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Economie africaine

Entre guerres et projets de développement

La XXVIe conférence annuelle des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est ouverte à Dakar sur fond de querelles inter-ivoiriennes. Les chefs d’Etat et de gouvernement évoqueront longuement le conflit ivoirien et se contenteront de parapher des accords de coopération élaborés par les experts.
Tous les acteurs du conflit ivoirien se trouvent actuellement à Dakar, mais une rencontre formelle, entre eux, n’est pas prévue. Les chefs d’Etat et de gouvernement de se contenteront de rapprocher les points de vue qui tendent de diverger, entre les différents protagonistes ivoiriens. La plupart de ces chefs d’Etat étaient présents à Paris, les 25 et 26 janvier, pour entériner l’accord de Marcoussis censé ramener la paix en Côte d’Ivoire. Mais force est de constater que de nombreux points qui découlent de la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation sont remis en cause. Le président Abdoulaye Wade, ouvrant la conférence de la CEDEAO, a fait remarquer la présence des rebelles ivoiriens dans son pays, en même que celle du Premier ministre sortant Pascal Affi N’Guessan et du Premier ministre désigné pour la transition en Côte d’Ivoire, Seydou Diarra. Selon le président sénégalais, cette coïncidence n’est pas fortuite. Elle correspond à une souhait du président Laurent Gbagbo qui attend de la CEDEAO qu’elle l’aide «à reprendre les discussions».

En tant que président de la CEDEAO, Abdoulaye Wade a aussi précisé qu’il n’avait jamais été consulté pour la composition du gouvernement de transition et d’union nationale en Côte d’Ivoire. En revanche «nous avons soutenu le président Gbagbo dans sa démarche», ajoute-t-il. Le président Wade pourrait également inviter ses pairs à l’aider à infléchir la position des rebelles sur leur revendication de prendre à tout prix les ministères de l’Intérieur et de la Défense. «Ces postes clés ne pourraient être affectés aux rebelles» disent de conserve la plupart des partis politiques ivoiriens. Le président sénégalais devrait aussi faire le point sur la participation de la CEDEAO à une force de maintien de la paix en Côte d’Ivoire. Cette force a pour vocation de relever les soldats français de l’opération Licorne qui font observer, entre les belligérants, les engagements de cessation des hostilités. Un contingent de la CEDEAO devrait compter au moins 1 200 hommes.

La Côte d’Ivoire au cœur du débat

Avant le sommet de la CEDEAO, se tenait aussi à Dakar, un autre sommet, celui de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest (UEMOA), qui regroupe huit pays de la région qui utilisent la même monnaie, le franc de la communauté financière africaine, le CFA. Il s’agit du Niger, du Bénin, du Burkina Faso, du Togo, du Mali, de la Guinée-Bissau, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. A ces pays s’ajoutent le Nigeria, le Ghana, le Libéria, la Sierra Leone, la Guinée, la Gambie, les Îles du Cap-vert et la Mauritanie pour former une communauté plus large sans barrière de langue ni de monnaie, la CEDEAO. Cette communauté qui avait pour vocation l’intégration économique se retrouve depuis quelques années à concentrer une bonne part de ses moyens à la résolution de conflits en Afrique de l’ouest. Après la Sierra Leone et le Liberia, c’est autour de la Côte d’Ivoire d’occuper le cœur des débats. Olara Otunna, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés livrera son rapport à la CEDEAO, et les risques encourus par les enfants ivoiriens. Il proposera aux chefs d’Etat et surtout aux Ivoiriens des propositions de réinsertion sociale des enfants frappés par le drame de la guerre.

Par ailleurs, les experts de la CEDEAO ont parlé de leur préoccupation première, l’intégration économique. Il a été question de l’énorme retard des pays africains en matière de communication. Les inter-connexions sont pratiquement inexistantes et les infrastructures routières et ferroviaires sont dans un état de délabrement qui contrarient de nombreux projets de développement. Pour pallier la faiblesse des échanges commerciaux, les experts de la CEDEAO ont mis au point un système de Transport régional inter-Etat, Trie, qui sera opérationnel dès le 1er février 2003. Le Trie est un programme de politique commune pour la construction des voies de communication, l’acheminement des marchandises des ports vers les zones enclavées. Pour cela il est également prévu la création d’un fonds de développement des transports de marchandises. La première expérience du Trie sera éprouvée entre le Sénégal et le Mali avant d’être étendue aux autres pays de la région. Dans le cadre de cette 26ème conférence au sommet de la CEDEAO, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria ont signé un «un projet de gazoduc de l’Afrique de l’ouest» (PGAO). Ce gazoduc sera long de 600 km et permettra au Bénin, au Togo et au Ghana de recevoir du gaz naturel en provenance du Nigeria. La construction et la gestion du gazoduc seront confiées à la Société du gazoduc de l’Afrique de l’ouest (SOGAO). Les travaux débuteront début 2004 et les premières livraisons sont attendues à la mi-2005 pour alimenter les industries locales.



par Didier  Samson

Article publié le 31/01/2003