Serbie
Poussée nationaliste aux élections serbes
Les résultats des élections présidentielles serbes sont sans appel, le nationaliste Vojislav Kostunica obtient 31,2% des suffrages, devançant nettement le candidat réformateur Miroljub Labus, qui ne recueille que 27, 2% des voix, et doit donc s’attendre à un second tour difficile. La principale surprise de la soirée vient sûrement de la percée de l’extrême droite ultranationaliste, dont le candidat, Vojislav Seselj, a réuni 22,9% des suffrages – selon des résultats portant sur 83% des bureaux de vote.
De notre correspondant dans les Balkans
«La Serbie a viré à droite. Je ne suis pas heureux de voir le chemin qu’elle a pris», s’est exclamé, sitôt connus ces résultats, le musicien Dragoljub Djuricic, un artiste très connu dans le pays et une figure de l’opposition à Slobodan Milosevic. Durant la campagne, Dragoljub Djuricic n’avait pas ménagé son soutien au candidat Labus.
Dimanche, la Serbie jeune, éduquée et urbaine, qui avait été le fer de lance de l’opposition à l’ancien maître de Belgrade a semblé laisser la première place à une autre Serbie, celle des campagnes et des petites villes, des «néo-urbains» qui peuplent les banlieues de Belgrade. Il y a deux ans, cette Serbie-là avait aussi voulu se débarrasser de Milosevic, mais depuis, elle n’a pas vu s’améliorer sa situation matérielle. Bien au contraire, elle a souvent pris de plein fouet les conséquences des premières réformes économiques.
A quelques heures de la clôture des bureaux de vote, un chauffeur de taxi faisait le compte : «la moitié de la population soutient les réformes, mais trouve qu’elle ne vont pas assez vite. Plutôt que de voter Labus, beaucoup de ces gens-là vont s’abstenir par déception. L’autre moitié de la population a peur des réformes, et votera sûrement pour Kostunica».
Face au programme libéral défendu par Miroljub Labus, un économiste reconnu, actuellement vice-Premier ministre du gouvernement fédéral yougoslave, Vojislav Kostunica proposait en effet un programme de «prudence», préférant ralentir le rythme des réformes.
L’extrême droite recueille le tiers des voix
Vojislav Kostunica n’a pas hésité à accuser les réformateurs, groupés autour du candidat Labus et du Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic, d’être prêts à «brader le pays». Autre thème qui a rencontré un fort écho dans l’opinion : la dénonciation de la corruption et des dérives mafieuses qui touchent une partie de l’entourage de Zoran Djindjic. Vojislav Kostunica a été rejoint sur ce thème par le candidat de l’extrême droite, Vojislav Seselj, qui jouissait du soutien officiel de Slobodan Milosevic, et qui a obtenu un score inattendu. Au total, l’extrême droite recueille près du tiers des suffrages, car aux voix qui se sont portées sur Vojislav Seselj, il faut ajouter celles d’autres petits candidats ultranationalistes, comme Borislav Pelevic, le chef du Parti de l’Unité serbe, la formation créée par le chef milicien Arkan.
Dimanche soir, les partisans de Vojislav Seselj étaient les seuls à fêter les résultats électoraux, dans leur bastion de Zemun, sur la rive du Danube qui fait face à Belgrade. Vojislav Seselj échoue cependant dans son pari de figurer au second tour, mais il pèsera d’un poids accru sur la scène politique serbe.
Vojislav Kostunica est quasiment assuré de remporter ce second tour, prévu pour le 13 octobre, car Miroljub Labus ne dispose d’aucune réserve de voix, tandis qu’une part au moins des électeurs de Seselj devraient se reporter sur Kostunica. La seule inconnue de ce second tour résidera, en fait, dans le taux de participation. Dimanche, seuls 55,7% des électeurs se sont rendus aux urnes. Or, un taux de participation d’au moins 50% inscrits est requis pour que l’élection soit validée. Il est peu probable que les électeurs serbes soient davantage motivés le 13 octobre qu’ils ne l’ont été hier. Bien au contraire.
