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Aviation

Licenciements massifs dans le transport aérien

L'Association internationale du transport aérien (IATA) évalue à 50% le recul du trafic passager dans le monde depuis les attentats du 11 septembre. A la fin de l'année cette réduction pourrait atteindre 25%. Sans attendre, le secteur du transport aérien procède à des licenciements massifs : 140 000 à ce jour. Des syndicats évoquent l'«opportunisme» des entreprises concernées.
Le transport aérien est le secteur le plus directement touché par les conséquences des attentats de New York et Washington. Pierre Jeanniot, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA) qui regroupe 274 compagnies aériennes dans le monde, estime que, depuis le 11 septembre, le trafic mondial de passagers a diminué de moitié. Cette situation devrait durer encore quelques semaines et, selon son évaluation, la baisse pourrait atteindre 25% à la fin de l'année. Coût pour les compagnies aériennes : 7,5 milliards de dollars directement attribuables aux attentats et 10 milliards de dollars au total pour 2001.

Les six principales compagnies américaines ont immédiatement réagi en supprimant plus de 80 000 emplois et la dernière en date, Delta, vient d'annoncer 13.000 licenciements. Plusieurs de ces compagnies aériennes ont invoqué la clause d'urgence économique qui leur permet de se séparer de leurs salariés immédiatement et sans indemnités. La puissante confédération syndicale AFL-CIO commence à s'inquiéter des conditions dans lesquelles ces suppressions d'emplois sont réalisées alors que le gouvernement des Etats-Unis a, dans le même temps, décidé de débloquer une aide de 18 milliards de dollars, dont 5 milliards immédiatement, pour venir en aide aux compagnies aériennes. Celles-ci justifient ces mesures drastiques par la nécessité d'anticiper la baisse de leur activité et le renchérissement des coûts liés aux assurances.

Licenciements «par prudence»

Le constructeur Boeing a annoncé la suppression de 20.000 à 30.000 emplois, dans l'éventualité d'une chute des commandes et tout en restant bénéficiaire, a précisé son PDG Phil Condit. Au Canada, après l'annonce de 9.000 licenciements à Air Canada, et 3 800 suppressions d'emplois chez le constructeur Bombardier les syndicats n'hésitent plus à parler «d'opportunisme». En effet, Bombardier n'a encore enregistré aucune baisse de ses commandes et a décidé de licencier «par prudence», invoquant la conjoncture américaine. D'autant que certaines de ces entreprises connaissaient déjà des difficultés. Le constructeur aéronautique américain Textron a annoncé 2 500 licenciements supplémentaires aux 5.000 déjà prévus dans son plan de restructuration d'octobre 2000.

En Europe les conséquences des attentats se font également sentir : environ un millier de licenciements à SAS, compagnie aérienne scandinave, 2.500 chez Alitalia et 7.000 à British Airways. A cela s'ajoute la réduction du nombre des vols, comme la suppression de 190 liaisons par semaine à British Airways. Le constructeur européen Airbus, concurrent de Boeing, entend manifester sa différence et s'apprête à prendre des mesures d'organisation du travail qui éviteraient les suppressions d'emplois. Noël Forgeard, président du groupe, a même qualifié de «stupéfiants» les licenciements chez Boeing.

Quant aux éventuelles aides aux compagnies aériennes, la Commission européenne s'interroge encore sur leur nécessité et sur le risque de distorsion de concurrence créé par un soutien des Etats-membres à leurs compagnies nationales. Le conseil des ministres européens des Transports, le 16 octobre, devrait se pencher sur un tel dispositif d'aide au secteur aérien.



par Francine  Quentin

Article publié le 27/09/2001