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La grogne du secteur public français

Après les sages-femmes en mai, les cliniques privées en novembre et aujourd’hui les internes des hôpitaux, les policiers et les gendarmes, les enseignants revendiquent, à leur tour, des conditions de travail déplorables et réclament des aides. Des mouvements sociaux très embarrassants pour Lionel Jospin, à la veille d’échéances électorales cruciales.
A l’issue de quatre jours de manifestation, bien que leur statut militaire leur interdise ce type de mouvement, les gendarmes ont obtenu ce qu’ils voulaient. Samedi, au terme de huit heures de négociations, Alain Richard, leur ministre de tutelle, a annoncé une série de mesures : une indemnisation de 12 000 francs net par an et par gendarme équivalant à un treizième mois, le recrutement de 4 500 sous-officiers, l’obtention de 50 000 gilets pare-balles, le gel de la mobilité, le remplacement des véhicules les plus vieux, la rénovation des locaux etc… Des concessions dont le montant n’a pas été mentionné par le ministre de la Défense mais dont Laurent Fabius, ministre de l’Economie et des Finances, estime que cela fera augmenter plus encore les dépense publiques.

De leur côté, les policiers qui étaient également descendus dans la rue, fin novembre, pour mettre en cause, notamment, la loi de présomption d’innocence après la libération de Jean-Claude Bonnal, un multirécidiviste, ont annoncé, qu’ils allaient être reçus ce lundi par leur ministre, Daniel Vaillant, pour réclamer une parité de traitement entre la police et la gendarmerie. Ainsi l’accord obtenu ce week-end par les gendarmes pourrait relancer d’ici quelques temps un mouvement de protestation des policiers.

Les enseignants mais aussi les douaniers et les postiers

Lionel Jospin se heurte ainsi, depuis plusieurs mois, à une grogne persistante des membres de la fonction publique et la tâche du Premier ministre, à la veille des élections présidentielle et législatives en 2002, est très périlleuse et sensible. A l’évidence, descendre dans la rue s’avère souvent payant. Les enseignants semblent l’avoir compris et ils vont ainsi s’engouffrer dans la brèche ce lundi bien décidés à faire plier, à leur tour, le gouvernement. A l’appel de la Fédération syndicale unitaire (FSU) qui représente environ 50% du corps enseignant, les professeurs vont aujourd’hui cesser les cours et battre le pavé dans une trentaine de villes pour réclamer «du temps pour travailler mieux et autrement»

Le mouvement des gendarmes semble donc faire tâche d’huile. La semaine qui s’annonce va être agitée. Les internes vont durcir leur mouvement commencé le 19 novembre et entament ce lundi une grève totale des gardes et des soins, après avoir claqué la porte, la semaine dernière, des négociations avec Bernard Kouchner, ministre de la Santé. Mardi et mercredi, les syndicats des gardiens de prison appellent «à paralyser l’institution pénitentiaire» et réclament des effectifs supplémentaires et une revalorisation de leur rémunération. Les douaniers pourraient également continuer leur mouvement pour faire valoir la différence de traitement dont ils feraient l’objet par rapport aux policiers et aux gendarmes - ils souhaitent une hausse de la fameuse prime de risque - et vendredi 14 décembre, le jour où les guichets des banques et de la Poste devront mettre en vente des «kits euros» afin d’aider les Français à se familiariser avec leur future monnaie, des syndicats de postiers ont appelé à une grève.

Lire également :
Gendarmes : les leçons d’une crise
(Editorial de Geneviève Goëtzinger)



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 10/12/2001