Ecouter également : Radomir Diklic, Ambassadeur de Yougoslavie en France qui répond aux questions de Daniel Desesquelle au lendemain des élections en Serbie.
«La Serbie a viré à droite. Je ne suis pas heureux de voir le chemin qu’elle a pris», s’est exclamé, sitôt connus ces résultats, le musicien Dragoljub Djuricic, un artiste très connu dans le pays et une figure de l’opposition à Slobodan Milosevic. Durant la campagne, Dragoljub Djuricic n’avait pas ménagé son soutien au candidat Labus.
Dimanche, la Serbie jeune, éduquée et urbaine, qui avait été le fer de lance de l’opposition à l’ancien maître de Belgrade a semblé laisser la première place à une autre Serbie, celle des campagnes et des petites villes, des «néo-urbains» qui peuplent les banlieues de Belgrade. Il y a deux ans, cette Serbie-là avait aussi voulu se débarrasser de Milosevic, mais depuis, elle n’a pas vu s’améliorer sa situation matérielle. Bien au contraire, elle a souvent pris de plein fouet les conséquences des premières réformes économiques.
A quelques heures de la clôture des bureaux de vote, un chauffeur de taxi faisait le compte : «la moitié de la population soutient les réformes, mais trouve qu’elle ne vont pas assez vite. Plutôt que de voter Labus, beaucoup de ces gens-là vont s’abstenir par déception. L’autre moitié de la population a peur des réformes, et votera sûrement pour Kostunica».
Face au programme libéral défendu par Miroljub Labus, un économiste reconnu, actuellement vice-Premier ministre du gouvernement fédéral yougoslave, Vojislav Kostunica proposait en effet un programme de «prudence», préférant ralentir le rythme des réformes.
L’extrême droite recueille le tiers des voix
Vojislav Kostunica n’a pas hésité à accuser les réformateurs, groupés autour du candidat Labus et du Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic, d’être prêts à «brader le pays». Autre thème qui a rencontré un fort écho dans l’opinion : la dénonciation de la corruption et des dérives mafieuses qui touchent une partie de l’entourage de Zoran Djindjic. Vojislav Kostunica a été rejoint sur ce thème par le candidat de l’extrême droite, Vojislav Seselj, qui jouissait du soutien officiel de Slobodan Milosevic, et qui a obtenu un score inattendu. Au total, l’extrême droite recueille près du tiers des suffrages, car aux voix qui se sont portées sur Vojislav Seselj, il faut ajouter celles d’autres petits candidats ultranationalistes, comme Borislav Pelevic, le chef du Parti de l’Unité serbe, la formation créée par le chef milicien Arkan.
Dimanche soir, les partisans de Vojislav Seselj étaient les seuls à fêter les résultats électoraux, dans leur bastion de Zemun, sur la rive du Danube qui fait face à Belgrade. Vojislav Seselj échoue cependant dans son pari de figurer au second tour, mais il pèsera d’un poids accru sur la scène politique serbe.
Vojislav Kostunica est quasiment assuré de remporter ce second tour, prévu pour le 13 octobre, car Miroljub Labus ne dispose d’aucune réserve de voix, tandis qu’une part au moins des électeurs de Seselj devraient se reporter sur Kostunica. La seule inconnue de ce second tour résidera, en fait, dans le taux de participation. Dimanche, seuls 55,7% des électeurs se sont rendus aux urnes. Or, un taux de participation d’au moins 50% inscrits est requis pour que l’élection soit validée. Il est peu probable que les électeurs serbes soient davantage motivés le 13 octobre qu’ils ne l’ont été hier. Bien au contraire.
Ecouter également : Radomir Diklic, Ambassadeur de Yougoslavie en France qui répond aux questions de Daniel Desesquelle au lendemain des élections en Serbie.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 30/09/2002