Epidémie
La «progression lente» de la fièvre Ebola
Le dernier bilan de la fièvre Ebola qui sévit en Afrique centrale s'élève à 54 morts, selon l'Organisation mondiale de la Santé. Depuis le début de l'épidémie à la fin de 2001, au Gabon, 42 personnes sont mortes dans le nord-est du pays autour de la ville de Mékambo (650 km à l’est de Libreville) tandis que douze autre décès ont été recensés en République démocratique du Congo. Un progression lente, selon Hervé Zeller, directeur du Centre national de références des fièvres hémorragiques virales.
RFI : Selon ce bilan, estimez-vous que l’épidémie est stationnaire ?
Hervé Zeller : C’est une progression lente puisque l’incubation est d’une semaine. Ce sont des chaînes de transmission qui perdurent mais on n’a pas de phénomène de contamination massive. Cela reste encore relativement limité même s’il faut éviter une propagation plus importante. L’épidémie a démarré fin octobre, cela fait déjà trois mois et demi que ça dure. Le nombre de cas n’est pas énorme mais il est lié à une densité de population qui est faible dans la zone. Ce que l’on risque, c’est surtout les cas de propagation de personnes qui pourraient quitter cette zone et propager le virus dans de grandes villes. L’épidémie s’est propagée parce qu’il n’y avait plus de programme de surveillance. Il faut couper la chaîne de transmission et pour cela, dès que l’on est en présence de cas suspects, il faut les visiter chaque jour ou les isoler des autres membres de la famille, le cas échéant.
RFI : Pourquoi est-il difficile de circonscrire le virus ?
H..Z : Le virus circule dans la zone de grands primates, où l’on trouve des gorilles et des chimpanzés. Ces animaux sont sensibles comme l’homme et peuvent donner des signes de fièvre hémorragique. Les personnes qui évoluent dans cette zone forestière sont essentiellement des chasseurs. Ils peuvent être contaminés en manipulant un singe mort ou moribond, ou en dépeçant le primate. Ensuite, le virus devient contagieux quand la personne est en phase de fièvre et présente des signes cliniques importants d’hémorragie. A ce moment, cela devient contagieux. Après, le fait même de toucher la personne en phase de contagion importante peut permettre une transmission directe du virus d’une personne infectée à une personne saine.
RFI : Quel est le meilleur moyen de lutter contre le virus Ebola ?
H. Z : C’est de protéger l’entourage et de l’empêcher d’avoir des contacts avec une personne contagieuse en utilisant des protections appropriées comme des gants ou le port de vêtements particuliers. La personne chargée de s’occuper d’un patient contaminé est elle-même protégée par ce matériel. La province touchée est celle de l’Ogooué Ivindo qui a déjà connu des épidémies par le passé comme en 1994 ou 1996. l’ennui c’est que pour la population locale, il s’agit de sorcellerie ou de mauvais sort. La population croit davantage à une sorte de malédiction qui tomberait sur une famille de chasseurs par exemple. Du coup, comme le nombre de cas est relativement peu important ; les gens ne considèrent pas Ebola comme une maladie. Il s’agit avant tout pour eux de sorcellerie. Lorsque nous étions sur place, le Gabon était en période électorale. Et le gouvernement a annulé les élections la veille du deuxième tour et cela a été mal ressenti par la population qui scandait des slogans comme «Votez Ebola !» ou «Ebola n’existe pas». Ce qui reste important pour nous les chercheurs aujourd’hui c’est de trouver le «réservoir» de ce virus dans la forêt équatoriale.
Hervé Zeller : C’est une progression lente puisque l’incubation est d’une semaine. Ce sont des chaînes de transmission qui perdurent mais on n’a pas de phénomène de contamination massive. Cela reste encore relativement limité même s’il faut éviter une propagation plus importante. L’épidémie a démarré fin octobre, cela fait déjà trois mois et demi que ça dure. Le nombre de cas n’est pas énorme mais il est lié à une densité de population qui est faible dans la zone. Ce que l’on risque, c’est surtout les cas de propagation de personnes qui pourraient quitter cette zone et propager le virus dans de grandes villes. L’épidémie s’est propagée parce qu’il n’y avait plus de programme de surveillance. Il faut couper la chaîne de transmission et pour cela, dès que l’on est en présence de cas suspects, il faut les visiter chaque jour ou les isoler des autres membres de la famille, le cas échéant.
RFI : Pourquoi est-il difficile de circonscrire le virus ?
H..Z : Le virus circule dans la zone de grands primates, où l’on trouve des gorilles et des chimpanzés. Ces animaux sont sensibles comme l’homme et peuvent donner des signes de fièvre hémorragique. Les personnes qui évoluent dans cette zone forestière sont essentiellement des chasseurs. Ils peuvent être contaminés en manipulant un singe mort ou moribond, ou en dépeçant le primate. Ensuite, le virus devient contagieux quand la personne est en phase de fièvre et présente des signes cliniques importants d’hémorragie. A ce moment, cela devient contagieux. Après, le fait même de toucher la personne en phase de contagion importante peut permettre une transmission directe du virus d’une personne infectée à une personne saine.
RFI : Quel est le meilleur moyen de lutter contre le virus Ebola ?
H. Z : C’est de protéger l’entourage et de l’empêcher d’avoir des contacts avec une personne contagieuse en utilisant des protections appropriées comme des gants ou le port de vêtements particuliers. La personne chargée de s’occuper d’un patient contaminé est elle-même protégée par ce matériel. La province touchée est celle de l’Ogooué Ivindo qui a déjà connu des épidémies par le passé comme en 1994 ou 1996. l’ennui c’est que pour la population locale, il s’agit de sorcellerie ou de mauvais sort. La population croit davantage à une sorte de malédiction qui tomberait sur une famille de chasseurs par exemple. Du coup, comme le nombre de cas est relativement peu important ; les gens ne considèrent pas Ebola comme une maladie. Il s’agit avant tout pour eux de sorcellerie. Lorsque nous étions sur place, le Gabon était en période électorale. Et le gouvernement a annulé les élections la veille du deuxième tour et cela a été mal ressenti par la population qui scandait des slogans comme «Votez Ebola !» ou «Ebola n’existe pas». Ce qui reste important pour nous les chercheurs aujourd’hui c’est de trouver le «réservoir» de ce virus dans la forêt équatoriale.
par Propos recueillis par Sylvie Berruet
Article publié le 12/02/2002 Dernière mise à jour le 28/04/2008 à 16:35 TU