France: présidentielle 2002
Les «petits» candidats se montrent et montent
Depuis le 5 avril, date du début de la campagne officielle, les seize prétendants à l’Elysée disposent du même temps de parole dans les médias. Est-ce pour cela que les intentions de vote augmentent en faveur de certains «petits» candidats ? Questions posées à Jean-Luc Parodi, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques et chercheur au Centre d’étude de la vie politique française (CEVIPOF).
RFI : Quel est l’impact de l’égalité du temps de parole, depuis le début de la campagne officielle, sur les intentions de vote des Français ?
Jean-Luc Parodi : L’impact est très grand et en même temps limité ! Très grand car on voit et on entend mieux maintenant les «petits» candidats. Jusque là ils étaient pour l’essentiel invisibles, inaudibles. Résultat : c’est que même s’ils sont tous à des niveaux faibles, ils progressent et naturellement comme ils progressent, ce sont les deux« grands» candidats, en quelque sorte déjà pré-qualifiés, qui en subissent le choc. De ce point de vu là, il y a donc un recul des «grands» qui payent le prix de leur pré-qualification et une montée de tous les «petits».
RFI : Peut-on affirmer que les «petits» candidats profitent de ce droit d’expression égale ?
JLP : Les «petits» candidats tirent, bien sûr, profit de ce droit. Dans l’histoire de cette campagne électorale, il y a d’abord les deux «grands» que l’on connaît depuis très longtemps et qui partent avec des scores élevés, ensuite il y a le phénomène «Chevènement» qui est le phénomène de quelqu’un que l’on connaît déjà et qui joue un certain rôle, ensuite on voit apparaître des «installés» comme Arlette Laguiller ou Jean-Marie Le Pen et enfin ceux que l’on ne voyait jusqu’alors pas et qui viennent concurrencer à la fois les «grands» mais aussi les «installés» dans leur espace. Par exemple : Bruno Mégret pour Jean-Marie Le Pen ou Olivier Besancenot pour Arlette Laguiller.
RFI : Les petits candidats peuvent-ils ainsi jouer un rôle déterminant dès le premier tour ?
JLP : Il faut quand même dire que ces candidats progressent mais qu’ils restent quand même «petits». La plupart ne vont pas même avoir l’occasion d’atteindre les 5% qui permettent le remboursement de leurs frais électoraux, donc c’est pourquoi je dis qu’ils sont «petits». Mais en même temps, le total de ces «petits» et «moyens» candidats est de 64% environ dans les enquêtes d’opinion actuelles. Ce chiffre était de 46% en 1981 et 1988 et de 56% en 1995. Jamais on aura vu autant de gens votant pour d’autres candidats que ceux déjà pré-qualifiés. Les deux «grands» candidats vont donc devoir aller chercher une par une, petit pourcentage par petit pourcentage, les voix de tous ces «petits» candidats, qui à leur manière, leur auront montré que même «petits» ils existaient dans le paysage politique français.
RFI : L’atomisation des intentions de vote leur est-elle plus favorable qu’aux deux challengers ?
JLP : Incontestablement elle est favorable aux «petits» candidats. Depuis une quinzaine d’années, nous avons une tendance de l’atomisation de la vie politique française ; elle a d’ailleurs été spectaculaire aux élections européennes de 1999. Ce qui est intéressant, c’est que généralement, au premier tour de l’élection présidentielle, il y a, à la fois, une tendance à l’atomisation mais aussi une tendance à «Qui va être qualifié ?». C’est le paradoxe total. Puisqu’ils sont qualifiés, beaucoup d’électeurs pensent qu’ils n’ont pas besoin de voter pour Lionel Jospin ou Jacques Chirac au premier tour et ceci pourrait éventuellement provoquer un effet pervers total.
Jean-Luc Parodi : L’impact est très grand et en même temps limité ! Très grand car on voit et on entend mieux maintenant les «petits» candidats. Jusque là ils étaient pour l’essentiel invisibles, inaudibles. Résultat : c’est que même s’ils sont tous à des niveaux faibles, ils progressent et naturellement comme ils progressent, ce sont les deux« grands» candidats, en quelque sorte déjà pré-qualifiés, qui en subissent le choc. De ce point de vu là, il y a donc un recul des «grands» qui payent le prix de leur pré-qualification et une montée de tous les «petits».
RFI : Peut-on affirmer que les «petits» candidats profitent de ce droit d’expression égale ?
JLP : Les «petits» candidats tirent, bien sûr, profit de ce droit. Dans l’histoire de cette campagne électorale, il y a d’abord les deux «grands» que l’on connaît depuis très longtemps et qui partent avec des scores élevés, ensuite il y a le phénomène «Chevènement» qui est le phénomène de quelqu’un que l’on connaît déjà et qui joue un certain rôle, ensuite on voit apparaître des «installés» comme Arlette Laguiller ou Jean-Marie Le Pen et enfin ceux que l’on ne voyait jusqu’alors pas et qui viennent concurrencer à la fois les «grands» mais aussi les «installés» dans leur espace. Par exemple : Bruno Mégret pour Jean-Marie Le Pen ou Olivier Besancenot pour Arlette Laguiller.
RFI : Les petits candidats peuvent-ils ainsi jouer un rôle déterminant dès le premier tour ?
JLP : Il faut quand même dire que ces candidats progressent mais qu’ils restent quand même «petits». La plupart ne vont pas même avoir l’occasion d’atteindre les 5% qui permettent le remboursement de leurs frais électoraux, donc c’est pourquoi je dis qu’ils sont «petits». Mais en même temps, le total de ces «petits» et «moyens» candidats est de 64% environ dans les enquêtes d’opinion actuelles. Ce chiffre était de 46% en 1981 et 1988 et de 56% en 1995. Jamais on aura vu autant de gens votant pour d’autres candidats que ceux déjà pré-qualifiés. Les deux «grands» candidats vont donc devoir aller chercher une par une, petit pourcentage par petit pourcentage, les voix de tous ces «petits» candidats, qui à leur manière, leur auront montré que même «petits» ils existaient dans le paysage politique français.
RFI : L’atomisation des intentions de vote leur est-elle plus favorable qu’aux deux challengers ?
JLP : Incontestablement elle est favorable aux «petits» candidats. Depuis une quinzaine d’années, nous avons une tendance de l’atomisation de la vie politique française ; elle a d’ailleurs été spectaculaire aux élections européennes de 1999. Ce qui est intéressant, c’est que généralement, au premier tour de l’élection présidentielle, il y a, à la fois, une tendance à l’atomisation mais aussi une tendance à «Qui va être qualifié ?». C’est le paradoxe total. Puisqu’ils sont qualifiés, beaucoup d’électeurs pensent qu’ils n’ont pas besoin de voter pour Lionel Jospin ou Jacques Chirac au premier tour et ceci pourrait éventuellement provoquer un effet pervers total.
par Propos recueillis par Clarisse VERNHES
Article publié le 17/04/2002