Serbie
Aller simple pour le Tribunal pénal international
La Serbie livre un à un les criminels de guerre présumés recherchés par le Tribunal pénal international de La Haye au terme d’arrestations ou de redditions. Mais deux «inculpés-vedette» manquent encore à l’appel: Karadzic et Mladic.
De notre correspondant dans les Balkans
La reddition volontaire au Tribunal pénal internationale (TPI), mercredi dernier, de Milan Martic, l’ancien Président de la «République serbe de Krajina», et de Mile Mrksic, un ancien général impliqué dans le siège de Vukovar, est un signe encourageant pour la juridiction internationale, qui attend pourtant toujours l’arrestation des deux inculpés «vedettes»: Radovan Karadzic et Ratko Mladic.
La loi sur la coopération avec le TPI, adoptée le 10 avril dernier par le Parlement fédéral yougoslave après des mois d’atermoiements, n’a pas tardé à produire ses effets. Plusieurs inculpés de toute première importance se sont volontairement rendus à La Haye. Parmi eux, en plus de Milan Martic et de Mile Mrksic, le général Dragoljub Ojdanic, ancien chef d’Etat-major de l’Armée yougoslave, inculpé de crimes de guerre au Kosovo, et Nikola Sainovic, longtemps vice-Premier Ministre et vice-président du Parti socialiste de Serbie, la formation de Slobodan Milosevic.
Au total, 23 Serbes figuraient au début du printemps sur la liste des inculpés recherchés par le TPI, mais certains, Serbes de Croatie ou de Bosnie, ne sont pas citoyens yougoslaves et ne résident pas forcément en Yougoslavie. Les autorités de Belgrade clament notamment que Radovan Karadzic et Ratko Mladic ne se trouvent plus dans le pays. Karadzic, l’ancien président de la République serbe de Bosnie dispose effectivement d’un réseau de cachettes disposées aussi bien Bosnie serbe qu’au Monténégro, et il semble qu’il soit extrêmement mobile. Les opérations spectaculaires des troupes de l’OTAN, qui ont essayé de l’arrêter dans l’est de la Bosnie à la fin du mois de février, n’ont en tout cas rien donné. Par contre, le général Ratko Mladic a très longtemps résidé à Belgrade, où il jouissait de la protection de l’armée yougoslave. Cette protection s’est, à tout le moins, faite plus discrète, mais les milieux informés prétendent tous que Mladic se trouverait toujours dans la capitale serbe.
Des redditions négociées
La reddition des autres inculpés semble avoir été patiemment négociée par leurs avocats et les autorités de Belgrade. L’objectif de ces inculpés est toujours d’obtenir une mise en liberté conditionnelle jusqu’à leur procès, le gouvernement yougoslave leur offrant sa garantie auprès du Tribunal. Jusqu’à présent, la plupart des inculpés ont plaidé non-coupable, qu’il s’agisse de Nikola Sainovic ou de Mile Mrksic, dont la première comparution devant le Tribunal a eu lieu jeudi. Ce dernier est l’un des trois Serbes inculpés pour les crimes commis à Vukovar. Cette cité du nord de la Croatie avait été conquise par les milices serbes et l’armée yougoslave en novembre 1991. Mile Mrksic est notamment accusé d'être responsable de la mort de plus de 200 civils emmenés par les forces serbes hors de l'hôpital de Vukovar puis exécutés près de la ferme d'Ovcara. Mile Mrksic est le seul des trois inculpés pour crimes de guerre à Vukovar ayant décidé de gagner volontairement La Haye. Les deux autres inculpés, Veselin Sljivancanin et Miroslav Radic, refusent toujours de se rendre à la justice.
La coopération avec le Tribunal international n’a guère suscité de mouvements d’opinion en Serbie. Même le spectaculaire suicide de Vlajko Stojiljkovic devant l’entrée du Parlement fédéral, quelques heures après l’adoption de la loi de coopération avec le TPI, n’a pas eu de conséquences politiques notables. Ancien ministre de l’Intérieur et cacique du SPS, Vlajko Stojiljkovic était accusé pour le Kosovo.
C’est au Monténégro que les mouvements d’opposition à la coopération avec le TPI, et surtout de soutien à Radovan Karadzic, ont pris le plus d’ampleur. Le 1er mai, plus de 3000 personnes se sont ainsi réunies dans la ville de Niksic, pour une grande manifestation musicale et folklorique de soutien à l’ancien leader serbe de Bosnie.
D’autres figures moins connues ont également pris la route de La Haye, ou devraient probablement se résoudre à faire leurs bagages dans les semaines à venir, tant et si bien que le gouvernement de Belgrade peut se féliciter d’être en passe d’avoir rempli ses engagements. Si Radovan Karadzic réside effectivement en Bosnie, son arrestation est en effet du seul ressort des troupes internationales de la SFOR. Par ailleurs, l’opinion serbe pourrait finir par s’impatienter de la lenteur du TPI sur d’autres dossiers. Plusieurs officiers supérieurs croates inculpés par la justice internationale courent toujours. A propos du Kosovo, le Procureur général Carla del Ponte a annoncé, à la fin avril, de prochaines inculpations d’Albanais responsables d’exactions contre les populations serbes, mais elles se font toujours attendre.
