Sahara occidental
Le Conseil de sécurité cherche un nouveau compromis
Le Conseil de sécurité a renouvelé pour six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental. Divisé, le Conseil n'a pu choisir une des quatre options (auto-détermination, autonomie, partition, retrait de l'ONU) proposées par l'envoyé spécial de Kofi Annan, James Baker, qui est sommé de trouver une cinquième voie.
De notre correspondant à New York (Nations Unies)
Au terme d'intenses négociations diplomatiques, le Conseil de sécurité n'a pu que constater mardi l'ampleur de ses divisions sur la question du Sahara occidental. Au lieu de donner à l'ONU une directive claire sur le chemin à suivre pour résoudre un dossier embourbé depuis plus de dix ans, les quinze Etats membres du Conseil se sont contentés dans une résolution de renouveler pour six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), tout en encourageant James Baker, le représentant spécial de Kofi Annan dans la région, à «poursuivre ses efforts (...) pour trouver une solution politique à cette dispute». Alors que l'Algérie, le Front Polisario et le Maroc se réjouissaient publiquement de cette résolution dans laquelle chacun peut lire ce qu'il souhaite voir, de nombreux diplomates du Conseil de sécurité confiaient leur désillusion sur ce dossier empoisonné. «On ne pourra pas sortir de l'impasse tant qu'aucune des deux parties ne fera de concessions», expliquait une diplomate du Conseil. «Le problème c'est que les pays qui soutiennent les deux camps au Conseil sont aussi têtus que les parties elles-mêmes».
En février dernier, Kofi Annan avait pourtant tiré la sonnette d'alarme. Le processus de paix est dans une situation «lugubre» écrivait-il dans un rapport inhabituellement vindicatif, remis au Conseil de sécurité. L'histoire du Sahara occidental lui donne raison. Une guérilla a éclaté en 1976 dans cette ancienne colonie espagnole lorsque le Maroc a annexé ce territoire dont le Front Polisario revendique l’indépendance avec le soutien de l’Algérie. La Minurso s’y est établie en 1991 pour faire respecter un cessez-le-feu et pour organiser un référendum d’autodétermination. Depuis, le processus patine en raison de désaccords irréconciliables entre le Front Polisario et le Maroc sur la composition du corps électoral dont dépend l’issue du scrutin. En juin l'an dernier, l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker avait proposé d’instaurer une autonomie provisoire sous souveraineté marocaine, en attendant l’improbable référendum. Le projet a été combattu avec force par le Front Polisario et l'Algérie qui dénonçaient des visées «intégrationnistes». La situation étant plus bloquée que jamais, Kofi Annan avait demandé au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités en choisissant parmi quatre options.
Quatre options
La première est de reprendre la marche vers le référendum, mais sans plus chercher «l’accord des parties avant d’agir». La seconde était de soumettre au Conseil le projet d’autonomie amendé de manière à satisfaire les deux camps, mais en imposant la solution finale. La troisième option envisageait un partage des terres disputées, et la quatrième, par provocation, un retrait pur et simple de l'ONU. La semaine dernière, les Etats-Unis, soutenus par la France et la Grande-Bretagne, ont rédigé un projet de résolution qui demandait à James Baker de continuer à travailler sur son projet d'autonomie substancielle. Après un lobbying forcené de l'Algérie et du Polisario, relayés par la Russie, ce projet a été enterré au profit d'une résolution qui demande finalement à James Baker de trouver une nouvelle solution et constate «les différences fondamentales» qui déchirent le Conseil de Sécurité sur les quatre options de Kofi Annan.
«Nous sommes tout à fait satisfaits par cette résolution», a déclaré à RFI l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Mohamed Bennouna. «Le Conseil de sécurité donne un mandat très clair à James Baker pour qu'il poursuive ses efforts de médiation pour arriver à une solution politique négociée». Selon un diplomate du Conseil de sécurité, «le Maroc espère en fait que Baker revienne avec un projet d'autonomie un peu remodelé». L'ambassadeur algérien à l'ONU, Abdallah Baali, criait lui aussi victoire. «C'est une très bonne résolution, elle écarte le projet d'accord cadre (autonomie) et valide le plan de règlement (auto-détermination)» a-t-il déclaré à RFI. Khadad Mohamed, le chargé de la négociation du Polisario, affichait également ou sourire optimiste. «Baker a maintenant une feuille de route très claire. L'accord-cadre est enterré. Le Conseil de sécurité lui donne une boussole qui indique qu'il doit travailler dans le respect du droit à l'auto-détermination du peuple sahraoui» affirmait-il. Quoi qu'en disent les deux camps, cette résolution marque un statu quo du Conseil qui se contente de reporter une fois encore de six mois un choix difficile, tout en réaffirmant son soutien à James Baker, qui va repartir dans la région.
