Chine
Le libéralisme, nouvelle frontière communiste
Le 16e congrès du PCC a adopté les réformes préconisées par la direction sortante: l’équipe dirigeante est renouvelée et les élites sociales entrent au Panthéon du néo-communisme, réinventé par Pékin.
La quatrième génération de dirigeants chinois, depuis la prise du pouvoir par Mao Zedong en 1949, est sur le point de remplacer la vieille garde à l'issue du 16e congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui s’est achevé jeudi à Pékin. Les 2 114 délégués ont officiellement élu les quelque trois cents membres du nouveau Comité central. Reste à présent, pour celui-ci, à désigner le Comité permanent, composé des 7 membres de la direction exécutive du régime chinois. C'est une formalité qui aura lieu vendredi et à l'issue de laquelle on mesurera de visu l'ampleur du renouvellement engagé du personnel politique et le rajeunissement attendu des cadres.
Des 7 sortants, seul le vice-président Hu Jintao demeure sur la liste des 198 membres du nouveau Comité central adoptée ce jeudi. Cette présence au sein de l'instance dirigeante du parti est une condition sine qua non à une cooptation au Comité permanent. Cette présence indique donc qu'il n'y aura pas de surprise, et que le vice-président sera bien porté, jeudi, à la tête du pays en remplacement de Jiang Zemin. Mais le renouvellement des cadres dirigeants et la disparition des anciens de la scène politique ne signifient pas la mise à l'écart de ces derniers. C'est une subtilité de la vie politique chinoise: en dépit de l’âge avancé des sortants, ces derniers ne renoncent jamais à continuer à exercer une influence sur les affaires. Et s’il est acquis que M. Hu conduira les affaires au cours de ces prochaines années, il sera de toute façon sévèrement encadré par les six autres membres du Comité permanent.
Six ou huit, car il est question de relever le nombre des membres de ce Comité afin de mieux préserver les équilibres hérités de l’ancienne direction. Et c’est la composition de cette nouvelle équipe dirigeante qui donnera les indications les plus précises sur l’état des forces politiques en Chine aujourd’hui. Sans surprise, les observateurs les mieux informés de la vie politique chinoise estiment que le secrétaire général sortant Jiang Zemin, comme ses prédécesseurs avant lui, ne prendra en fait qu’une semi-retraite. D'ailleurs, selon la tradition, ce n'est qu'à l'ouverture de la session annuelle du parlement, en mars prochain, que les nouveaux élus prendront effectivement leurs fonctions.
Libéralisme sans liberté
Reste à mesurer la réalité du changement approuvé lors de ce 16ème congrès du PCC. Depuis sa conversion au capitalisme, la direction chinoise doit composer avec des tendances contradictoires. Elle doit notamment maintenir la ligne idéologique révolutionnaire dont elle tire l'essentiel de sa légitimité et les privilèges de sa classe dirigeante, tout en tenant le cap de la libéralisation de l'économie entamée par la «deuxième génération» de dirigeants, en 1992, sous le mot d'ordre de Deng Xiao Ping: «enrichissez-vous».
Ce libéralisme sans la liberté est désormais officiellement contenu dans la formule inédite des «Trois représentativités», un document doctrinal de 700 pages signé Jiang Zemin, que vient d’adopter le congrès. L’idée est d’intégrer, à parité avec les forces sociales traditionnelles (classe ouvrière et paysannerie), les forces économiques émergeantes (élites et patronat). De fait, avec 1,3 milliard de consommateurs, une croissance de 8% par an, des exportations par centaines de milliards de dollars, l’économie de marché est l’atout maître.
Mais la construction est fragile: d’une part, l’essentiel de la population chinoise est d’origine rurale et reste exclue des revenus générés par l’évolution récente et, d’autre part, de larges pans de l’industrie échappent au secteur concurrentiel et sont donc appelés à disparaître. Et ce sont donc des dizaines, voire des centaines de millions de personnes qui seront, tôt ou tard, affectées par l’alignement de Pékin sur les critères de l’Organisation mondiale du commerce, avec les conséquences sociales que l’on imagine. A l’échelle de la Chine, c’est bien davantage que l’économie régionale qui en serait affecté.
Des 7 sortants, seul le vice-président Hu Jintao demeure sur la liste des 198 membres du nouveau Comité central adoptée ce jeudi. Cette présence au sein de l'instance dirigeante du parti est une condition sine qua non à une cooptation au Comité permanent. Cette présence indique donc qu'il n'y aura pas de surprise, et que le vice-président sera bien porté, jeudi, à la tête du pays en remplacement de Jiang Zemin. Mais le renouvellement des cadres dirigeants et la disparition des anciens de la scène politique ne signifient pas la mise à l'écart de ces derniers. C'est une subtilité de la vie politique chinoise: en dépit de l’âge avancé des sortants, ces derniers ne renoncent jamais à continuer à exercer une influence sur les affaires. Et s’il est acquis que M. Hu conduira les affaires au cours de ces prochaines années, il sera de toute façon sévèrement encadré par les six autres membres du Comité permanent.
Six ou huit, car il est question de relever le nombre des membres de ce Comité afin de mieux préserver les équilibres hérités de l’ancienne direction. Et c’est la composition de cette nouvelle équipe dirigeante qui donnera les indications les plus précises sur l’état des forces politiques en Chine aujourd’hui. Sans surprise, les observateurs les mieux informés de la vie politique chinoise estiment que le secrétaire général sortant Jiang Zemin, comme ses prédécesseurs avant lui, ne prendra en fait qu’une semi-retraite. D'ailleurs, selon la tradition, ce n'est qu'à l'ouverture de la session annuelle du parlement, en mars prochain, que les nouveaux élus prendront effectivement leurs fonctions.
Libéralisme sans liberté
Reste à mesurer la réalité du changement approuvé lors de ce 16ème congrès du PCC. Depuis sa conversion au capitalisme, la direction chinoise doit composer avec des tendances contradictoires. Elle doit notamment maintenir la ligne idéologique révolutionnaire dont elle tire l'essentiel de sa légitimité et les privilèges de sa classe dirigeante, tout en tenant le cap de la libéralisation de l'économie entamée par la «deuxième génération» de dirigeants, en 1992, sous le mot d'ordre de Deng Xiao Ping: «enrichissez-vous».
Ce libéralisme sans la liberté est désormais officiellement contenu dans la formule inédite des «Trois représentativités», un document doctrinal de 700 pages signé Jiang Zemin, que vient d’adopter le congrès. L’idée est d’intégrer, à parité avec les forces sociales traditionnelles (classe ouvrière et paysannerie), les forces économiques émergeantes (élites et patronat). De fait, avec 1,3 milliard de consommateurs, une croissance de 8% par an, des exportations par centaines de milliards de dollars, l’économie de marché est l’atout maître.
Mais la construction est fragile: d’une part, l’essentiel de la population chinoise est d’origine rurale et reste exclue des revenus générés par l’évolution récente et, d’autre part, de larges pans de l’industrie échappent au secteur concurrentiel et sont donc appelés à disparaître. Et ce sont donc des dizaines, voire des centaines de millions de personnes qui seront, tôt ou tard, affectées par l’alignement de Pékin sur les critères de l’Organisation mondiale du commerce, avec les conséquences sociales que l’on imagine. A l’échelle de la Chine, c’est bien davantage que l’économie régionale qui en serait affecté.
par Georges Abou
Article publié le 14/11/2002