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Gabon

Second tour sans surprises

Les Gabonais votaient ce dimanche pour le deuxième tour d’élections législatives dont on attend peu de surprises. Le PDG au pouvoir, qui a déjà remporté 53 sièges sur 120, est assuré d’une victoire, face à une opposition dispersée.
Omar Bongo peut dormir tranquille. Avant même la tenue du second tour des législatives, ce dimanche, son parti est déjà assuré de maintenir sa domination à l’Assemblée nationale. A l’issue du premier tour, le 9 décembre dernier, le PDG (Parti démocratique gabonais) a remporté 53 sièges sur les 120 que compte l’assemblée nationale, et 29 de ses candidats partent favoris. Sans compter les petits candidats estampillés «majorité présidentielle». Mieux, conformément au souhait du chef de l’Etat, la plupart de ses ministres se sont présentés et ont été élus. Face à ce raz-de-marée, l’opposition se contente pour l’instant de quatre maigres sièges. Seule ombre au tableau pour le parti dirigeant : le taux d’abstention record, proche de 80% dans les villes et de plus de 50% dans le reste du pays.

Au Gabon, le score du camp présidentiel n’étonne personne. Au pouvoir depuis plus de trente ans, le PDG bénéficie de moyens nettement supérieurs à ses concurrents et, inévitablement, de relais au sein de l’administration. Mais il est aussi le seul parti à avoir présenté des candidats dans l’ensemble des circonscriptions. Il profite, en outre, des divisions de l’opposition, unanime pour critiquer l’organisation du scrutin, mais dont les multiples composantes ont été incapables d’élaborer une stratégie commune face aux manipulations qu’elle dénonce depuis des semaines.

De sérieux problèmes «d’organisation»


Au demeurant, le premier round des législatives laisse grandement à désirer. Dans un pays d’à peine 1,2 millions d’habitants, selon les chiffres officiels, la Commission nationale électorale (CNE) a attendu la veille du scrutin pour admettre que le nombre de Gabonais officiellement inscrits sur les listes électorales était pour le moins fantaisiste. Il a ainsi été ramené, à la hâte, de 774 606, dans un pays où une majorité de la population n’est pas en âge de voter, au chiffre toujours étonnamment élevé de 596 431.

Bien que réduits à une douzaine, les observateurs internationaux, mandatés par la Francophonie et l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ont, par ailleurs, relevé de nombreuses imperfections dans le déroulement du premier tour : ouverture tardive des bureaux de vote, manque de matériel électoral, présence de forces de l’ordre à l’intérieur de certains bureaux de vote, «subsistance de multiples erreurs matérielles sur les listes électorales». Côté gouvernemental, le Premier ministre reconnaît des problème d’organisation, mais qui ont, selon lui, surtout contribué à grossir le taux d’abstention. Jean-François Ntoutoume Emane dénonce, en revanche, les «actes d’incivisme et de violence», constatés le 9 décembre, notamment dans les fiefs de petits partis ayant appelé au boycott, et prévoit même des mesures de sécurité renforcées pour éviter de nouveaux incidents, ce dimanche.

Dans l’opposition, le constat est, on s’en doute, sensiblement différent. Dès le 10 décembre, Pierre Mamboundou, le bouillant président de l’Union du peuple gabonais (uPG) et principal adversaire du président Bongo a demandé que le «scrutin soit repris sur l’ensemble du territoire national» et prône le boycott du second tour. Pour sa part, Paul Mba Abessole, maire de Libreville et leader du Rassemblement national des bûcherons (RNB/RPG), a d’abord réclamé l’annulation pure et simple des législatives. Mais l’opposant historique, désormais défenseur d’une «démocratie conviviale», a tout de même appelé ses militants à voter «massivement» le 23 décembre. En ballotage favorable dans la première circonscription du deuxième arrondissement de Libreville, avec 45,28% contre 32,54% à son challenger du PDG, il n’entend manifestement pas manquer l’occasion de gagner un siège de député qu’il convoite sans succès depuis 1990.

Parmi les autres poids lourds de l’opposition, Pierre-Louis Agondjo Okawe, maire de Port-Gentil, a également de fortes chances de l’emporter dans le troisième arrondissement de la capitale économique. Avec 41,80%, le leader du Parti gabonais du Progrès (PGP) devance largement sont adversaire du PDG (27,20% des suffrages exprimés). Rien de très nouveau à attendre donc des troisièmes législatives pluralistes, dans cet «émirat» d’Afrique équatoriale. Pour les opposants qui ont choisi de prendre part au scrutin, l’enjeu est néanmoins de savoir s’ils parviendront à limiter la casse, après un premier tour catastrophique. Quant au parti dirigeant, il devra surveiller le taux d’abstention, qui traduit l’évidente lassitude de l’électorat dans un pays où, malgré la manne pétrolière, près de 30% des enfants de moins de cinq ans souffrent encore de malnutrition chronique.

La composition définitive du nouveau parlement ne sera cependant connue qu'au début du mois de janvier. La Cour constitutionnelle a, en effet, décidé de la reprise du scrutin, ce 23 décembre et le 6 janvier, dans sept circonscriptions, notamment à Libreville et au sud du Gabon, où les électeurs n'avaient pu voter.




par Christophe  Champin

Article publié le 23/12/2001