Commerce mondial
«A Doha, ouvrir un cycle de développement»
Trois questions à Ablasse Ouedraogo, Directeur général adjoint de l'OMC.
RFI : Qu'ont à attendre, ou à redouter, les pays en développement de la mondialisation en général et, en particulier, de l'ouverture d'un nouveau cycle de négociations sur la libéralisation du commerce international à Doha?
Ablasse Ouedraogo : Les pays en développement représentent plus de 80% des membres de l'Organisation mondiale du commerce et 27% des échanges mondiaux en 2000. De la mondialisation, qui n'est pas à confondre avec l'OMC, les pays en développement craignent de continuer à être marginalisés dans le commerce international. Ils attendent de la 4è conférence ministérielle de l'OMC à Doha qu'elle prenne en compte le poids et la place qu'ils occupent au sein du système commercial multilatéral pour apporter des ajustements dans les règles de l'OMC, en tenant compte de leurs besoins réels de développement. C'est pour cela qu'il y a un consensus pour faire de ce cycle de négociations un cycle de développement.
En revanche, ils redoutent l'ouverture de négociations sur de nouveaux thèmes, déjà présentés en 1996 à Singapour et au nombre desquels figurent les normes sociales du travail, l'environnement, les investissements, la politique de concurrence, la transparence dans la passation des marchés publics et la facilitation du commerce. Ils espèrent aussi résoudre les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des accords de l'OMC et accroître leurs possibilités d'accès aux marchés des pays développés.
Bien que les pays en développement et particulièrement les pays les moins avancés aient fait d'énormes progrès dans leur participation aux activités de l'OMC depuis Seattle, le renforcement de leurs capacités en ce qui concerne la production et les ressources humaines continue d'être une préoccupation . Un espoir de réponses appropriées sur la question est attendue à Doha. Enfin, la propriété intellectuelle et la santé publique sera d'un intérêt tout particulier aux pays en développement à Doha.
RFI : A Seattle, les pays du Sud ont, pour la première fois, manifesté leur volonté de participer réellement aux décisions prises dans le cadre de l'OMC. Que s'est-il passé depuis et que va-t-on faire, dans l'avenir, pour répondre à cette demande?
A.O. : Tout le monde reconnaît effectivement que Seattle a sonné le réveil de conscience des pays en développement, leur intérêt pour le système commercial multilatéral et leur participation aux activités de l'OMC. Le processus préparatoire et l'organisation des travaux à Seattle avaient provoqué d'énormes frustrations pour les pays en développement qui s'étaient sentis mis de côté, au lieu d'être associés et impliqués comme les autres membres dans la prise de décision. Pour préparer Doha, le processus a été plus inclusif et transparent. Bien qu'il y ait encore des lacunes, il faut reconnaître que le Président du conseil général, l'Ambassadeur Stuart Harbinson de Hong Kong, le Directeur général, Mike Moore et le secrétariat de l'OMC n'ont pas ménagé leurs efforts et leur imagination afin d'impliquer tous les membres dans toutes les concertations et consultations qui ont été menées pour préparer Doha. C'est ainsi que la préférence a été donnée aux consultations ouvertes en lieu et place de la méthode du « Salon Vert », c'est à dire les réunions de groupes de membres sélectionnés sur des critères qui se justifient difficilement.
Les résultats sont tellement probants qu'aujourd'hui les pays en développement sont en première ligne et occupent le devant de la scène dans les consultations et dans les négociations en cours. Les pays du Sud ont compris qu'ils ont un rôle et des responsabilités à assumer au sein de l'OMC et il sera difficile de conserver le statu quo.
RFI : Parmi les pays en développement, l'Afrique, qui compte le plus grand nombre de PMA, doit-elle occuper une place à part dans la libéralisation des échanges internationaux et faire l'objet de «précautions » quant à son entrée dans la mondialisation?
A.O. : L'Afrique compte 34 des 49 pays les moins avancés. La mondialisation est une réalité. Comme les autres pays du monde, les pays africains sont dans la mondialisation, avec ses difficultés et ses conséquences. Le système de l'OMC assure aux pays économiquement faibles des garanties de protection par rapport aux pays économiquement plus puissants, surtout que l'Organe de règlement des différends permet à tout membre d'obtenir des réparations en cas de violation des règles par un autre membre. Les pays les moins avancés sont très marginaux dans les échanges internationaux avec environ 0,5%. En conséquence, ils bénéficient d'une attention particulière des membres développés de l'OMC, avec un soutien au renforcement de leurs capacités à travers les programmes d'assistance technique du Secrétariat de l'OMC et l'ouverture croissante de leurs marchés aux produits de ces pays.
Dans les accords existants, le Traitement spécial et différencié, bien que non contraignant, permet aux pays les moins avancés de bénéficier de certains avantages compte tenu de leur niveau de développement. Le véritable défi qui se pose aux PMA et aux pays africains notamment est la lutte contre la pauvreté. Pour y parvenir il leur faut impérativement consolider le processus de développement en accélérant la croissance. Le commerce pouvant contribuer à alimenter la croissance, il est clair que les efforts de ces pays africains devront porter sur l'amélioration de leurs performances dans les échanges au niveau mondial. Il revient aux responsables africains de créer les conditions requises.
