Australie
La dépression des demandeurs d’asile
Après enquête dans 5 centres de détention en Australie, les experts de l’ONU dénoncent les conditions de vie et l’état dépressif des demandeurs d’asile. L’émissaire des Nations Unies met directement en cause la politique d’immigration du gouvernement australien. Philip Ruddock, ministre de l’Immigration, rejette l’ensemble des critiques et répond point par point.
De notre correspondante à Melbourne
Lors d’une conférence de presse, le 6 juin dernier, l’émissaire de l’ONU, Louis Joinet, à la tête d’une mission d’inspection sur la détention arbitraire, s’inquiète de plusieurs phénomènes marquants observés dans les centres de détention en Australie. Tout d’abord, l’état dépressif de nombreux détenus. «Un état, qui peut être très certainement attribué aux conditions de détention et à l’incertitude permanente dans lesquelles vivent les demandeurs d’asile, et qui les conduisent à des actes d’automutilations et des tentatives de suicide», annonce M. Joinet. Le magistrat français, s’inquiète par ailleurs de la longueur des procédures d’appel et du manque d’informations données aux détenus. Certains sont en procédure depuis près de cinq ans. Le représentant de l’ONU remarque que «même les criminels connaissent la date de leur remise en liberté».
L’enquête aborde aussi la responsabilité de la politique d’immigration du gouvernement australien qui maintient en détention des personnes «vulnérables» : bébés, enfants, femmes enceintes, personnes handicapées ou âgées. Enfin, les experts de l’ONU s’interrogent sur la pertinence d’une gestion des centres de détention confiés à des sociétés de surveillance privées. Celles-ci étant financièrement responsables pour toute évasion, la discipline au sein des centres semble particulièrement sévère : comptage 4 fois par jour, utilisation de menottes, de gaz lacrymogènes ou d’escadrons anti-émeutes.
«les détenus utilisent l'auto-mutilation»
Philip Ruddock a répondu point par point aux mises en cause du représentant de l’ONU. Il nie existence d’un «état de dépression collective». «Certains cas isolés sont à noter», admet-il, « mais, pour la plupart, les détenus utilisent l’auto-mutilation pour influencer le traitement de leur demande d’asile». En ce qui concerne la longueur des détentions, M. Ruddock évoque le manque de coopération de certains détenus qui refusent de donner tous leurs documents d’identification. «Quand à la procédure d’appel, elle dépend du système judiciaire et n’est plus de la compétence du gouvernement», précise-t-il. Sur le cas des enfants internés, le ministre reconnaît la présence de 14 mineurs non-accompagnés. «La question est de savoir si l’on maintient en détention des adultes arrivés sans leurs enfants tandis qu’on libère ceux qui ont pris le risque d’emmener leur enfants avec eux ?», s’interroge-t-il. A propos de la gestion des centres, Philip Ruddock rejette l’ensemble des critiques et exclut toute modification du mode de fonctionnement actuel.
L’ensemble des conclusions du groupe de travail sur la détention arbitraire dans le monde sera présenté lors de la 59ème session de la Commission des droits de l’homme, en mars 2003.
Lors d’une conférence de presse, le 6 juin dernier, l’émissaire de l’ONU, Louis Joinet, à la tête d’une mission d’inspection sur la détention arbitraire, s’inquiète de plusieurs phénomènes marquants observés dans les centres de détention en Australie. Tout d’abord, l’état dépressif de nombreux détenus. «Un état, qui peut être très certainement attribué aux conditions de détention et à l’incertitude permanente dans lesquelles vivent les demandeurs d’asile, et qui les conduisent à des actes d’automutilations et des tentatives de suicide», annonce M. Joinet. Le magistrat français, s’inquiète par ailleurs de la longueur des procédures d’appel et du manque d’informations données aux détenus. Certains sont en procédure depuis près de cinq ans. Le représentant de l’ONU remarque que «même les criminels connaissent la date de leur remise en liberté».
L’enquête aborde aussi la responsabilité de la politique d’immigration du gouvernement australien qui maintient en détention des personnes «vulnérables» : bébés, enfants, femmes enceintes, personnes handicapées ou âgées. Enfin, les experts de l’ONU s’interrogent sur la pertinence d’une gestion des centres de détention confiés à des sociétés de surveillance privées. Celles-ci étant financièrement responsables pour toute évasion, la discipline au sein des centres semble particulièrement sévère : comptage 4 fois par jour, utilisation de menottes, de gaz lacrymogènes ou d’escadrons anti-émeutes.
«les détenus utilisent l'auto-mutilation»
Philip Ruddock a répondu point par point aux mises en cause du représentant de l’ONU. Il nie existence d’un «état de dépression collective». «Certains cas isolés sont à noter», admet-il, « mais, pour la plupart, les détenus utilisent l’auto-mutilation pour influencer le traitement de leur demande d’asile». En ce qui concerne la longueur des détentions, M. Ruddock évoque le manque de coopération de certains détenus qui refusent de donner tous leurs documents d’identification. «Quand à la procédure d’appel, elle dépend du système judiciaire et n’est plus de la compétence du gouvernement», précise-t-il. Sur le cas des enfants internés, le ministre reconnaît la présence de 14 mineurs non-accompagnés. «La question est de savoir si l’on maintient en détention des adultes arrivés sans leurs enfants tandis qu’on libère ceux qui ont pris le risque d’emmener leur enfants avec eux ?», s’interroge-t-il. A propos de la gestion des centres, Philip Ruddock rejette l’ensemble des critiques et exclut toute modification du mode de fonctionnement actuel.
L’ensemble des conclusions du groupe de travail sur la détention arbitraire dans le monde sera présenté lors de la 59ème session de la Commission des droits de l’homme, en mars 2003.
par Carole Martin
Article publié le 11/06/2002