Portugal
Victoire de la droite
Le parti socialiste est désormais dans l’opposition. Les Portugais ont en effet donné une majorité dimanche au PSD (Parti social démocrate) de centre-droit, dirigé par José Manuel Durão Barroso, probable futur Premier ministre : encore faudra t- il que celui-ci trouve les moyens d’asseoir solidement son gouvernement.
De notre correspondante au Portugal
Contrairement à ce qu’a réclamé durant toute la campagne celui qui n’était alors que le favori du scrutin, les électeurs ne lui ont pas donné une majorité absolue. Tant sans faut. Le PSD a obtenu, avec 40,12 % des suffrages, 102 sièges dans la prochaine Assemblée de la République .Et même si les 4 sièges qui reviennent aux Portugais de l’étranger n’ont pas encore été comptabilisés, José Manuel Durão Barroso est loin du compte puisqu’il lui aurait fallu 116 députés pour atteindre le seuil de la majorité absolue.
Les socialistes n’ont pu conserver le pouvoir, mais ils ont réussi le tour de force de talonner leurs adversaires du PSD. D’ailleurs à la seule aune des sondages sortie des urnes, les résultats sont restés longtemps incertains. Il a fallu attendre avant qu’une tendance plus claire ne se dessine. L’attente a d’ailleurs empêché quiconque de manifester trop bruyamment ses réactions. Les socialistes se sont accordés un délai avant de reconnaître leur défaite et féliciter le vainqueur.
Eduardo Ferro Rodrigues, le secrétaire général du PS, ne semblait pas troublé outre mesure. Il a, c’est vrai, obtenu ses galons de véritable chef de file au terme d’une campagne menée tambour battant. Celui que l’on surnomme gentiment «féfé » s’est révélé être un homme politique efficace, convaincu et déterminé, au solide sens de l’humour teinté d’ironie pour désamorcer les crispations. Ferro Rodrigues a tout simplement évité une déroute à son parti. Et même lavé l’affront de la cuisante défaite infligée aux municipales de décembre dernier. Il a déjà fait savoir qu’il se présentera à sa propre succession à la tête du PS lors d’un prochain congrès socialiste dans les six mois. Ferro Rodrigues a entre les mains la possibilité de réconcilier les différentes tendances au sein de son propre parti.
La soif du changement
Le PSD n’a qu’une orange – la couleur de ce parti- un peu amère à offrir aux Portugais qui n’ont pas voulu lui donner la majorité absolue. C’est donc vers la droite, vers le CDS-PP que vont se tourner les sociaux démocrates pour soit constituer une coalition, soit négocier une entente. Paulo Portas, le Leader du Parti Populaire n’a jamais été aussi prêt de pouvoir entrer au gouvernement. Il en a en tout cas envie, très envie, et sait qu’il est en mesure de faire pencher la balance en sa faveur. Son parti qui a parfaitement bien résisté á l’érosion de la bipolarisation avec 14 députés dans la nouvelle assemblée, appartient à la famille démocrate chrétienne. Le populisme sur lequel se repose Paulo Portas, davantage par besoin que par conviction dit-on, est sans aucun doute un handicap aux yeux de Durão Barroso.
Frères ennemis obligés, les deux hommes ne s’apprécient guère et sont opposés sur des thèmes comme la sécurité, l’immigration et l’Europe. Au sein du PSD les divergences sur la manière d’arriver à former le gouvernement divisent déjà, avant même que ne soient remisées les urnes électorales. Coalition, alliance et même gouvernement minoritaire : tous ces cas de figure vont faire l’objet d’intenses tractations.
Il faudra peut-être attendre un mois avant que ne soit constitué le nouveau gouvernement portugais. Dès cette semaine, le président Jorge Sampaio va entendre les leaders des principaux partis. Il doit choisir un Premier ministre en tenant compte du résultat des élections. Le chef de l’État ne souhaite pas un gouvernement minoritaire, il l’a dit à plusieurs reprises, conscient de la crise que traverse son pays. Par ailleurs, ce socialiste qui incarne l’aile gauche de son parti n’est guère favorable à une coalition de droite à la tête du pays. Pour contourner le problème, certains analystes évoquaient une alliance PSD-PS. Elle a cependant peu de chances d’aboutir même si une telle conjonction pourrait être séduisante entre centre-gauche et centre-droit.
Le Portugal a donc devant lui plusieurs hypothèses. La première, celle de se voir diriger par un gouvernement minoritaire incapable d’imposer des changements impératifs. Une seconde , qui celle de voir se former une coalition PSD-PP, et les dérives droitières qui peuvent en découler. Enfin une dernière hypothèse, celle d’entrer dans une phase d’instabilité que personne ne souhaite. Une seule certitude : la constitution interdit une dissolution dans les six prochains mois.
