Pays-Bas
Vote en état de choc
12 millions d’électeurs néerlandais sont appelés à élire leurs députés dans un climat marqué par l’assassinat du leader populiste et xénophobe Pim Fortuyn. Dans ce contexte sa formation est assurée d’obtenir une représentation à l’Assemblée, voire même d’être appelée à participer au prochain gouvernement.
Ce scrutin législatif risque fort d’être parasité par la disparition du leader populiste Pim Fortuyn, assassiné le 6 mai au sortir d’une émission de radio. Fortement médiatisées, les obsèques de Pim Fortuyn ont pris des allures de communion nationale à laquelle ont participé des dizaines de milliers de citoyens sincèrement bouleversés. Le premier ministre, le travailliste Wim Kok, ainsi qu’un représentant de la reine Beatrix ont assisté aux funérailles. La sidération qui s’est emparée de la classe politique a pratiquement «gelé» la campagne jusqu’au week-end précédant le scrutin. La tournure dramatique prise par les événements pourrait donc lourdement peser sur le vote des électeurs, comme en attestent les tout derniers sondages qui accordent généreusement 18,5% des suffrages à la «Liste Pim Fortuyn». Cela signifierait l’entrée spectaculaire de 28 députés d’extrême droite, sur 150 sièges, au Parlement néerlandais. Cas de figure inédit dans cette petite monarchie constitutionnelle où, compte tenu du mode de scrutin proportionnel à un tour, toute logique gouvernementale passe forcément, et c’est une donnée historique incontournable, par la constitution d’une majorité législative, et donc d’une coalition. Confrontée à l’usure du pouvoir l’équipe sortante de centre-gauche n’a pas le vent en poupe. En conséquence l’idée d’un regroupement des forces de centre-droit, intégrant les élus de la fameuse «liste» et ouvrant la voie à l’entrée de ministres d’extrême droite au gouvernement n’est pas une simple hypothèse d’école.
Dépérissement des services publics
Ce succès prévisible ne doit toutefois pas occulter le fait que la «Liste Pim Fortuyn» n’est pas un parti politique structuré et qu’il ne dispose d’aucune expérience en la matière. La situation créée par la disparition du leader a plongé la formation dans l’embarras d’une succession qui ne peut qu’aiguiser les appétits des candidats à la reprise d’une entreprise, pour le moment, florissante. Il est trop tôt pour parler d’une guerre de succession, mais on notera que celui qui était présenté comme l’héritier spirituel du défunt, Joao Varela, un jeune homme de 27 ans d’origine capverdienne, a été écarté au profit d’un homme d’affaires de 53 ans, Peter Langeman.
Cette situation, lourde d’incertitude pour l’avenir du pays, ne préjuge en rien de la popularité des thèmes développés par la «Liste». A certains égards, au vu du recentrage des thèmes de campagne sur les questions d’immigration et d’insécurité, on peut dire que Pim Fortuyn a déjà gagné. En étalant sans complexe sa xénophobie, essentiellement islamophobe, sur la place publique, il a contribué à légitimer un débat dont la pertinence reste à démontrer. Les Pays-Bas sont prospères avec un taux de chômage à 2,5%, parmi les plus bas d’Europe (ce taux grimpe toutefois à 11% pour les personnes d’origine étrangère). Selon le quotidien Volkskrant, le revenu des ménages a progressé de plus de 20% au cours de ces 8 dernières années de gestion socio-libérale. 90% des jeunes Néerlandais de souche obtiennent l’équivalent local du baccalauréat, contre 84% pour les enfants d’immigrés. Sur 16 millions d’habitants vivant dans le pays, seuls 4,2% n’étaient pas Néerlandais fin 2000.
Pourtant, ce qui est sûr en revanche, c’est qu’on observe ici le même phénomène que dans les autres pays de l’Union Européenne : les gens ont peur du lent dépérissement de leurs services publics. Les investissements consentis dans les domaines de l’Education et de la Santé n’ont pas suivi une évolution comparable à ceux du secteur privé. Le personnel médical qualifié devient rare et 10% des postes d’enseignants ne sont pas pourvus. Et à l’évidence, l’offre politique des partis traditionnels, de droite comme de gauche, n’inspire aucune perspective de changement, et encore moins de rupture, vis à vis de la culture ultra-libérale et mondialiste. Restait à présenter des candidats atypiques, aux programmes démagogiques. Ce que l’extrême droite sait faire mieux que quiconque. Mercredi, à l’issue du vote, on mesurera aussi la compassion causée par le martyre de Pim Fortuyn.
Dépérissement des services publics
Ce succès prévisible ne doit toutefois pas occulter le fait que la «Liste Pim Fortuyn» n’est pas un parti politique structuré et qu’il ne dispose d’aucune expérience en la matière. La situation créée par la disparition du leader a plongé la formation dans l’embarras d’une succession qui ne peut qu’aiguiser les appétits des candidats à la reprise d’une entreprise, pour le moment, florissante. Il est trop tôt pour parler d’une guerre de succession, mais on notera que celui qui était présenté comme l’héritier spirituel du défunt, Joao Varela, un jeune homme de 27 ans d’origine capverdienne, a été écarté au profit d’un homme d’affaires de 53 ans, Peter Langeman.
Cette situation, lourde d’incertitude pour l’avenir du pays, ne préjuge en rien de la popularité des thèmes développés par la «Liste». A certains égards, au vu du recentrage des thèmes de campagne sur les questions d’immigration et d’insécurité, on peut dire que Pim Fortuyn a déjà gagné. En étalant sans complexe sa xénophobie, essentiellement islamophobe, sur la place publique, il a contribué à légitimer un débat dont la pertinence reste à démontrer. Les Pays-Bas sont prospères avec un taux de chômage à 2,5%, parmi les plus bas d’Europe (ce taux grimpe toutefois à 11% pour les personnes d’origine étrangère). Selon le quotidien Volkskrant, le revenu des ménages a progressé de plus de 20% au cours de ces 8 dernières années de gestion socio-libérale. 90% des jeunes Néerlandais de souche obtiennent l’équivalent local du baccalauréat, contre 84% pour les enfants d’immigrés. Sur 16 millions d’habitants vivant dans le pays, seuls 4,2% n’étaient pas Néerlandais fin 2000.
Pourtant, ce qui est sûr en revanche, c’est qu’on observe ici le même phénomène que dans les autres pays de l’Union Européenne : les gens ont peur du lent dépérissement de leurs services publics. Les investissements consentis dans les domaines de l’Education et de la Santé n’ont pas suivi une évolution comparable à ceux du secteur privé. Le personnel médical qualifié devient rare et 10% des postes d’enseignants ne sont pas pourvus. Et à l’évidence, l’offre politique des partis traditionnels, de droite comme de gauche, n’inspire aucune perspective de changement, et encore moins de rupture, vis à vis de la culture ultra-libérale et mondialiste. Restait à présenter des candidats atypiques, aux programmes démagogiques. Ce que l’extrême droite sait faire mieux que quiconque. Mercredi, à l’issue du vote, on mesurera aussi la compassion causée par le martyre de Pim Fortuyn.
par Georges Abou
Article publié le 14/05/2002