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Amérique latine

O’Neill contribue au dégel des aides financières

La tournée du secrétaire d'Etat américain au Trésor dans les trois pays en crise d'Amérique latine leur a finalement été profitable. L'Uruguay et le Brésil ont opportunément reçu l'aide des institutions financières internationales. L'Argentine a dû se contenter d'encouragements mais les Etats-Unis sont disposés à aider ce pays à conclure avec le FMI.
Paul O’Neill, secrétaire d’Etat américain au Trésor a, au cours de sa visite en Uruguay, Brésil et Argentine, prodigué essentiellement des encouragements sans annoncer de mesures concrètes d’aide financière à ces trois pays touchés par une grave crise économique et financière aux lourdes conséquences sociales. A l’exception de l’Uruguay, toutefois, qui s’est vu accorder un prêt-relais de 1,5 milliard de dollars, afin d’attendre le versement de l’aide du même montant promise par le FMI, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement.

En revanche, le regain d’intérêt du grand voisin du Nord pour le sous-continent latino-américain semble avoir dégelé le FMI, dont les Etats-Unis sont le premier actionnaire, et activé les décisions pendantes devant les institutions financières internationales les concernant.

Ainsi, dès le départ de Paul O’Neill du Brésil à destination de l’Argentine, le FMI a annoncé l’octroi à ce pays d’un prêt de 30 milliards de dollars sur 15 mois. Les marchés ont apprécié le geste à sa juste valeur en regagnant quelques points, ce que les responsables de l’économie brésilienne n’étaient pas parvenus à obtenir en dépit d’efforts menés depuis deux mois pour rassurer les investisseurs. En effet, les spécialistes ont été agréablement surpris car ils n’attendaient pas plus de 20 milliards de dollars d’aide. Le soutien apporté par Paul O’Neill aux autorités brésiliennes semble avoir pesé dans le bon sens, d’autant qu’il contrastait avec les propos malencontreux émis par celui-ci quelques jours auparavant, laissant entendre que l’aide internationale pouvait être détournée vers des comptes bancaires suisses.

Des signes positifs

De son côté la Banque interaméricaine de développement a accordé mercredi à l’Uruguay un prêt de 500 millions de dollars correspondant à sa part du 1,5 milliard de dollars en faveur de ce pays décidé dimanche dernier. Ces fonds seront versés sur les douze prochains mois afin de financer des projets dans les secteurs de l’éducation et de la santé.

En ce qui concerne l’Argentine, dernière étape du périple du secrétaire d’Etat américain au Trésor, la situation est plus compliquée. Ce pays se débat dans une récession qui dure maintenant depuis 5 ans et l’aide du FMI déjà négociée a été interrompue en décembre dernier en raison de l’incapacité à remplir les objectifs de redressement qui conditionnent l’aide de cette institution. L’Argentine ne demande pas une nouvelle aide mais le rééchelonnement de sa dette de plus de 40 milliards de dollars vis-à-vis des organisations multilatérales.

Paul O’Neill a estimé que l’Argentine auquel les Etats-Unis reprochaient de ne pas faire assez pour limiter les dépenses publiques commence à donner des signes positifs. Il a souhaité que ce pays conclue un accord avec le FMI le plus rapidement possible. Et, de fait, les autorités argentines préparent une lettre d’intention pour le FMI dont le secrétaire d’Etat américain a estimé qu’elle pourrait être prête d’ici la fin de la semaine, les discussions avec le FMI dureraient ensuite environ six semaines. Avant de regagner les Etats-Unis Paul O’Neill a affirmé que son pays était intéressé par la situation en Argentine, même s’il a choisi la discrétion pour le faire.

Toutefois, dans les pays touchés par la contagion de la crise argentine, comme dans ce pays, les conséquences sur la population des restrictions budgétaires et de contrôle de la circulation de la monnaie entrainent des conflits sociaux durs. En Uruguay connaît une grève générale contre la politique économique du gouvernement qui paralyse la capitale Montevideo déjà bouleversée la semaine dernière par des pillages de magasin dans les quartiers défavorisés. Et, en Argentine, le secrétaire d’Etat américain a été en butte à des manifestations hostiles.



par Francine  Quentin

Article publié le 08/08/2002