La reddition volontaire au Tribunal pénal internationale (TPI), mercredi dernier, de Milan Martic, l’ancien Président de la «République serbe de Krajina», et de Mile Mrksic, un ancien général impliqué dans le siège de Vukovar, est un signe encourageant pour la juridiction internationale, qui attend pourtant toujours l’arrestation des deux inculpés «vedettes»: Radovan Karadzic et Ratko Mladic.
La loi sur la coopération avec le TPI, adoptée le 10 avril dernier par le Parlement fédéral yougoslave après des mois d’atermoiements, n’a pas tardé à produire ses effets. Plusieurs inculpés de toute première importance se sont volontairement rendus à La Haye. Parmi eux, en plus de Milan Martic et de Mile Mrksic, le général Dragoljub Ojdanic, ancien chef d’Etat-major de l’Armée yougoslave, inculpé de crimes de guerre au Kosovo, et Nikola Sainovic, longtemps vice-Premier Ministre et vice-président du Parti socialiste de Serbie, la formation de Slobodan Milosevic.
Au total, 23 Serbes figuraient au début du printemps sur la liste des inculpés recherchés par le TPI, mais certains, Serbes de Croatie ou de Bosnie, ne sont pas citoyens yougoslaves et ne résident pas forcément en Yougoslavie. Les autorités de Belgrade clament notamment que Radovan Karadzic et Ratko Mladic ne se trouvent plus dans le pays. Karadzic, l’ancien président de la République serbe de Bosnie dispose effectivement d’un réseau de cachettes disposées aussi bien Bosnie serbe qu’au Monténégro, et il semble qu’il soit extrêmement mobile. Les opérations spectaculaires des troupes de l’OTAN, qui ont essayé de l’arrêter dans l’est de la Bosnie à la fin du mois de février, n’ont en tout cas rien donné. Par contre, le général Ratko Mladic a très longtemps résidé à Belgrade, où il jouissait de la protection de l’armée yougoslave. Cette protection s’est, à tout le moins, faite plus discrète, mais les milieux informés prétendent tous que Mladic se trouverait toujours dans la capitale serbe.
Des redditions négociées
La reddition des autres inculpés semble avoir été patiemment négociée par leurs avocats et les autorités de Belgrade. L’objectif de ces inculpés est toujours d’obtenir une mise en liberté conditionnelle jusqu’à leur procès, le gouvernement yougoslave leur offrant sa garantie auprès du Tribunal. Jusqu’à présent, la plupart des inculpés ont plaidé non-coupable, qu’il s’agisse de Nikola Sainovic ou de Mile Mrksic, dont la première comparution devant le Tribunal a eu lieu jeudi. Ce dernier est l’un des trois Serbes inculpés pour les crimes commis à Vukovar. Cette cité du nord de la Croatie avait été conquise par les milices serbes et l’armée yougoslave en novembre 1991. Mile Mrksic est notamment accusé d'être responsable de la mort de plus de 200 civils emmenés par les forces serbes hors de l'hôpital de Vukovar puis exécutés près de la ferme d'Ovcara. Mile Mrksic est le seul des trois inculpés pour crimes de guerre à Vukovar ayant décidé de gagner volontairement La Haye. Les deux autres inculpés, Veselin Sljivancanin et Miroslav Radic, refusent toujours de se rendre à la justice.
La coopération avec le Tribunal international n’a guère suscité de mouvements d’opinion en Serbie. Même le spectaculaire suicide de Vlajko Stojiljkovic devant l’entrée du Parlement fédéral, quelques heures après l’adoption de la loi de coopération avec le TPI, n’a pas eu de conséquences politiques notables. Ancien ministre de l’Intérieur et cacique du SPS, Vlajko Stojiljkovic était accusé pour le Kosovo.
C’est au Monténégro que les mouvements d’opposition à la coopération avec le TPI, et surtout de soutien à Radovan Karadzic, ont pris le plus d’ampleur. Le 1er mai, plus de 3000 personnes se sont ainsi réunies dans la ville de Niksic, pour une grande manifestation musicale et folklorique de soutien à l’ancien leader serbe de Bosnie.
D’autres figures moins connues ont également pris la route de La Haye, ou devraient probablement se résoudre à faire leurs bagages dans les semaines à venir, tant et si bien que le gouvernement de Belgrade peut se féliciter d’être en passe d’avoir rempli ses engagements. Si Radovan Karadzic réside effectivement en Bosnie, son arrestation est en effet du seul ressort des troupes internationales de la SFOR. Par ailleurs, l’opinion serbe pourrait finir par s’impatienter de la lenteur du TPI sur d’autres dossiers. Plusieurs officiers supérieurs croates inculpés par la justice internationale courent toujours. A propos du Kosovo, le Procureur général Carla del Ponte a annoncé, à la fin avril, de prochaines inculpations d’Albanais responsables d’exactions contre les populations serbes, mais elles se font toujours attendre.
par A Belgrade, Jean-Arnault Dérens
Article publié le 19/05/2002