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Zambie

Levy Mwanawasa proclamé président

Levy Mwanawasa, candidat du parti au pouvoir, a été proclamé troisième président de la Zambie par le président de la Cour suprême. Il succède ainsi à Frederick Chiluba en dépit des protestations de l'opposition qui dénonce des fraudes électorales.
La tension était palpable mercredi matin dans les rues de Lusaka, où de nombreux magasins ont gardé portes closes dans la crainte de nouveaux débordements à l'occasion de l'investiture de Levy Mwanawasa, proclamé vainqueur de l'élection présidentielle. La police avait établi des barrages sur les routes principales de Lusaka et s'était déployée aux abords de la Haute cour. Mardi déjà, des émeutes s'étaient produites dans le nord de la capitale zambienne où des heurts avaient opposé les forces de l'ordre et les militants de l'opposition. Des milliers de Zambiens, contestant le résultat du scrutin, avaient manifesté devant la Cour suprême et devant la Haute cour. La police avait utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants armés de pierre.

L'annonce de la proclamation du vainqueur intervient après le rejet par la Haute Cour d'une réclamation de l'opposition. Celle-ci a dénoncé des fraudes massives commises lors du scrutin du 27 décembre dernier. Selon les derniers résultats provisoires fournis mardi par la Commission électorale de Zambie, et portant sur 97% des bulletins de vote, le dauphin du président Chiluba devancerait son principal rival de l'opposition, Anderson Mazoka (du Parti unifié du développement national, UPND) de 12 656 voix seulement. Christon Tembo, le candidat du Forum pour la démocratie et le développement (FDD), arrive en troisième position.

Les dirigeants des dix partis d’opposition ont appelé au boycott de la cérémonie d'investiture et lancé des mots d'ordre de manifestation. De leur côté, les observateurs critiquent les chiffres de la commission électorale. La Commission européenne chargée de contrôler le déroulement du scrutin est sceptique quant à l’organisation régulière de l’élection. Dans certaines circonscriptions, le nombre de votants serait supérieur au nombre d’inscrits.

Le «Monsieur mains propres» de Lusaka

Désigné candidat du parti au pouvoir, le Mouvement pour la démocratie multipartite (MDD), Levy Mwanawasa n'est pas un inconnu de la scène politique zambienne. Agé de 53 ans, ce brillant avocat a d’abord servi sous l'ancien régime de Kenneth Kaunda, avant de devenir le premier vice-président de Frederick Chiluba en 1991, lors des premières élections pluralistes de Zambie. Il s'était retiré de ce poste en 1994, pour protester contre la complaisance et le laxisme du gouvernement à l'égard des affaires de corruption et du trafic de drogue. Contrairement à son prédécesseur, Levy Mwanawasa, jouit de l'image d'un homme intègre, même auprès de l'opposition qui lui voue un respect certain pour son honnêteté. Certains opposants le considèrent toutefois comme la marionnette de Chiluba.

Il a d’ores et déjà fait savoir à ceux qui espéraient bénéficier de largesses ou d’avantages ministériels au sein de son gouvernement que «la lune de miel était finie». Sa candidature au sein du parti au pouvoir pourrait redorer le blason du MDD terni par de nombreuses affaire de corruption.

Grièvement blessé dans un accident de la route et hospitalisé pendant près d'un an en Afrique du Sud au début des années 1990 alors qu'il était encore vice-président, Levy Mwanawasa a répété pendant la campagne qu'il avait démissionné de ses fonctions par «amour pour son pays». Ce grave accident a cependant été «récupéré» par une frange de l'opposition et par des médias qui mettent en doute ses capacités à gouverner, tant il aurait été amoindri, souffrant de problèmes amnésiques et de troubles de l'élocution.

Malgré toutes ces polémiques, Levy Mwanawasa est donc devenu mercredi le troisième président de la Zambie, ce pays de plus de 9 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique australe, indépendant depuis 1964 après avoir été protectorat britannique sous le nom de Rhodésie du Nord.

Sa première mission sera de redonner au parti au pouvoir ses lettres de noblesse et de justifier sa réputation de «Monsieur mains propres». On se souvient qu'en avril dernier, le président Chiluba avait vainement tenté de modifier la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Il avait du renoncer à ce projet, cédant à la pression de la rue qui l’accusait de corruption. A l’annonce de la victoire de son dauphin, le président Chiluba a exprimé à la télévision nationale sa «fierté» de léguer une Zambie «pacifique» à son successeur.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 02/01/2002