Serbie
Élections présidentielles annulées
Comme prévu, Vojislav Kostunica a nettement devancé son adversaire réformateur Miroljub Labus, avec 66% des voix contre 31%. La Serbie n’a pourtant pas de président élu au soir du second tour des élections présidentielles. La participation n’a en effet été que de 45,5% des électeurs inscrits.
De notre correspondant dans les Balkans
Tout semblait s’être conjugué pour entraîner cette faible participation, l’appel au boycott lancé par les candidats nationalistes battus au premier tour, la pluie froide qui n’a pas cessé de tomber sur la Serbie toute la journée de dimanche, et les calculs politiques de certains partisans du candidat réformateur Miroljub Labus, qui n’avait aucune chance de remporter le match l’opposant à Vojislav Kostunica.
À Zemun, c’est peu dire que les élections n’ont suscité aucune passion. Ce gros bourg qui fait face à Belgrade, sur l’autre rive du Danube, est un fief du Parti radical serbe – la formation nationaliste d’extrême droite. Son leader, Vojislav Seselj, fort des 23% des voix qu’il avait engrangé le 29 septembre dernier, avait appelé au boycott de ce deuxième tour. En fin d’après-midi, les taux de participation n’atteignaient que 30 à 35% des inscrits dans plusieurs bureaux de vote du centre-ville, sensiblement moins qu’à la même heure le 29 septembre. Un des rares électeurs explique pourtant : «c’est l’avenir de la démocratie serbe qui est en jeu. Les changements ne peuvent venir que des élections, pas de la rue et des émeutes. Sinon, ce sont les extrémistes qui récupéreront la mise».
Vojislav Seselj ne manquera pas d’attribuer l’échec des élections à son appel au boycott. Il est vrai que la participation a été particulièrement faible dans les régions où le candidat Seselj a obtenu ses meilleurs scores au premier tour. Ainsi, au Kosovo, où le vote n’était organisé que dans les enclaves serbes, la participation n’était que de 27% à une heure de la fermeture des bureaux de vote.
«il est hors de question que j’aille voter
Dans le camp d’en face, celui des partisans de la politique de réforme défendue par Miroljub Labus, beaucoup ont aussi fait le choix d’une abstention «tactique» : «il est hors de question que j’aille voter, s’exclame ainsi un chauffeur de taxi. Voter, c’est permettre la victoire de Kostunica. Si la participation n’atteint pas 50%, par contre, il faudra convoquer de nouvelles élections. Depuis deux ans, de toute manière, la Serbie n’avait pas de président, elle peut bien s’en passer encore quelques mois». Le titulaire de la charge présidentielle, Milan Milutinovic, un proche de l’ancien président Milosevic, avait en effet été totalement écarté des affaires depuis la victoire de l’opposition démocratique, il y a deux ans.
Vojislav Kostunica, qui se croyait assuré de la victoire, fait figure de grand perdant de la journée. Tout en appelant les électeurs à se rendre aux urnes, il avait annoncé que le pays sombrerait « dans le chaos et l’anarchie» si les élections étaient invalidées. À tout le moins, la Serbie risque de ne pas pouvoir faire l’économie d’une sérieuse crise politique.
Tout à l’inverse, le Premier ministre de Serbie, Zoran Djindjic, s’est voulu rassurant. «Peu importe qui l'emporte ce soir et peu importe les conclusions de cette élection, il n'y aura pas de crise en Serbie, les réformes seront poursuivies et tout se déroulera normalement. Je crois que cela confirme le fait que la Serbie est parvenue à une étape où les problèmes majeurs ont été résolus, et maintenant les élections sont dans ce pays un événement normal de la vie démocratique», a-t-il déclaré dimanche matin, alors qu'il s'apprêtait à voter. Zoran Djindjic a en effet de quoi jubiler. Il se retrouve plus que jamais maître du jeu politique, avec le seul devoir d’organiser dans des délais qui demeurent incertains de nouvelles élections présidentielles.
Tout semblait s’être conjugué pour entraîner cette faible participation, l’appel au boycott lancé par les candidats nationalistes battus au premier tour, la pluie froide qui n’a pas cessé de tomber sur la Serbie toute la journée de dimanche, et les calculs politiques de certains partisans du candidat réformateur Miroljub Labus, qui n’avait aucune chance de remporter le match l’opposant à Vojislav Kostunica.
À Zemun, c’est peu dire que les élections n’ont suscité aucune passion. Ce gros bourg qui fait face à Belgrade, sur l’autre rive du Danube, est un fief du Parti radical serbe – la formation nationaliste d’extrême droite. Son leader, Vojislav Seselj, fort des 23% des voix qu’il avait engrangé le 29 septembre dernier, avait appelé au boycott de ce deuxième tour. En fin d’après-midi, les taux de participation n’atteignaient que 30 à 35% des inscrits dans plusieurs bureaux de vote du centre-ville, sensiblement moins qu’à la même heure le 29 septembre. Un des rares électeurs explique pourtant : «c’est l’avenir de la démocratie serbe qui est en jeu. Les changements ne peuvent venir que des élections, pas de la rue et des émeutes. Sinon, ce sont les extrémistes qui récupéreront la mise».
Vojislav Seselj ne manquera pas d’attribuer l’échec des élections à son appel au boycott. Il est vrai que la participation a été particulièrement faible dans les régions où le candidat Seselj a obtenu ses meilleurs scores au premier tour. Ainsi, au Kosovo, où le vote n’était organisé que dans les enclaves serbes, la participation n’était que de 27% à une heure de la fermeture des bureaux de vote.
«il est hors de question que j’aille voter
Dans le camp d’en face, celui des partisans de la politique de réforme défendue par Miroljub Labus, beaucoup ont aussi fait le choix d’une abstention «tactique» : «il est hors de question que j’aille voter, s’exclame ainsi un chauffeur de taxi. Voter, c’est permettre la victoire de Kostunica. Si la participation n’atteint pas 50%, par contre, il faudra convoquer de nouvelles élections. Depuis deux ans, de toute manière, la Serbie n’avait pas de président, elle peut bien s’en passer encore quelques mois». Le titulaire de la charge présidentielle, Milan Milutinovic, un proche de l’ancien président Milosevic, avait en effet été totalement écarté des affaires depuis la victoire de l’opposition démocratique, il y a deux ans.
Vojislav Kostunica, qui se croyait assuré de la victoire, fait figure de grand perdant de la journée. Tout en appelant les électeurs à se rendre aux urnes, il avait annoncé que le pays sombrerait « dans le chaos et l’anarchie» si les élections étaient invalidées. À tout le moins, la Serbie risque de ne pas pouvoir faire l’économie d’une sérieuse crise politique.
Tout à l’inverse, le Premier ministre de Serbie, Zoran Djindjic, s’est voulu rassurant. «Peu importe qui l'emporte ce soir et peu importe les conclusions de cette élection, il n'y aura pas de crise en Serbie, les réformes seront poursuivies et tout se déroulera normalement. Je crois que cela confirme le fait que la Serbie est parvenue à une étape où les problèmes majeurs ont été résolus, et maintenant les élections sont dans ce pays un événement normal de la vie démocratique», a-t-il déclaré dimanche matin, alors qu'il s'apprêtait à voter. Zoran Djindjic a en effet de quoi jubiler. Il se retrouve plus que jamais maître du jeu politique, avec le seul devoir d’organiser dans des délais qui demeurent incertains de nouvelles élections présidentielles.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 14/10/2002