Ablasse Ouedraogo : Les pays en développement représentent plus de 80% des membres de l'Organisation mondiale du commerce et 27% des échanges mondiaux en 2000. De la mondialisation, qui n'est pas à confondre avec l'OMC, les pays en développement craignent de continuer à être marginalisés dans le commerce international. Ils attendent de la 4è conférence ministérielle de l'OMC à Doha qu'elle prenne en compte le poids et la place qu'ils occupent au sein du système commercial multilatéral pour apporter des ajustements dans les règles de l'OMC, en tenant compte de leurs besoins réels de développement. C'est pour cela qu'il y a un consensus pour faire de ce cycle de négociations un cycle de développement.
En revanche, ils redoutent l'ouverture de négociations sur de nouveaux thèmes, déjà présentés en 1996 à Singapour et au nombre desquels figurent les normes sociales du travail, l'environnement, les investissements, la politique de concurrence, la transparence dans la passation des marchés publics et la facilitation du commerce. Ils espèrent aussi résoudre les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre des accords de l'OMC et accroître leurs possibilités d'accès aux marchés des pays développés.
Bien que les pays en développement et particulièrement les pays les moins avancés aient fait d'énormes progrès dans leur participation aux activités de l'OMC depuis Seattle, le renforcement de leurs capacités en ce qui concerne la production et les ressources humaines continue d'être une préoccupation . Un espoir de réponses appropriées sur la question est attendue à Doha. Enfin, la propriété intellectuelle et la santé publique sera d'un intérêt tout particulier aux pays en développement à Doha.
RFI : A Seattle, les pays du Sud ont, pour la première fois, manifesté leur volonté de participer réellement aux décisions prises dans le cadre de l'OMC. Que s'est-il passé depuis et que va-t-on faire, dans l'avenir, pour répondre à cette demande?
A.O. : Tout le monde reconnaît effectivement que Seattle a sonné le réveil de conscience des pays en développement, leur intérêt pour le système commercial multilatéral et leur participation aux activités de l'OMC. Le processus préparatoire et l'organisation des travaux à Seattle avaient provoqué d'énormes frustrations pour les pays en développement qui s'étaient sentis mis de côté, au lieu d'être associés et impliqués comme les autres membres dans la prise de décision. Pour préparer Doha, le processus a été plus inclusif et transparent. Bien qu'il y ait encore des lacunes, il faut reconnaître que le Président du conseil général, l'Ambassadeur Stuart Harbinson de Hong Kong, le Directeur général, Mike Moore et le secrétariat de l'OMC n'ont pas ménagé leurs efforts et leur imagination afin d'impliquer tous les membres dans toutes les concertations et consultations qui ont été menées pour préparer Doha. C'est ainsi que la préférence a été donnée aux consultations ouvertes en lieu et place de la méthode du « Salon Vert », c'est à dire les réunions de groupes de membres sélectionnés sur des critères qui se justifient difficilement.
Les résultats sont tellement probants qu'aujourd'hui les pays en développement sont en première ligne et occupent le devant de la scène dans les consultations et dans les négociations en cours. Les pays du Sud ont compris qu'ils ont un rôle et des responsabilités à assumer au sein de l'OMC et il sera difficile de conserver le statu quo.
RFI : Parmi les pays en développement, l'Afrique, qui compte le plus grand nombre de PMA, doit-elle occuper une place à part dans la libéralisation des échanges internationaux et faire l'objet de «précautions » quant à son entrée dans la mondialisation?
A.O. : L'Afrique compte 34 des 49 pays les moins avancés. La mondialisation est une réalité. Comme les autres pays du monde, les pays africains sont dans la mondialisation, avec ses difficultés et ses conséquences. Le système de l'OMC assure aux pays économiquement faibles des garanties de protection par rapport aux pays économiquement plus puissants, surtout que l'Organe de règlement des différends permet à tout membre d'obtenir des réparations en cas de violation des règles par un autre membre. Les pays les moins avancés sont très marginaux dans les échanges internationaux avec environ 0,5%. En conséquence, ils bénéficient d'une attention particulière des membres développés de l'OMC, avec un soutien au renforcement de leurs capacités à travers les programmes d'assistance technique du Secrétariat de l'OMC et l'ouverture croissante de leurs marchés aux produits de ces pays.
Dans les accords existants, le Traitement spécial et différencié, bien que non contraignant, permet aux pays les moins avancés de bénéficier de certains avantages compte tenu de leur niveau de développement. Le véritable défi qui se pose aux PMA et aux pays africains notamment est la lutte contre la pauvreté. Pour y parvenir il leur faut impérativement consolider le processus de développement en accélérant la croissance. Le commerce pouvant contribuer à alimenter la croissance, il est clair que les efforts de ces pays africains devront porter sur l'amélioration de leurs performances dans les échanges au niveau mondial. Il revient aux responsables africains de créer les conditions requises.
par Propos recueillis par Francine Quentin
Article publié le 09/11/2001