Internet grand public
Comment les Français utilisent le réseau
On connaît mal les usages d'Internet par le grand public. Une étude réalisée par le Centre de recherche de France Télécom (en partenariat avec la société NetValue, l'école de commerce HEC et le fournisseur d'accès Wanadoo) s'est penchée sur la question. Menée pour la première fois sur un panel de 1 000 internautes pendant un an, cette étude fait le point sur les usages à domicile d'Internet en France.
Jusqu'à présent, la plupart des enquêtes réalisées par les spécialistes de mesures d'audience (centres d'études, régies publicitaires ou éditeurs de contenus) consistaient à mesurer le trafic sur les sites : nombre de visites, de requêtes de pages, de pages vues, etc. Bref, un comptage électronique, sans aucune visibilité sur les pratiques des internautes (recherche, navigation, mail, chat, jeux...). Une des caractéristiques de cette étude est d'être, pour la première fois, entièrement centrée sur les utilisateurs. Les chercheurs ont suivi les usages d'un échantillon représentatif de 1 000 internautes français sur l'ensemble de l'année 2000.
Qui sont donc ces internautes? Quels sont leurs comportements en surfant sur le Web ? Différentes études effectuées au début du développement du réseau ont parlé au singulier de l'internaute, le décrivant en général comme un homme d'une trentaine d'années, diplômé de l'enseignement supérieur, plutôt citadin et disposant d'un revenu élevé. Mais ce profil type monolithique se révèle faux, comme nous l'explique Houssem Assadi du Laboratoire de sciences humaines du Centre de recherche de France Télécom : «l'internaute-type français ou autre n'existe pas. La population des internautes bouge beaucoup en terme de composition socio-démographique et en terme d'usage. On sait par exemple, que depuis deux ou trois ans les femmes débarquent en force sur le réseau, suivies par les seniors.» Pour ce jeune ingénieur spécialiste en analyse de données, l'intérêt réside justement dans la diversité des usages: «On constate aujourd'hui des usages très différenciés, très pointus. Ce que nous essayons de faire c'est de repérer la diversité des usages, puis de corréler ces usages avec des profils socio-démographiques. Savoir par exemple si tel utilisateur de tel service est plutôt une femme, un jeune ou appartient à telle catégorie professionnelle».
Quels sont les services utilisésß? Plutôt moteurs de recherche... plutôt outils de communicationß? Quels sont les sites visitésß? Plutôt les pages perso... plutôt les sites marchandsß? Cette étude a permis d'établir un profil très précis des usages des internautes français. A titre d'exemple, les résultats de l'enquête menée sur les grands portails généralistes du type Voilà, Wanadoo, mais également Yahoo et Altavista. Voilà et Yahoo sont des moteurs très équilibrés car utilisés pour tous leurs services recherche, info et communication, alors qu'Altavista est très spécialisé, les utilisateurs y vont essentiellement pour son moteur de recherche et non pas pour ses autres services. Autre évolution très nette : l'usage des portails diminue avec l'ancienneté, les internautes se repèrent plus facilement sur le Web et se servent moins des moteurs. En revanche, l'usage des services de communication (mail, chat, forum) augmente. Dans ce domaine, il apparaît que 12% des internautes du panel n'utilisent pas le courrier électronique et que parmi les panélistes utilisateurs de la messagerie, 6% utilisent exclusivement le WebMail, 63% utilisent exclusivement le mail standard et 31% combinent les deux.
1 000 internautes pendant un an
La deuxième série de résultats concerne les moteurs de recherche. Premier constat : 15% des panélistes n'ont jamais utilisé de moteur, et seuls 20% des sessions de navigation sur le Web comprennent une requête dans un moteur. Cette étude révèle également deux grandes catégories d'utilisateurs des moteurs. Il y a, d'un côté les gros consommateurs du Web, en général des hommes de moins de 24 ans passionnés par le multimédia, les jeux, l'informatique et le sexe. Opposé à ce contenu là, on trouve ceux qui recherchent des informations pratiques, principalement des femmes, des personnes d'âge moyen et appartenant à des catégories professionnelles intermédiaires. L'autre résultat intéressant concerne l'identité des moteurs eux-mêmes. Si l'on analyse le contenu des requêtes, on remarque des oppositions assez radicales, entre par exemple Altavista et Wanadoo. Altavista est essentiellement utilisé par des internautes anciens (connectés avant 1990), des hommes qui ont une culture technique du Web (jeux, MP3, téléchargement de logiciels, de vidéos). Tandis que Wanadoo est un moteur grand public qui attire des requêtes vie pratique adressées essentiellement par des femmes et des internautes plus récents.
Côté fréquentation des sites marchands, si l'on en croit toujours cette étude, près de la moitié des internautes sont allés au moins une fois en 2000 sur un site marchand lié au tourisme. Idem pour les sites de biens culturels (Fnac, Alapage, Amazon...). Ces internautes qui consultent une agence de voyage virtuelle, consultent d'autres sites du même type au cours de la même session. En revanche, les internautes sont plus fidèles sur les sites de biens culturels : 80% ne visitent qu'un site au cours de la session. A retenir encore à propos de cette étude, les fameuses pages perso ont globalement des tonalités différentes selon le serveur d'hébergement. C'est ainsi que l'analyse des contenus d'un échantillon de pages personnelles (sites hébergés chez des fournisseurs d'accès ou des portails) permet d'identifier des styles propres aux hébergeurs. Cette expertise fournit également des données en matière d'impact messages publicitaires et taux de clic sur les bannières.
