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Islamisme

Procès fleuve de 24 islamistes proches du GIA

Ouverture vendredi à Paris d'un procès exceptionnel : vingt-quatre islamistes présumés proches du GIA comparaissent devant le tribunal correctionnel pour «association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste».
A raison de trois audiences hebdomadaires, ce procès fleuve devrait durer quelque six semaines. L'enquête est volumineuse : 15 500 pages réunies en quarante volumes. Plusieurs années d'enquête, d'écoutes et de filature, à travers la France et l'Europe, ont permis de boucler le dossier. Les prévenus sont soupçonnés de trafic d'armes, de voitures et de faux papiers, via la France, la Suisse et l'Italie, à destination des maquis algériens.

Leur organisation aurait des liens avec le Takfir, une organisation extrémiste musulmane. Selon les spécialistes des questions de terrorisme, le «takfir Wa Hidjra» (Expiation et exil) est considéré comme une formation très dangereuse et une menace pour les «mécréants». Née en Egypte dans les années soixante-dix et quatre-vingt, cette organisation prône le Jihad total, militaire, moral et culturel et part du principe qu'il faut se retirer de la société impie pour mieux la reconquérir.

«En pleine diabolisation des musulmans»

Ce réseau a été intercepté lors de vastes opérations d'investigations qui on été menées en octobre 1995 dans la région Provence Côte d'Azur, à la suite de la vague d'attentats qui a frappé la France. La piste mène les enquêteurs jusqu'à Londres où ils arrêtent Mohamed Kerouche. Il est suspecté de diriger, depuis la capitale britannique, un trafic d'armes à destination des maquis algériens. Ce réseau s'étend à toute l'Europe. En avril 1996, le Parquet de Paris décide d'ouvrir une information judiciaire pour «association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes». La DST, (les services de contre-espionnage français) est saisie de l'affaire. En janvier 1997, un nouveau coup de filet a permis l'arrestation d'une vingtaine d'islamistes à Paris et à Marseille notamment.

Mohamed Kerouche est actuellement détenu après avoir été condamné lors d'un précédent procès, le procès Chalabi, à huit ans de prison ferme et à une interdiction définitive du territoire français. Les enquêteurs le tienne pour l'idéologue de ce réseau.

Dans le contexte actuel qui fait suite aux attentas anti-américains, le Palais de Justice est placé sous haute surveillance. En vain, l'avocate de l'un des prévenus a demandé «le report du procès».

Estimant «inadmissible» qu'il se tienne «en pleine diabolisation des musulmans», Me Coutan-Peyre a affirmé que «nous ne sommes pas dans une période qui permet un procès équitable, les circonstances sont particulières depuis le 11 septembre». La demande de renvoi n'a pas été retenue et le procureur a assuré que la «sérénité sera préservée dans l'enceinte de la chambre correctionnelle». Début des audiences : mercredi prochain.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 28/09/2001