Racisme
La Conférence de Durban en péril
Washington a réitéré, lundi 30 juillet, lors de la dernière réunion préparatoire de Genève qui se tient jusqu'au 10 août, sa menace de boycotter la Conférence mondiale contre le racisme, prévue du 31 août au 7 septembre 2001 à Durban. Les Etats-Unis contestent l'assimilation par certains pays du sionisme au racisme et les demandes de réparations pour les victimes de l'esclavage.
«Le fanatisme, la haine, les préjugés, voici les horribles symptômes d'une maladie dont l'humanité a toujours souffert, partout dans le monde. Le racisme peut, doit et sera mis en échec», avait déclaré, au début de l'année, le secrétaire général ghanéen des Nations Unies Kofi Annan. Celui-ci s'attendait-t-il à ce que la conférence soit à ce point mise en péril ?
De sérieuses divergences entachent la perspective d'un accord mondial sur la lutte contre le racisme. La principale pierre d'achoppement résulte de la demande par certains pays africains que la traite des noirs soit reconnue comme un «crime contre l'humanité», que les Etats impliqués présentent des excuses officielles et assument «leurs responsabilités morale, économique, politique et juridique» en leur accordant des compensations financières. Les anciennes puissances coloniales européennes et les Etats-Unis voient cette requête d'un mauvais £il. Désapprouvant par ailleurs l'assimilation du sionisme au racisme par certains pays, lors d'une récente conférence au Caire notamment, les Etats-Unis ont menacé de boycotter la Conférence mondiale contre le racisme, prévue du 31 août au 7 septembre à Durban en Afrique du Sud.
L'absence d'une délégation américaine pourrait porter un coup sévère à la Conférence. Les Etats-Unis ont déjà boycotté deux conférences sur le racisme organisées par les Nations Unies en 1978 et en 1983, et ont fait capoter la réunion préparatoire qui s'est tenue en juin dernier. Lundi 30 juillet, lors de l'ouverture de la dernière réunion préparatoire tenue à Genève à la rencontre de Durban, la Haut commissaire aux droits de l'Homme Mary Robinson a exhorté les délégations à se mettre d'accord sur un projet de déclaration et un programme d'action. Elle a averti que «la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme échouera si certains pays tentent d'y faire reconnaître le sionisme comme forme de racisme», suscitant de vives réactions de la part des délégations arabes. Nommée secrétaire générale de la Conférence mondiale, elle s'est montrée en revanche plus favorable à des discussions sur la question de l'indemnisation des Etats ouest-africains, d'où sont partis les esclaves à destination de l'Amérique jusqu'au XIXe siècle. «Il est essentiel de reconnaître ces torts ... Il faut faire la paix avec le passé si nous voulons avancer», a-t-elle expliqué.
2001, année internationale contre le racisme
Néanmoins, l'idée de la lutte contre le racisme fait son chemin, tout doucement. La première Conférence mondiale contre le racisme et la discrimination raciale date de 1978. Une deuxième Conférence mondiale, qui s'est tenue à Genève en 1983, a reconnu l'importance centrale des législations administratives, nationales et judiciaires pour combattre la discrimination. C'est en 1988 que l'Assemblée générale a proclamé 2001 l'année internationale de la mobilisation contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui lui est associée, afin d'appeler l'attention du monde sur les objectifs de la Conférence et de donner un souffle nouveau à l'engagement politique en faveur de l'élimination du racisme et de la discrimination raciale.
La Conférence de Durban devrait mobiliser de nombreux acteurs. Entre 30 et 35 chefs d'Etat sont attendus cette année. Plus de cent ministres, 12 000 délégués de 194 pays et 3 000 ONG. Nelson Mandela, l'homme de l'abolition de l'apartheid, affaibli par le traitement radio-thérapeutique d'un cancer de la prostate, ne pourra, quant à lui, peut-être pas assister à la Conférence de Durban. Mais un «comité de sages» internationaux est également convié à participer. Huit personnalités de la littérature de la musique et de la défense des droits de l'Homme. Parmi eux, le prix Nobel nigérian de littérature, Wole Soyinka, l'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, le sitariste indien Ravi Shankar et Marian Wright Edelman, défenseur des droits de l'enfant aux Etats-Unisà En tout cas, même devant le fort engagement mondial, l'absence des Etats-Unis risquerait de mettre en échec tout consensus sur la façon de lutter contre le racisme.
