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Yémen

Violente explosion à bord d’un pétrolier français

L’explosion survenue dimanche à bord d’un pétrolier géant français au large des côtes du Yémen pourrait être un acte terroriste, du type de celui qui avait endommagé il y a presque deux ans le destroyer américain USS Cole, tuant dix-sept personnes. C’est ce qu’a affirmé un diplomate français en poste à Sanaa, peu de temps après le drame. La société française propriétaire du bateau partage ce point de vue même si les autorités yéménites affirment pour l’instant qu’il s’agit d’un accident. La France quant à elle refuse de faire le moindre commentaire avant les résultats de l’enquête ouverte pour déterminer les circonstances de cette explosion.
Le Limburg s’apprêtait à accoster dans un terminal situé à 30 kilomètres de la ville yéménite d'Al-Moukallah pour charger 1,5 million de barils de brut. Selon les premiers témoignages recueillis, une petite barge s’est alors approché du pétrolier français avant de le percuter et que ne retentisse à son bord une violente explosion. Douze des vingt-cinq membres d’équipage, la plupart bulgares, ont été blessés. Ils ont immédiatement été hospitalisés mais leur vie n’est pas en danger. Un marin était en revanche, dimanche en fin d’après-midi, encore porté disparu.

Peu de temps après l’explosion, le vice-consul français de Sanaa, Marcel Goncalves, a affirmé que le pétrolier avait été «percuté par une petite barge remplie d’explosifs». Il a même souligné qu’il pourrait s’agir d’un «attentat dans le style de l’USS Cole» qui avait coûté en octobre 2000 la vie à dix-sept militaires américains. L’explosion avait été revendiquée par le réseau terroriste d’Oussama ben Laden. La société française Euronav, propriétaire du Limburg, a également, pour sa part, estimé qu’il s’agissait vraisemblablement d’un attentat. «Pour nous c’est un acte volontaire», a ainsi déclaré à l’AFP son directeur Jacques Moizan en précisant que «pour transpercer la première coque de ce pétrolier double coque en très bon état et âgé seulement de deux ans, il faut une énergie très très forte». Alain Ferré, le directeur administratif de la société française, a de son côté souligné qu’une «petite barge» ne peut pas faire autant de dégâts en heurtant un pétrolier d’une capacité de 300 000 tonnes, faisant trois fois la longueur d’un terrain de football. «Ce n’est certes pour l’instant qu’une hypothèse qui reste à confirmer, mais les présomptions sont fortes pour qu’il s’agisse d’un attentat», a-t-il également précisé.

Les autorités yéménites privilégient pour l’instant la thèse de l’accident. Dans un communiqué publié par l’agence officielle Saba, elles ont indiqué qu’une explosion avait eu lieu à bord du Limburg après qu’un des réservoirs eut pris feu, alors que le navire «était à trois milles marin du terminal offshore d’Adhaba». Les autorités du Yémen ont par ailleurs indiqué qu’une enquête était actuellement en cours pour déterminer les causes de cette explosion.

Une explosion troublante

Le ministère français des Affaires étrangères a, de son côté, refusé de se prononcer sur les causes de l’explosion survenue à bord du Limburg. «Une enquête a été diligentée par les autorités compétentes du Yémen», a ainsi déclaré un porte-parole du quai d’Orsay en précisant qu’«à ce stade et dans l’attente des résultats de cette enquête, tout commentaire sur la cause de cet incendie serait prématuré». L’explosion a bord du Limburg n’en demeure pas troublante tant elle présente de similitude avec l’attentat dirigé contre le destroyer américain USS Cole. Elle intervient en effet à quelques jours à peine du deuxième anniversaire de cette action terroriste, revendiquée par le réseau al-Qaïda d’Oussama Ben Laden.

Le 12 octobre 2000, un canot en fibre de verre manœuvré par deux personnes avait en effet explosé contre le bateau de guerre américain qui s’approvisionnait dans le port d’Aden. L’explosion avait fait une brèche de six mètres sur douze dans la coque et causé d’importants dégâts à l’intérieur de ce navire ultra-moderne qui devait participer à une opération destinée à faire respecter l’embargo contre l’Irak. Dix-sept militaires américains avaient été tués lors de cette attentat et trente-huit autres avaient été blessés. Les autorités yéménites avaient annoncé le 27 septembre 2001 que plusieurs personnes arrêtées au Yémen et accusées d’être impliquées dans cet attentat seraient très bientôt jugés à huit clos, mais sans pour autant préciser la date de ce procès.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 06/10/2002