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Irak

Bush promet un Moyen-Orient pacifié et démocratique

Le président américain a détaillé mercredi soir sa vision du Moyen-Orient, une fois renversé le régime de Saddam Hussein. George Bush a ainsi souhaité l’avènement de la démocratie en Irak en précisant qu’elle servirait d’exemple à d’autres pays dans la région et permettrait de trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Se défendant de vouloir s’installer durablement dans la région, il a affirmé que les Etats-Unis resteront le temps nécessaire sur place pour aider à la reconstruction, «pas un jour de plus». Le président américain a également voulu rassurer sur les conséquences d’une guerre pour la population irakienne, expliquant que des dispositions avaient été mises en place pour venir en aide à quelque deux millions de réfugiés.
Le discours de George Bush devant l’American enterprise institute serait-il le signe que l’échéance d’une guerre contre l’Irak est désormais plus qu’imminente ? Si le président américain s’est, ces dernières semaines, attaqué à plusieurs reprises au maître de Bagdad, c’est en effet la première fois qu’il présente ses plans pour l’après-Saddam, tentant d’apporter une justification à une guerre à laquelle une majorité de pays reste toujours farouchement opposée. «Un nouveau régime en Irak servirait d’exemple exceptionnel et d’inspiration pour les pays de la région» a ainsi affirmé George Bush devant ce très conservateur institut de réflexion dont sont issus la plupart de ses conseillers. Selon lui, il y a en effet «des signes d’espoir au Moyen-Orient et du Maroc à Bahreïn des pays prennent des mesures concrètes de réforme politique». Soucieux de rassurer ceux, parmi lesquels en premier lieu les Irakiens, qui s’inquiètent d’un interventionnisme trop fort de Washington, le président américain a déclaré que les Etats-Unis n’avaient pas l’intention de «déterminer la forme précise que prendra le nouveau gouvernement», estimant que ce choix revenait au peuple irakien. «Pour autant, a-t-il souligné, nous nous assurerons qu’un dictateur brutal ne soit pas remplacé par un autre».

Pour répondre aux nombreuses critiques sur l’administration provisoire que Washington entend mettre en place une fois renversé le régime de Saddam Hussein, George Bush a estimé que «la reconstruction de l’Irak allait demander un engagement à long terme de la part de nombreux pays, y compris les Etats-Unis». Le secrétaire d’Etat Colin Powell avait en effet affirmé à plusieurs reprises qu’un administrateur militaire américain –le général Tommy Franks, actuel commandant en chef des forces américaines dans le Golfe– dirigerait l’Irak pendant plusieurs mois avant d’être remplacé par un administrateur civil, qui céderait lui-même la place à un nouveau gouvernement irakien. Le démocrate Joe Lieberman, candidat à la présidentielle, avait vivement critiqué ce plan affirmant qu’il mettrait les Etats-Unis «dans la position d’une puissance occupante». Se voulant rassurant, George Bush a donc déclaré mercredi que «les Américains resteront en Irak aussi longtemps que nécessaire et pas un jour de plus».

Un Etat palestinien lié au départ de Saddam

Conscient de la réticence des dirigeants arabes et musulmans à une guerre en Irak, le président américain a justifié cette intervention en affirmant qu’un renversement de Saddam Hussein aiderait au règlement du conflit israélo-palestinien. «Un succès en Irak pourra créer un nouvel environnement pour la paix et faire progresser dans la voie de la création d’un Etat palestinien véritablement démocratique», a-t-il déclaré. Pour George Bush en effet, le président irakien soutient les organisations extrémistes palestiniennes et sa disparition «privera ces réseaux terroristes d’un patron qui paie leur entraînement et offre des récompenses aux familles des auteurs d’attentats suicide». Il a également lancé un avertissement, mesuré toutefois, au nouveau gouvernement israélien. L’Etat hébreu, a-t-il affirmé, «devra, une fois que la menace de la terreur sera éliminée et sa sécurité améliorée, soutenir la création d’un Etat palestinien viable». «Au fur et mesure que des progrès seront réalisés dans la voie de la paix, les colonisations dans territoires occupés devront cesser», a également prévenu George Bush, laissant les mains libres au tout nouveau cabinet d’Ariel Sharon fortement connoté à droite.

Le président américain s’est par ailleurs voulu rassurant concernant les conséquences d’une guerre sur la population irakienne en s’engageant notamment à ce qu’elles soient «minimes». Les civils, a-t-il affirmé, recevront une aide importante dont la distribution sera organisée par l’ONU et ses agences en s’appuyant notamment sur l’infrastructure déjà utilisée pour le programme «pétrole contre nourriture». George Bush a toutefois omis de rappeler que les Etats-Unis avaient refusé de participer à une conférence des Nations unies, organisée il y a quelques semaines à Genève, sur les conséquences humanitaires d’une guerre en Irak. Il a en revanche affirmé que les gouvernements américains et britanniques avaient d’ores et déjà débloqué «des dizaines de millions de dollars au Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés et à des groupes comme le Programme alimentaire et mondial et l’Unicef». Et selon lui, l’administration américaine est en train d’acheminer quelque «trois millions de rations alimentaires pour nourrir les affamés». Tout dans le discours du président américain était destiné à présenter la guerre en Irak comme une guerre de libération. Son argumentaire semble pourtant n’avoir convaincu que ceux qui l’étaient déjà.

A écouter :
Olivier Da Lage, journaliste à RFI, au micro de Valérie Lehoux.
27/02/2003, 4'52



par Mounia  Daoudi

Article publié le 27/02/2003