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Question basque

Vives réactions à la suspension de Batasuna

Après la suspension par le Parlement espagnol, le 26 août, du parti indépendantiste basque Batasuna, suspecté d’être la vitrine politique de l’organisation terroriste ETA, des militants, des partisans mais aussi un ancien président de la République italienne ont exprimé leur mécontentement.
Même suspendu, Batasuna continue de défier Madrid. En effet, depuis le 26 août, date à laquelle le parti indépendantiste basque, conformément à la décision du juge Garzon, a été interdit pour trois ans, vient d’élire domicile à Bayonne, dans le Sud-Ouest de la France, selon sa page internet.

Mardi 27 août, au lendemain de cette annonce, des centaines de militants ont exprimé leur colère face aux policiers venus fermer les différents sièges sociaux - Bilbao, Vitoria, San Sebastian, Pampelune… - de la formation. Arnaldo Ortegi, le leader du parti indépendantiste, a affirmé que Batasuna poursuivrait ses activités en dépit de l’ordre judiciaire de suspension, tout en abandonnant publiquement son nom. «Nous allons combattre contre l’Etat fasciste et totalitaire. Ces décisions dictatoriales ne nous intimideront pas et nous continuerons de lutter de toutes nos forces», a-t-il déclaré tout en annonçant que la formation allait déposer un recours devant la justice européenne.

Soutien d’un ancien président italien

Du côté du Pays basque français, le porte-parole de Batasuna, Xabi Larralde a assuré que le parti ne passerait pas dans «la clandestinité». «Nous allons continuer notre travail politique (…) Nous allons continuer de faire passer nos idées», a-t-il dit avant d’annoncer la tenue, ce mercredi, de deux manifestations de protestation. La première à 19h, heure française, devant le consulat d’Espagne à Bayonne et la seconde le 7 septembre à Bilbao, en Espagne.

Dans la classe politique espagnole, certains sont circonspects. Ainsi Pascual Maragall, chefs des socialistes catalans a déclaré que cette action n’était pas une «panacée» et qu’il serait «ingénu» de croire qu’elle mettra fin à l’organisation armée. «Il faut davantage», a estimé l’ancien maire de Barcelone en appelant toutefois «à rechercher avec les Basques modérés une solution à la base politique du conflit» au Pays basque. D’autres comme l’ancien président italien, Francesco Cossiga a, en revanche, exprimé sa solidarité aux membres de Batasuna qualifiant notamment le juge Garzon de «staliniste» et le gouvernement espagnol de Jose Maria Aznar de «franquiste».

La France, prudente, a considéré que l’interdiction du parti basque espagnol relevait de la «compétence des seules autorités espagnoles». Les Etats-Unis ont, quant à eux, soutenu ouvertement cette action et exprimé leur accord avec la lutte menée par Madrid contre le terrorisme : «Comme dans toutes démocraties souveraines, les Espagnols ont élu des responsables et les autorités ont le droit légitime et la responsabilité d’agir contre les organisations terroristes» a indiqué le porte-parole du département d’Etat.

Outre la suspension de Batasuna et la fermeture de ses sièges sociaux, le juge Garzon a interdit à la formation de tenir des rassemblements et de participer à des élections pour une durée de trois ans. Néanmoins, les sept représentants de Batasuna au Parlement basque et ses 900 conseillers municipaux élus dans les trois provinces basques et en Navarre sont autorisés à aller au terme de leur mandat.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 28/08/2002