Au terme d'intenses négociations diplomatiques, le Conseil de sécurité n'a pu que constater mardi l'ampleur de ses divisions sur la question du Sahara occidental. Au lieu de donner à l'ONU une directive claire sur le chemin à suivre pour résoudre un dossier embourbé depuis plus de dix ans, les quinze Etats membres du Conseil se sont contentés dans une résolution de renouveler pour six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), tout en encourageant James Baker, le représentant spécial de Kofi Annan dans la région, à «poursuivre ses efforts (...) pour trouver une solution politique à cette dispute». Alors que l'Algérie, le Front Polisario et le Maroc se réjouissaient publiquement de cette résolution dans laquelle chacun peut lire ce qu'il souhaite voir, de nombreux diplomates du Conseil de sécurité confiaient leur désillusion sur ce dossier empoisonné. «On ne pourra pas sortir de l'impasse tant qu'aucune des deux parties ne fera de concessions», expliquait une diplomate du Conseil. «Le problème c'est que les pays qui soutiennent les deux camps au Conseil sont aussi têtus que les parties elles-mêmes».
En février dernier, Kofi Annan avait pourtant tiré la sonnette d'alarme. Le processus de paix est dans une situation «lugubre» écrivait-il dans un rapport inhabituellement vindicatif, remis au Conseil de sécurité. L'histoire du Sahara occidental lui donne raison. Une guérilla a éclaté en 1976 dans cette ancienne colonie espagnole lorsque le Maroc a annexé ce territoire dont le Front Polisario revendique l’indépendance avec le soutien de l’Algérie. La Minurso s’y est établie en 1991 pour faire respecter un cessez-le-feu et pour organiser un référendum d’autodétermination. Depuis, le processus patine en raison de désaccords irréconciliables entre le Front Polisario et le Maroc sur la composition du corps électoral dont dépend l’issue du scrutin. En juin l'an dernier, l’ancien secrétaire d’Etat américain James Baker avait proposé d’instaurer une autonomie provisoire sous souveraineté marocaine, en attendant l’improbable référendum. Le projet a été combattu avec force par le Front Polisario et l'Algérie qui dénonçaient des visées «intégrationnistes». La situation étant plus bloquée que jamais, Kofi Annan avait demandé au Conseil de sécurité de prendre ses responsabilités en choisissant parmi quatre options.
Quatre options
La première est de reprendre la marche vers le référendum, mais sans plus chercher «l’accord des parties avant d’agir». La seconde était de soumettre au Conseil le projet d’autonomie amendé de manière à satisfaire les deux camps, mais en imposant la solution finale. La troisième option envisageait un partage des terres disputées, et la quatrième, par provocation, un retrait pur et simple de l'ONU. La semaine dernière, les Etats-Unis, soutenus par la France et la Grande-Bretagne, ont rédigé un projet de résolution qui demandait à James Baker de continuer à travailler sur son projet d'autonomie substancielle. Après un lobbying forcené de l'Algérie et du Polisario, relayés par la Russie, ce projet a été enterré au profit d'une résolution qui demande finalement à James Baker de trouver une nouvelle solution et constate «les différences fondamentales» qui déchirent le Conseil de Sécurité sur les quatre options de Kofi Annan.
«Nous sommes tout à fait satisfaits par cette résolution», a déclaré à RFI l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Mohamed Bennouna. «Le Conseil de sécurité donne un mandat très clair à James Baker pour qu'il poursuive ses efforts de médiation pour arriver à une solution politique négociée». Selon un diplomate du Conseil de sécurité, «le Maroc espère en fait que Baker revienne avec un projet d'autonomie un peu remodelé». L'ambassadeur algérien à l'ONU, Abdallah Baali, criait lui aussi victoire. «C'est une très bonne résolution, elle écarte le projet d'accord cadre (autonomie) et valide le plan de règlement (auto-détermination)» a-t-il déclaré à RFI. Khadad Mohamed, le chargé de la négociation du Polisario, affichait également ou sourire optimiste. «Baker a maintenant une feuille de route très claire. L'accord-cadre est enterré. Le Conseil de sécurité lui donne une boussole qui indique qu'il doit travailler dans le respect du droit à l'auto-détermination du peuple sahraoui» affirmait-il. Quoi qu'en disent les deux camps, cette résolution marque un statu quo du Conseil qui se contente de reporter une fois encore de six mois un choix difficile, tout en réaffirmant son soutien à James Baker, qui va repartir dans la région.
par Philippe Bolopion
Article publié le 01/08/2002