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Chine

Pékin boucle les cybercafés

Les autorités sont déterminées à surveiller l’accès au réseau. Cible privilégiée du gouvernement : les cybercafés de plus en plus populaires en Chine. Jugés menaçants par le Parti communiste au pouvoir, le gouvernement tente, depuis le début de l’année, d’éradiquer les cafés Internet.
Le gouvernement chinois persiste et signe dans sa politique de restriction de l’accès à Internet. Restriction en terme de sites, notamment ceux des médias étrangers et des organisations de défense des droits de l’homme, de moteurs de recherche (Google, Altavista) mais aussi de lieux. Au cours des cinq derniers mois, ce sont 90 000 cybercafés qui ont été fermés dans l’Empire du Milieu.

Les autorités, craignant d’être débordées par la propagation d’informations «dissidentes» sur Internet, ont choisi de fermer de nombreux cybercafés qui fonctionnaient sans autorisation. Suite à l’incendie en juin dernier d’un établissement clandestin qui a coûté la vie à 24 jeunes à Pékin, le gouvernement a décidé d’en contrôler l’accès aux mineurs. Au terme d’une directive du ministère de la Sécurité publique visant à censurer les informations anti-gouvernementales, pornographiques ou simplement «négatives», comme des rapports sur la corruption, les cybercafés doivent se faire enregistrer auprès des autorités locales et fournir le nom de leurs utilisateurs. Selon le gouvernement, seuls 46 000 des 200 000 cafés Internet font actuellement l’objet d’une licence.

Si ces fermetures et une réglementation plus stricte sur les cybercafés sont officiellement destinées à améliorer la sécurité des établissements, des mesures pour restreindre l'accès aux informations que le gouvernement juge indésirables ont également été prises. En vertu d'une nouvelle loi adoptée la semaine dernière, les propriétaires des cafés sont désormais tenus pour responsables des pages consultées par leurs clients. Le texte stipule qu'il est interdit aux internautes de créer, de télécharger, de copier, d'envoyer, de diffuser ou même de consulter des contenus considérés comme «anticonstitutionnels», et pouvant porter «atteinte à l'unité nationale, à la souveraineté ou à l'intégrité territoriale de la Chine».

50 millions d’internautes chinois

Depuis maintenant deux ans, les autorités multiplient les mesures pour éviter la diffusion d’informations «politiquement incorrectes» et surveiller «l’accès aux aspects pervers»
d’Internet. Celles-ci vont du blocage de l’accès aux sites étrangers les plus offensifs au contrôle strict des contenus des sites chinois. Autre obstacle : les internautes chinois sont tenus de se faire enregistrer auprès de la police avant d’obtenir le droit de surfer sur le Web, moyennant des coûts d’accès encore très élevés.

Derrière ces mesures prises à l’encontre des cybercafés se cachent des motifs essentiellement politiques, estiment les associations de défense des droits de l’homme. Des mesures d’autant plus difficiles pour les internautes chinois que jusqu’à récemment ils pouvaient encore conserver leur anonymat en se rendant dans des cybercafés. Sur un total d’1 milliard 300 millions de Chinois, la Chine compte quelque 50 millions d’internautes, dont une part importante accède à la Toile dans des cafés. Les internautes chinois, qui génèrent 6,63% du trafic sur le Web, occupent la deuxième place derrière les Etats-Unis (42,65%).

Au terme d’une réglementation adoptée en 2000, les opérateurs et les propriétaires de sites sont tenus pour responsables de la diffusion de toute information sensible, y compris sur les forums de discussions, et de tous les espaces laissés aux internautes pour s’exprimer. Ils risquent la fermeture en cas de non respect de cette réglementation.

Pour renforcer son dispositif d’encadrement de la Toile, l’Association chinoise de l’Internet, organisme officiel, a également conclu des pactes avec un nombre croissant de sites web et de fournisseurs d’accès dans lesquels ils s’engagent à «pratiquer volontairement l’auto-censure». Au terme de ces pactes, les signataires s’engagent notamment à «ne pas produire de documents nuisibles à la sécurité nationale et à la stabilité sociale». Les grands sites populaires nationaux ont donné l’exemple en signant le pacte très rapidement, suivis par les fournisseurs d’accès dont le portail Yahoo!



par Myriam  Berber

Article publié le 18/10/2002