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France Afrique

Un nouveau «<i>M. Afrique</i>» à l’Elysée

Michel de Bonnecorse, ambassadeur au Maroc six ans durant, a remplacé récemment Michel Dupuch à la tête de la «cellule africaine» de la Présidence de la République.
La cellule africaine de l’Elysée n’a pas échappé au vent de changement qui souffle actuellement sur la diplomatie française. Son titulaire, Michel Dupuch, ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire et proche de l’ancien président Henri Konan Bédié, l’a quittée dès le mois de juin, alors que la crise malgache occupait - et préoccupait - tous les responsables de la politique africaine de la France, à commencer par le ministre des Affaires étrangères. Celui qui avait pris la place de Jacques Foccart auprès du président Jacques Chirac, a discrètement pris sa retraite, au moment où commençait une refonte en profondeur de la diplomatie française, notamment sur le continent africain, et certains diplomates ne voyaient plus la nécessité de maintenir, à l’Elysée, une «cellule» autrefois dirigée par Jacques Foccart du temps de de Gaulle et Pompidou, puis par Guy Penne et Jean-Christophe Mitterrand, durant le double septennat de François Mitterrand.

Villepin : «La puissance coule désormais par les canaux de l’influence plutôt que par ceux de l’autorité»

La fin de la cohabitation et le rôle central que joue de nouveau le palais de l’Elysée, en lien direct avec le ministère des Affaires étrangères, devrait permettre à Jacques Chirac de remodeler à sa guise la présence française en Afrique. Finalement, même si le Quai d’Orsay compte plus que jamais garder la haute main sur tous les continents et les dossiers chauds de la planète, le président de la République a opté pour la continuité. Non seulement il maintient à ses côtés une «cellule africaine» qui fait toujours partie de «l’exception diplomatique» française, mais il a décidé de la confier à un proche collaborateur, qui dans les années 70 a déjà été conseiller diplomatique de Jacques Chirac, lorsque celui-ci était premier ministre.

Michel de Bonnecorse, en effet, fait partie de ces diplomates qui n’ont pratiquement jamais quitté l’Afrique. Il a été ambassadeur au Sénégal, à Madagascar, au Kenya, en Tunisie et tout dernièrement - six années durant - au Maroc. Ce gaulliste de 62 ans peut sans doute compter sur sa proximité avec le tout nouveau directeur de la DGSE, Pierre Brochand, avec lequel il a fait l’ENA ; ainsi que sur les liens qu’il a su tisser tout au long de sa carrière diplomatique avec des «africanistes» présents sur l’ensemble de l’échiquier politique, et tout particulièrement sur les amis du royaume du Maroc.

Mais il devra aussi tenir compte des changements intervenus, ces dernières années, dans la diplomatie française, et surtout d’un acquis qui ne semble pouvoir être remis en cause : l’intégration de l’Afrique dans la sphère des compétences du Quai d’Orsay, désormais dirigé par un ministre partisan d’une certaine forme de «bonapartisme diplomatique» et qui ne cache pas son intention d’intervenir au plus vite dans les conflits en cours ou latents, par le biais notamment d’une «task force» : une sorte de «force d’intervention rapide» diplomatique censée répondre aux nouveaux défis.

«Les voies traditionnelles de la diplomatie n’offrent plus que des réponses partielles», a dit Dominique de Villepin aux ambassadeurs français réunis à Paris. «La puissance coule désormais par les canaux de l’influence plutôt que par ceux de l’autorité». Le ministre des Affaires étrangères souhaite en effet que le Quai d’Orsay devienne «le centre de coordination, d’impulsion et de synthèse de l’action extérieure de l’Etat» afin de «préserver la vision stratégique de la France».




par Elio  Comarin

Article publié le 29/08/2002