Le site du centre des droits de l'Homme des Nations Unies à l'initiative de la conférence
Le site de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée
De sérieuses divergences entachent la perspective d'un accord mondial sur la lutte contre le racisme. La principale pierre d'achoppement résulte de la demande par certains pays africains que la traite des noirs soit reconnue comme un «crime contre l'humanité», que les Etats impliqués présentent des excuses officielles et assument «leurs responsabilités morale, économique, politique et juridique» en leur accordant des compensations financières. Les anciennes puissances coloniales européennes et les Etats-Unis voient cette requête d'un mauvais £il. Désapprouvant par ailleurs l'assimilation du sionisme au racisme par certains pays, lors d'une récente conférence au Caire notamment, les Etats-Unis ont menacé de boycotter la Conférence mondiale contre le racisme, prévue du 31 août au 7 septembre à Durban en Afrique du Sud.
L'absence d'une délégation américaine pourrait porter un coup sévère à la Conférence. Les Etats-Unis ont déjà boycotté deux conférences sur le racisme organisées par les Nations Unies en 1978 et en 1983, et ont fait capoter la réunion préparatoire qui s'est tenue en juin dernier. Lundi 30 juillet, lors de l'ouverture de la dernière réunion préparatoire tenue à Genève à la rencontre de Durban, la Haut commissaire aux droits de l'Homme Mary Robinson a exhorté les délégations à se mettre d'accord sur un projet de déclaration et un programme d'action. Elle a averti que «la Conférence mondiale des Nations Unies contre le racisme échouera si certains pays tentent d'y faire reconnaître le sionisme comme forme de racisme», suscitant de vives réactions de la part des délégations arabes. Nommée secrétaire générale de la Conférence mondiale, elle s'est montrée en revanche plus favorable à des discussions sur la question de l'indemnisation des Etats ouest-africains, d'où sont partis les esclaves à destination de l'Amérique jusqu'au XIXe siècle. «Il est essentiel de reconnaître ces torts ... Il faut faire la paix avec le passé si nous voulons avancer», a-t-elle expliqué.
2001, année internationale contre le racisme
Néanmoins, l'idée de la lutte contre le racisme fait son chemin, tout doucement. La première Conférence mondiale contre le racisme et la discrimination raciale date de 1978. Une deuxième Conférence mondiale, qui s'est tenue à Genève en 1983, a reconnu l'importance centrale des législations administratives, nationales et judiciaires pour combattre la discrimination. C'est en 1988 que l'Assemblée générale a proclamé 2001 l'année internationale de la mobilisation contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui lui est associée, afin d'appeler l'attention du monde sur les objectifs de la Conférence et de donner un souffle nouveau à l'engagement politique en faveur de l'élimination du racisme et de la discrimination raciale.
La Conférence de Durban devrait mobiliser de nombreux acteurs. Entre 30 et 35 chefs d'Etat sont attendus cette année. Plus de cent ministres, 12 000 délégués de 194 pays et 3 000 ONG. Nelson Mandela, l'homme de l'abolition de l'apartheid, affaibli par le traitement radio-thérapeutique d'un cancer de la prostate, ne pourra, quant à lui, peut-être pas assister à la Conférence de Durban. Mais un «comité de sages» internationaux est également convié à participer. Huit personnalités de la littérature de la musique et de la défense des droits de l'Homme. Parmi eux, le prix Nobel nigérian de littérature, Wole Soyinka, l'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, le sitariste indien Ravi Shankar et Marian Wright Edelman, défenseur des droits de l'enfant aux Etats-Unisà En tout cas, même devant le fort engagement mondial, l'absence des Etats-Unis risquerait de mettre en échec tout consensus sur la façon de lutter contre le racisme.
Le site du centre des droits de l'Homme des Nations Unies à l'initiative de la conférence
Le site de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée
par Nathalie Rohmer
Article publié le 31/07/2001