Télé-médecine
Le télé-diagnostic en 3D est déjà là
Forts de leurs expériences en télé-chirurgie, l’Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (Ircad) et France Télécom ont conçu un système permettant à plusieurs spécialistes de traiter ensemble via Internet le dossier d’un patient reconstitué en trois dimensions. Les premiers résultats sont encourageants. Arrivée dans les hôpitaux prévue en 2004.
Simuler en trois dimensions sur l’écran d’un ordinateur l’ablation d’une tumeur, puis se concerter à distance entre praticiens, via Internet, sur le diagnostic et le mode opératoire. Ce n’est plus de la science-fiction. Le pionnier de la télé-chirurgie, le professeur Jacques Marescaux et son équipe médicale de l’Ircad en partenariat avec France Télécom ont mis au point un tel dispositif. Le nom de ce projet expérimental: Argonaute 3D. Lors de la présentation à la presse de ce logiciel, le mardi 5 novembre, les promoteurs du projet, reliés par vidéoconférence, ont établi un diagnostic commun sur le cas d’un patient atteint d’un cancer du foie. Une démonstration très probante au cours de laquelle ont pu travailler ensemble –via une liaison Internet haut débit type ADSL- un expert en chirurgie digestive situé à Issy-les-Moulineaux, un radiologue basé à Strasbourg, un chirurgien au CHU de Brest et un médecin généraliste à Lannion. Ces différents spécialistes éloignés géographiquement ont réfléchi ensemble en temps réel sur le cas clinique de ce patient qui présente des métastases hépatiques.
Depuis 1995, le traitement informatique des images médicales est au cœur des travaux menés par l’Ircad. Son président-fondateur le professeur Jacques Marescaux s’est fait connaître spectaculairement en septembre 2001 du grand public avec l’opération Lindbergh. Une opération chirurgicale entièrement télécommandée depuis New-York -via un robot et une liaison sécurisée à très haut débit- sur une patiente se trouvant à Strasbourg. Si jusqu’à présent le travail des équipes médicales se basait essentiellement sur des images en deux dimensions (images par résonance magnétique, scanners). Avec le système Argonaute 3D, la télé-médecine franchit un pas supplémentaire puisque la représentation virtuelle des zones à traiter est en trois dimensions ainsi que l’explique l’un des concepteurs du projet, le professeur Luc Soler, expert en imagerie médicale à l'Ircad: «L'organe virtuel que nous manipulons par écran interposé est le fidèle reflet de l'organe réel du patient, car il été créé par le logiciel à partir des scanners réalisés sur le malade. Chaque scanner est la photographie d'une tranche d'organe, de 2 mm d'épaisseur. Le logiciel crée un lien entre ces tranches, pour reconstituer l'ensemble de l'organe en 3D».
«Sortir de la solitude pré-opératoire»
Plus étonnant encore, Argonaute 3D va bouleverser les méthodes de travail des praticiens. Véritable plate-forme de travail coopératif, ce logiciel va permettre à l’équipe médicale de préparer de façon optimale l’acte chirurgical. «C’est la première fois que l’on peut manipuler en temps réel, interagir en commun avec l’organe que l’on va opérer», explique le Pr Marescaux. Que se passe-t-il concrètement? A la façon d’un grand jeu vidéo, d'un simple clic de souris, l'organe virtuel peut être examiné, tourné et retourné dans tous les sens par les médecins de plusieurs hôpitaux, connectés simultanément. Et le professeur Marescaux de souligner que «sur l’écran apparaissent les organes voisins du foie, l’équipe médicale peut ainsi discuter de la meilleure façon de détruire les tumeurs par laser, sans endommager les poumons ou la rate. En simulant la destruction de la tumeur, ils peuvent ensuite visualiser ensemble la partie du foie qui devra être retirée, dont le logiciel calculera automatiquement le volume».
Les avantages de ce dispositif sont nombreux: gain de temps pour l’équipe médicale et pour le patient. Le temps étant crucial dans ce type de pathologie. En l’espace de quelques semaines voire plusieurs jours, une tumeur au foie peut évoluer très rapidement. Mais également pour les médecins, le chirurgien Patrick Lozac’h, chef du service de chirurgie digestive du CHU de Brest, met en avant les avantages immédiats de cette technologie pour l’équipe clinique: «Le métier de chirurgien est un métier solitaire. Via cette plate-forme, on peut analyser un cas ensemble et argumenter la qualité du diagnostic pour le bien du patient. Et la possibilité de faire intervenir des experts du monde entier, si ceux-ci utilisent des liaisons Internet haut débit. Argonaute nous fait sortir de cette solitude pré-opératoire». Un des objectifs de la télé-médecine est de faciliter l’accès aux meilleurs spécialistes pour tous les malades.
