiste avoué.

Cette position n'était plus guère tenable avec la publication d'interviews d'anciens militants confirmant leur compagnonnage de l'époque avec Lionel Jospin. Aussi, pour la première fois, le 5 juin devant l'Assemblée nationale, il a reconnu avoir eu des relations, dans les années 60, avec le mouvement trotskiste. Il a ensuite précisé avoir eu des discussions de caractère privé avec des membres de l'OCI après être entré au Parti socialiste en 1971, librement et y agissant librement, comme militant puis comme responsable «pleinement socialiste». Lionel Jospin explique ses dénégations antérieures par son peu de goût pour les aveux et le sentiment que cette information n'intéressait finalement personne.

A l'approche de la présidentielle

Lionel Jospin espère probablement avoir mis un terme à la polémique sur son passé trotskiste qui, ressurgissant régulièrement, risquait de l'affaiblir à l'approche de l'élection présidentielle de 2002, bien qu'il n'y soit pas encore officiellement candidat. Rien n'est moins sûr, toutefois, si l'on en croit les interrogations que cet aveu a suscitées, notamment dans la presse. Pourquoi Lionel Jospin a-t-il aussi longtemps repoussé l'évocation de son passé révolutionnaire alors que tant d'autres, dans les milieux politique, économique, culturel ou des médias ne font pas mystère de leur passage dans des organisations trotskistes, maoïstes et autres «istes» qui ont fait florès dans l'après Mai-68 ? Et cela sans dommage pour leur carrière.

Ce que certains qualifient de «demi-aveu», repose sur le fait que Lionel Jospin ne précise pas l'époque à laquelle il a cessé toute relation avec l'OCI ou quelques-uns de ses membres. Cela prête le flanc aux rumeurs selon lesquelles il aurait adhéré au PS dans les années 70 pour y faire de l' «entrisme», c'est-à-dire pour le compte de l'OCI et dans le but d'y importer les idées de cette organisation. La date de 1987, évoquée par «le Monde» pour marquer la rupture définitive, inclut en effet 1973, année de son entrée au secrétariat national du PS et 1981, celle où il est devenu Premier secrétaire du PS.

Le caractère tardif de cet aveu risque en outre d'entacher la réputation d'un probable candidat à la présidence de la République qui s'est taillé une image de rigueur, de transparence et d'éthique. Déjà, l'opposition de droite se déclare «choquée» par ces révélations tandis que les proches de Lionel Jospin soulignent l'effort de transparence du Premier ministre et invitent le président de la République Jacques Chirac à s'inspirer de cette attitude dans le cadre des «affaires» de la Ville de Paris.



par Francine  Quentin

Article publié le 06/06/2001