A écouter aussi :
José Manuel Fernandes
Directeur du quotidien portugais Publico au micro de Michèle Gayral. (18/03/2002)
Dominique de Courcelles
Journaliste à RFI, invitée de la rédaction le 18/03/2002, pour parler de la montée de la droite en Europe.
Contrairement à ce qu’a réclamé durant toute la campagne celui qui n’était alors que le favori du scrutin, les électeurs ne lui ont pas donné une majorité absolue. Tant sans faut. Le PSD a obtenu, avec 40,12 % des suffrages, 102 sièges dans la prochaine Assemblée de la République .Et même si les 4 sièges qui reviennent aux Portugais de l’étranger n’ont pas encore été comptabilisés, José Manuel Durão Barroso est loin du compte puisqu’il lui aurait fallu 116 députés pour atteindre le seuil de la majorité absolue.
Les socialistes n’ont pu conserver le pouvoir, mais ils ont réussi le tour de force de talonner leurs adversaires du PSD. D’ailleurs à la seule aune des sondages sortie des urnes, les résultats sont restés longtemps incertains. Il a fallu attendre avant qu’une tendance plus claire ne se dessine. L’attente a d’ailleurs empêché quiconque de manifester trop bruyamment ses réactions. Les socialistes se sont accordés un délai avant de reconnaître leur défaite et féliciter le vainqueur.
Eduardo Ferro Rodrigues, le secrétaire général du PS, ne semblait pas troublé outre mesure. Il a, c’est vrai, obtenu ses galons de véritable chef de file au terme d’une campagne menée tambour battant. Celui que l’on surnomme gentiment «féfé » s’est révélé être un homme politique efficace, convaincu et déterminé, au solide sens de l’humour teinté d’ironie pour désamorcer les crispations. Ferro Rodrigues a tout simplement évité une déroute à son parti. Et même lavé l’affront de la cuisante défaite infligée aux municipales de décembre dernier. Il a déjà fait savoir qu’il se présentera à sa propre succession à la tête du PS lors d’un prochain congrès socialiste dans les six mois. Ferro Rodrigues a entre les mains la possibilité de réconcilier les différentes tendances au sein de son propre parti.
La soif du changement
Le PSD n’a qu’une orange – la couleur de ce parti- un peu amère à offrir aux Portugais qui n’ont pas voulu lui donner la majorité absolue. C’est donc vers la droite, vers le CDS-PP que vont se tourner les sociaux démocrates pour soit constituer une coalition, soit négocier une entente. Paulo Portas, le Leader du Parti Populaire n’a jamais été aussi prêt de pouvoir entrer au gouvernement. Il en a en tout cas envie, très envie, et sait qu’il est en mesure de faire pencher la balance en sa faveur. Son parti qui a parfaitement bien résisté á l’érosion de la bipolarisation avec 14 députés dans la nouvelle assemblée, appartient à la famille démocrate chrétienne. Le populisme sur lequel se repose Paulo Portas, davantage par besoin que par conviction dit-on, est sans aucun doute un handicap aux yeux de Durão Barroso.
Frères ennemis obligés, les deux hommes ne s’apprécient guère et sont opposés sur des thèmes comme la sécurité, l’immigration et l’Europe. Au sein du PSD les divergences sur la manière d’arriver à former le gouvernement divisent déjà, avant même que ne soient remisées les urnes électorales. Coalition, alliance et même gouvernement minoritaire : tous ces cas de figure vont faire l’objet d’intenses tractations.
Il faudra peut-être attendre un mois avant que ne soit constitué le nouveau gouvernement portugais. Dès cette semaine, le président Jorge Sampaio va entendre les leaders des principaux partis. Il doit choisir un Premier ministre en tenant compte du résultat des élections. Le chef de l’État ne souhaite pas un gouvernement minoritaire, il l’a dit à plusieurs reprises, conscient de la crise que traverse son pays. Par ailleurs, ce socialiste qui incarne l’aile gauche de son parti n’est guère favorable à une coalition de droite à la tête du pays. Pour contourner le problème, certains analystes évoquaient une alliance PSD-PS. Elle a cependant peu de chances d’aboutir même si une telle conjonction pourrait être séduisante entre centre-gauche et centre-droit.
Le Portugal a donc devant lui plusieurs hypothèses. La première, celle de se voir diriger par un gouvernement minoritaire incapable d’imposer des changements impératifs. Une seconde , qui celle de voir se former une coalition PSD-PP, et les dérives droitières qui peuvent en découler. Enfin une dernière hypothèse, celle d’entrer dans une phase d’instabilité que personne ne souhaite. Une seule certitude : la constitution interdit une dissolution dans les six prochains mois.
A écouter aussi :
José Manuel Fernandes
Directeur du quotidien portugais Publico au micro de Michèle Gayral. (18/03/2002)
Dominique de Courcelles
Journaliste à RFI, invitée de la rédaction le 18/03/2002, pour parler de la montée de la droite en Europe.
par Marie-Line Darcy
Article publié le 18/03/2002