Les auteurs du programme, dont la conception a coûté plus d'un million d'euros, espèrent le mettre gratuitement à la disposition des cliniques et des hôpitaux. «Ce que nous facturerons, c'est la génération de l'image en 3D à partir des scanners et IRM, mais ce sera un prix modique, de l'ordre de 50 à 100 euros», précise le Pr Marescaux. Plusieurs hôpitaux universitaires français, suisse et allemand auraient déjà manifesté leur intérêt pour Argonaute 3D, qui devrait entrer en service en 2004.
Depuis 1995, le traitement informatique des images médicales est au cœur des travaux menés par l’Ircad. Son président-fondateur le professeur Jacques Marescaux s’est fait connaître spectaculairement en septembre 2001 du grand public avec l’opération Lindbergh. Une opération chirurgicale entièrement télécommandée depuis New-York -via un robot et une liaison sécurisée à très haut débit- sur une patiente se trouvant à Strasbourg. Si jusqu’à présent le travail des équipes médicales se basait essentiellement sur des images en deux dimensions (images par résonance magnétique, scanners). Avec le système Argonaute 3D, la télé-médecine franchit un pas supplémentaire puisque la représentation virtuelle des zones à traiter est en trois dimensions ainsi que l’explique l’un des concepteurs du projet, le professeur Luc Soler, expert en imagerie médicale à l'Ircad: «L'organe virtuel que nous manipulons par écran interposé est le fidèle reflet de l'organe réel du patient, car il été créé par le logiciel à partir des scanners réalisés sur le malade. Chaque scanner est la photographie d'une tranche d'organe, de 2 mm d'épaisseur. Le logiciel crée un lien entre ces tranches, pour reconstituer l'ensemble de l'organe en 3D».
«Sortir de la solitude pré-opératoire»
Plus étonnant encore, Argonaute 3D va bouleverser les méthodes de travail des praticiens. Véritable plate-forme de travail coopératif, ce logiciel va permettre à l’équipe médicale de préparer de façon optimale l’acte chirurgical. «C’est la première fois que l’on peut manipuler en temps réel, interagir en commun avec l’organe que l’on va opérer», explique le Pr Marescaux. Que se passe-t-il concrètement? A la façon d’un grand jeu vidéo, d'un simple clic de souris, l'organe virtuel peut être examiné, tourné et retourné dans tous les sens par les médecins de plusieurs hôpitaux, connectés simultanément. Et le professeur Marescaux de souligner que «sur l’écran apparaissent les organes voisins du foie, l’équipe médicale peut ainsi discuter de la meilleure façon de détruire les tumeurs par laser, sans endommager les poumons ou la rate. En simulant la destruction de la tumeur, ils peuvent ensuite visualiser ensemble la partie du foie qui devra être retirée, dont le logiciel calculera automatiquement le volume».
Les avantages de ce dispositif sont nombreux: gain de temps pour l’équipe médicale et pour le patient. Le temps étant crucial dans ce type de pathologie. En l’espace de quelques semaines voire plusieurs jours, une tumeur au foie peut évoluer très rapidement. Mais également pour les médecins, le chirurgien Patrick Lozac’h, chef du service de chirurgie digestive du CHU de Brest, met en avant les avantages immédiats de cette technologie pour l’équipe clinique: «Le métier de chirurgien est un métier solitaire. Via cette plate-forme, on peut analyser un cas ensemble et argumenter la qualité du diagnostic pour le bien du patient. Et la possibilité de faire intervenir des experts du monde entier, si ceux-ci utilisent des liaisons Internet haut débit. Argonaute nous fait sortir de cette solitude pré-opératoire». Un des objectifs de la télé-médecine est de faciliter l’accès aux meilleurs spécialistes pour tous les malades.
Les auteurs du programme, dont la conception a coûté plus d'un million d'euros, espèrent le mettre gratuitement à la disposition des cliniques et des hôpitaux. «Ce que nous facturerons, c'est la génération de l'image en 3D à partir des scanners et IRM, mais ce sera un prix modique, de l'ordre de 50 à 100 euros», précise le Pr Marescaux. Plusieurs hôpitaux universitaires français, suisse et allemand auraient déjà manifesté leur intérêt pour Argonaute 3D, qui devrait entrer en service en 2004.
par Myriam Berber
Article publié le 08/11/2002