Environnement
Opération «arche de Noé»
C’est un transfert de population animale hors du commun qui aura lieu dans quelques mois. Parmi d'autres animaux, près de 200 éléphants vont rejoindre l'Angola par bateau, pour être relâchés dans le parc de Quiçama. Ces éléphants viennent du nord du Botswana, où la situation est proche du surpeuplement.
Ils sont une centaine. Des éléphants, mais aussi des gnous, des zèbres, des girafes, des autruches. Et ils se préparent à un long voyage : du nord du Botswana, ou du bush sud-africain vers les côtes angolaises. Date de départ: été 2002. Destination: le parc de Quiçama, une réserve naturelle située dans l'ouest Angolais, près des côtes, à 70 kilomètres de Luanda. Pour jouer le rôle principal de cette aventure, la fondation Kissama, qui organise le périple a recruté 200 éléphants, venus du nord du Botswana. Elle n'en est pas à son coup d'essai: les premiers transferts ont eu lieu il y a deux ans, mais cette fois l'opération est une véritable superproduction et cette «Arche de Noé» a des allures de peplum.
Côté botswanais, c'est une aubaine. Le nord du pays est surpeuplé d'éléphants. La population atteint (estime-t-on) quelque 120 mille membres. C'est 70 000 de plus que ce que la région pourrait supporter, et la nourriture du coup vient à manquer. La vie des groupes est perturbée: impossible, par exemple, de suivre les routes migratoires habituelles. Cela rend les animaux nerveux et la circulation à leur abord dangereuse.
20 000 hectares pour accueillir les éléphants
Cette situation de surpeuplement est venue rencontrer un besoin inverse en Angola: celui de repeupler les parcs nationaux qui ont été dévastés par 25 ans de guerre civile, et notamment le parc de Quiçama, très ancien (il a été constitué en réserve en 1938) mais vidé de ses occupants. Selon certains spécialistes seules les plus petites espèces ont réussi à survivre, et encore dans quelques poches isolées. Il y avait également des activités agricoles avant la guerre: des milliers d'hectares de coton, quelque 25 000 têtes de bétail. Tout cela n'existe plus : Quiçama est quasiment revenu au stade sauvage.
Une zone de 20 000 hectares a été réservée aux éléphants, zone grillagée, des gardiens ont été recrutés. La fondation espère que les éléphants seront à l'abri des combats, dans cette partie du pays sous contrôle gouvernemental. Ce serait tout un symbole, celui d'une avancée vers la normalisation. Déjà, quand les Iliouchine 76, des avions géants, avaient débarqué les premiers animauX en septembre 2000, beaucoup d'Angolais étaient venus les accueillir. Emotion chez les plus anciens : cela faisait 25 ans qu'ils n'avaient pas vu d'éléphants.
Pour ce qui est du convoyage lui-même, les plans de bataille sont déjà prêts: l'éléphant, une fois capturé dans le bush, sera logé dans un très gros container, puis transporté par route jusqu'au port de Walvis Bay, en Namibie, où il embarquera. C'est à ce point précis que se trouve le véritable problème, au moment de l'embarquement et du débarquement des éléphants. La solution ? Un éléphant, après tout, ce n'est jamais (en terme de volume) qu'un gros tank, la fondation va donc utiliser des bateaux de l'armée. «Nous envisageons de débarquer les éléphants directement sur les plages à partir de péniches militaires de débarquement», explique le professeur Wouter van Hoven, le responsable de la Fondation.
Cette opération, enfin, qui est menée conjointement par des Sud-Africains et des Angolais, se déroule dans un contexte polémique sur le rôle de l'Afrique du Sud dans la protection de l'espèce. Sur la scène internationale, les sud-africains se présentent comme des protecteurs des éléphants. «Double jeu», affirment certains, comme Pierre Pfeffer, spécialiste des grands mammifères au CNRS. «C'est pour mieux se concilier la communauté internationale et protéger leurs intérêts commerciaux dans le commerce de l'Ivoire». L'Afrique du Sud a réobtenu en 1997 le droit de vendre de l'Ivoire selon certains quotas.
Côté botswanais, c'est une aubaine. Le nord du pays est surpeuplé d'éléphants. La population atteint (estime-t-on) quelque 120 mille membres. C'est 70 000 de plus que ce que la région pourrait supporter, et la nourriture du coup vient à manquer. La vie des groupes est perturbée: impossible, par exemple, de suivre les routes migratoires habituelles. Cela rend les animaux nerveux et la circulation à leur abord dangereuse.
20 000 hectares pour accueillir les éléphants
Cette situation de surpeuplement est venue rencontrer un besoin inverse en Angola: celui de repeupler les parcs nationaux qui ont été dévastés par 25 ans de guerre civile, et notamment le parc de Quiçama, très ancien (il a été constitué en réserve en 1938) mais vidé de ses occupants. Selon certains spécialistes seules les plus petites espèces ont réussi à survivre, et encore dans quelques poches isolées. Il y avait également des activités agricoles avant la guerre: des milliers d'hectares de coton, quelque 25 000 têtes de bétail. Tout cela n'existe plus : Quiçama est quasiment revenu au stade sauvage.
Une zone de 20 000 hectares a été réservée aux éléphants, zone grillagée, des gardiens ont été recrutés. La fondation espère que les éléphants seront à l'abri des combats, dans cette partie du pays sous contrôle gouvernemental. Ce serait tout un symbole, celui d'une avancée vers la normalisation. Déjà, quand les Iliouchine 76, des avions géants, avaient débarqué les premiers animauX en septembre 2000, beaucoup d'Angolais étaient venus les accueillir. Emotion chez les plus anciens : cela faisait 25 ans qu'ils n'avaient pas vu d'éléphants.
Pour ce qui est du convoyage lui-même, les plans de bataille sont déjà prêts: l'éléphant, une fois capturé dans le bush, sera logé dans un très gros container, puis transporté par route jusqu'au port de Walvis Bay, en Namibie, où il embarquera. C'est à ce point précis que se trouve le véritable problème, au moment de l'embarquement et du débarquement des éléphants. La solution ? Un éléphant, après tout, ce n'est jamais (en terme de volume) qu'un gros tank, la fondation va donc utiliser des bateaux de l'armée. «Nous envisageons de débarquer les éléphants directement sur les plages à partir de péniches militaires de débarquement», explique le professeur Wouter van Hoven, le responsable de la Fondation.
Cette opération, enfin, qui est menée conjointement par des Sud-Africains et des Angolais, se déroule dans un contexte polémique sur le rôle de l'Afrique du Sud dans la protection de l'espèce. Sur la scène internationale, les sud-africains se présentent comme des protecteurs des éléphants. «Double jeu», affirment certains, comme Pierre Pfeffer, spécialiste des grands mammifères au CNRS. «C'est pour mieux se concilier la communauté internationale et protéger leurs intérêts commerciaux dans le commerce de l'Ivoire». L'Afrique du Sud a réobtenu en 1997 le droit de vendre de l'Ivoire selon certains quotas.
par Laurent Correau
Article publié le 03/01/2002