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Microsoft

Demi-victoire pour Bill Gates

Neuf des dix-huit Etats fédérés parties civiles rejettent l'accord conclu entre le gouvernement américain et le numéro un mondial des logiciels. Les autres se sont ralliés aux arguments des services antitrust. Les neuf Etats dissidents vont poursuivre l'action judiciaire.
La hache de guerre n'est pas enterrée. Au bout du compte et après des centaines d'heures de négociation, tous les Etats impliqués dans la plainte antitrust contre Microsoft n'ont donc pas répondu aux exhortations de la Cour. «Les événements récents rendent encore plus urgente une solution amiable dans l'intérêt de ce pays», avait déclaré ces derniers jours la juge Collen Kollar-Kotelly en charge du dossier.

Neuf des dix-huit Etats fédérés n'ont pas donné leur bénédiction à l'accord conclu la semaine dernière entre le géant des logiciels reconnu coupable de pratiques anticoncurentielles en juin et le département de la justice américaine (DoJ). Estimant que ce compromis est trop politique, et très en deçà de ce qui aurait pu arriver au groupe qui a échappé au démantèlement en juin dernier, les Etats dissidents ûparmi lesquels on compte dans les plus engagés la Californie, le Massachusetts et le Minnesota- vont poursuivre seuls la bataille devant les tribunaux.

Cet accord est perçu globalement par les Etats opposants comme une victoire pour Microsoft. Ils ne sont pas les seuls. Associations de consommateurs et industriels confondus, tous les adversaires traditionnels du groupe partagent ce point de vue. Selon les propres termes du procureur du Massachussets : «l'accord est plein de lacunes et ne fait guère que donner de champ libre à Microsoft pour écraser la concurrence. Il a été imposé à la dernière minute, sous une énorme pression, sans suffisamment de temps pour étudier les détails.» On le voit Thomas Reilly ne mâche pas ses mots.

Des sanctions plus sévères

Même credo chez le président de l'Association de l'industrie information et des communications (CCIA), Ed BlackKelly qui représente les concurrents de Microsoft : «Ce n'est qu'une tape sur la main du numéro un mondial». Le directeur général de Sun, Scott McNealy s'est montré également très virulent : «Cela va seulement permettre à Microsoft d'évoluer sans contraintes, sans surveillance et de continuer à acheter des entreprises.» Dans la ligne de mire, la stratégie .Net tous azimut de Bill Gates qui vise à faire de Microsoft un fournisseur de services sur Internet.

Les Etats qui ont refusé l'accord actuel, veulent continuer la médiation afin d'obtenir des sanctions plus sévères, une renégociation exclue par Microsoft. En effet, au terme de cet accord, le géant des logiciels devrait donner plus de liberté aux fabricants d'ordinateurs quant au choix des logiciels à intégrer à Windows, en particulier ceux de la concurrence. Mais la majorité de ces derniers devraient continuer à utiliser les produits Microsoft, estiment des analystes.

Le texte est donc très ambigu et permet clairement à Microsoft de continuer à attacher de nouvelles fonctionnalités à Windows mais il l'empêche de forcer les fabricants à les utiliser «exclusivement». Autre point particulièrement crucial: la firme de Seattle aurait également accepté de fournir certaines parties du code source de Windows à d'autres éditeurs afin qu'ils puissent concevoir des programmes compatibles. Mais le texte stipule que dès lors ces informations techniques concernent des aspects liés à la lutte antipiratage ou antivirus, à la gestion des droits d'auteurs ou à des aspects de décryptage, le groupe est dispensé de partager des informations sur ces produits. De quoi inquiéter sérieusement les concurrents.

La prochaine étape de ce procès fleuve qui dure depuis 1998, va se poursuivre à deux niveaux. Le juge Collen Kollar-Kotelly a deux mois pour approuver cet accord, dont la mise en oeuvre sera supervisée par une comité de trois experts indépendants. De leur côté, les Etats dissidents devront soumettre à la Cour le 7 décembre une proposition de résolution finale du procès. Microsoft aura jusqu'au 12 décembre pour y répondre. La prochaine tenue des auditions devrait démarrer en mars.

Bill Gates n'a pas fini de se battre en justice. On peut s'attendre dans les prochains mois à une contre-attaque des concurrents comme notamment Sun Microsystems, des associations de consommateurs et à une augmentation des plaintes en nom collectif.



par Myriam  Berber

Article publié le 07/11/2001