Reste que l'objectif final de cette étude : fournir des éléments sur le comportement des internautes français est largement atteint. Mais l'analyse de ces résultats peut également donner lieu à quelques éléments de prospective comme nous l'évoque prudemment Houssem Assadi: «On note aujourd'hui des évolutions dynamiques assez fortes dans les usages d'Internet. Par exemple, les outils de communication tels que le chat, le webmail ou les forums rencontrent un succès croissant auprès des internautes. Nous savons également que le secteur du divertissement en ligne : jeux, musique, etc est un secteur en plein essor qui intéressent des catégories assez larges d'utilisateurs, et notamment les jeunes. Un véritable secteur porteur.»
Qui sont donc ces internautes? Quels sont leurs comportements en surfant sur le Web ? Différentes études effectuées au début du développement du réseau ont parlé au singulier de l'internaute, le décrivant en général comme un homme d'une trentaine d'années, diplômé de l'enseignement supérieur, plutôt citadin et disposant d'un revenu élevé. Mais ce profil type monolithique se révèle faux, comme nous l'explique Houssem Assadi du Laboratoire de sciences humaines du Centre de recherche de France Télécom : «l'internaute-type français ou autre n'existe pas. La population des internautes bouge beaucoup en terme de composition socio-démographique et en terme d'usage. On sait par exemple, que depuis deux ou trois ans les femmes débarquent en force sur le réseau, suivies par les seniors.» Pour ce jeune ingénieur spécialiste en analyse de données, l'intérêt réside justement dans la diversité des usages: «On constate aujourd'hui des usages très différenciés, très pointus. Ce que nous essayons de faire c'est de repérer la diversité des usages, puis de corréler ces usages avec des profils socio-démographiques. Savoir par exemple si tel utilisateur de tel service est plutôt une femme, un jeune ou appartient à telle catégorie professionnelle».
Quels sont les services utilisésß? Plutôt moteurs de recherche... plutôt outils de communicationß? Quels sont les sites visitésß? Plutôt les pages perso... plutôt les sites marchandsß? Cette étude a permis d'établir un profil très précis des usages des internautes français. A titre d'exemple, les résultats de l'enquête menée sur les grands portails généralistes du type Voilà, Wanadoo, mais également Yahoo et Altavista. Voilà et Yahoo sont des moteurs très équilibrés car utilisés pour tous leurs services recherche, info et communication, alors qu'Altavista est très spécialisé, les utilisateurs y vont essentiellement pour son moteur de recherche et non pas pour ses autres services. Autre évolution très nette : l'usage des portails diminue avec l'ancienneté, les internautes se repèrent plus facilement sur le Web et se servent moins des moteurs. En revanche, l'usage des services de communication (mail, chat, forum) augmente. Dans ce domaine, il apparaît que 12% des internautes du panel n'utilisent pas le courrier électronique et que parmi les panélistes utilisateurs de la messagerie, 6% utilisent exclusivement le WebMail, 63% utilisent exclusivement le mail standard et 31% combinent les deux.
1 000 internautes pendant un an
La deuxième série de résultats concerne les moteurs de recherche. Premier constat : 15% des panélistes n'ont jamais utilisé de moteur, et seuls 20% des sessions de navigation sur le Web comprennent une requête dans un moteur. Cette étude révèle également deux grandes catégories d'utilisateurs des moteurs. Il y a, d'un côté les gros consommateurs du Web, en général des hommes de moins de 24 ans passionnés par le multimédia, les jeux, l'informatique et le sexe. Opposé à ce contenu là, on trouve ceux qui recherchent des informations pratiques, principalement des femmes, des personnes d'âge moyen et appartenant à des catégories professionnelles intermédiaires. L'autre résultat intéressant concerne l'identité des moteurs eux-mêmes. Si l'on analyse le contenu des requêtes, on remarque des oppositions assez radicales, entre par exemple Altavista et Wanadoo. Altavista est essentiellement utilisé par des internautes anciens (connectés avant 1990), des hommes qui ont une culture technique du Web (jeux, MP3, téléchargement de logiciels, de vidéos). Tandis que Wanadoo est un moteur grand public qui attire des requêtes vie pratique adressées essentiellement par des femmes et des internautes plus récents.
Côté fréquentation des sites marchands, si l'on en croit toujours cette étude, près de la moitié des internautes sont allés au moins une fois en 2000 sur un site marchand lié au tourisme. Idem pour les sites de biens culturels (Fnac, Alapage, Amazon...). Ces internautes qui consultent une agence de voyage virtuelle, consultent d'autres sites du même type au cours de la même session. En revanche, les internautes sont plus fidèles sur les sites de biens culturels : 80% ne visitent qu'un site au cours de la session. A retenir encore à propos de cette étude, les fameuses pages perso ont globalement des tonalités différentes selon le serveur d'hébergement. C'est ainsi que l'analyse des contenus d'un échantillon de pages personnelles (sites hébergés chez des fournisseurs d'accès ou des portails) permet d'identifier des styles propres aux hébergeurs. Cette expertise fournit également des données en matière d'impact messages publicitaires et taux de clic sur les bannières.
Reste que l'objectif final de cette étude : fournir des éléments sur le comportement des internautes français est largement atteint. Mais l'analyse de ces résultats peut également donner lieu à quelques éléments de prospective comme nous l'évoque prudemment Houssem Assadi: «On note aujourd'hui des évolutions dynamiques assez fortes dans les usages d'Internet. Par exemple, les outils de communication tels que le chat, le webmail ou les forums rencontrent un succès croissant auprès des internautes. Nous savons également que le secteur du divertissement en ligne : jeux, musique, etc est un secteur en plein essor qui intéressent des catégories assez larges d'utilisateurs, et notamment les jeunes. Un véritable secteur porteur.»
par Myriam Berber
Article publié le 30/10/2001