Irak
Saddam Hussein : 48 h pour partir
Le président Bush a adressé hier soir un dernier ultimatum à Saddam Hussein. Le dirigeant irakien a 48 heures pour fuir l'Irak, si il veut éviter une invasion américaine que l'ONU s'est refusée à autoriser. Le personnel des Nations unies a malgré tout commencé à évacuer le pays. Aux États-Unis, le niveau d'alerte terroriste est augmenté d'un cran, à une marche de son maximum. La déclaration du président Bush a provoqué une réaction solennelle de plusieurs dirigeants internationaux, notamment de la part de la Russie, de la France et du Vatican.
De notre correspondant à New York (Nations unies)
Dur, déterminé, le président américain s'est adressé hier soir à la nation pour donner le signal qu'une guerre contre l'Irak est imminente. «Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l'Irak dans les prochaines 48 heures», a prévenu George Bush. «Leur refus d'obtempérer aura pour conséquence de déclencher un conflit armé qui commencera au moment de notre choix» a-t-il ajouté. Sa «coalition des volontaires» compte principalement dans ses rangs la Grande Bretagne, l'Espagne et l'Australie. Alors que près de 250 000 soldats américains sont massés aux frontières de l'Irak, le président américain a promis que «bientôt, le tyran disparaîtra». Il a conseillé aux journalistes et aux travailleurs humanitaires de quitter le pays.
Résumant les justifications de cette guerre, il a martelé que Saddam Hussein, avec sa haine de l'Amérique a sa tendance à envahir ses voisins, pourrait partager des armes de destruction massive avec des terroristes. Aux Etats-Unis, le niveau d'alerte terroriste a immédiatement été augmenté d'un cran, en prévision de possibles représailles contre les intérêts américains. La sécurité a été augmentée, dans les aéroports et sur les voies navigables. «Ces attaques ne sont pas inévitables, mais elles sont possibles» a prévenu George Bush, tout en assurant que le peuple américain ne se laisserait pas «intimider par des voyous et des tueurs».
Il a également lancé un message sans ambiguité à l'égard des troupes irakiennes. «Ne combattez pas pour un régime mourant qui ne vaut pas votre propre vie» a-t-il expliqué avant de les mettre en garde contre la destruction des puits de pétrole ou l'utilisation d'armes de destruction massives. «L'armée irakienne peut encore agir avec honneur et protéger son pays, en laissant entrer pacifiquement les forces de la coalition pour éliminer les armes de destruction massive» a-t-il ajouté. S'adressant à la population irakienne, dont une partie suivait l'allocution présidentielle, le président américain a promis : «Le jour de votre libération est proche». Il a également promis des lendemain meilleurs sous forme de nourriture, de médicaments et d'aide américaine.
Pendant ce temps, l'évacuation des personnels de l'ONU en Irak s'accélérait. Sur ordre de Kofi Annan, tous doivent quitter le pays en moins de 48 heures. Le secrétaire général de l'ONU agit dans le simple but de préserver la sécurité de ses personnels et a notifié sa décision au Conseil de sécurité. Toutes les activités de l'ONU en Irak sont suspendues, jusqu'à nouvel ordre. C'est vrai de la mission des inspecteurs en désarmement et de celle de l'Agence internationale à l'énergie atomique. Les casques bleus qui surveillaient la frontière entre l'Irak et le Koweït se retirent également du chemin des troupes américaines.
Les différentes agences humanitaires de l'ONU se redéploient dans les pays voisins, où de la nourriture, des tentes et des couvertures ont été stockées, dans l'attente des réfugiés. Le programme pétrole contre nourriture, qui fournit la subsistance de près de 60% de la population irakienne, est également interrompu, ce qui pourrait avoir des conséquences humanitaires catastrophiques. Le mois dernier, il y avait encore 1 200 fonctionnaires de l'ONU en Irak. Ce chiffre est aujourd'hui d'environ 300 personnes, dont 135 pour la mission d'inspection.
Une journée noire pour les Nations unies
L'annonce d'une guerre imminente est venue conclure une journée noire pour les Nations unies. Après des semaines d'intenses négociations, les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont tout simplement décidé de contourner l'ONU, en retirant leur projet de résolution, dont l'objectif était d'autoriser une guerre contre l'Irak. Londres et Washington ont clairement désigné un coupable, la France, qui aurait sapé la négociation, en menaçant d'utiliser son droit de veto. Le président Bush a fait écho à ces critiques dans son discours. «Ces gouvernements partagent notre évaluation du danger, mais pas notre détermination à y faire face» a-t-il expliqué, visant visiblement au premier chef la France et la Russie. Mais si vote il y avait eu, la France n'aurait même pas eu besoin d'utiliser son droit de veto, dans la mesure où les Etats-Unis ne disposaient que de 4 voix sur 15.
Il s'agit donc pour Washington d'un sérieux revers diplomatique. Contrairement à ce qu'avait promis le président Bush, qui voulait que chaque pays montre ses cartes, la résolution a été retirée, notamment à la demande de la Grande Bretagne. Un vote négatif aurait donné l'impression que Londres et Washington défiaient le Conseil de sécurité. Ce retrait permet aussi, au camp de la guerre, de revendiquer les résolutions existantes pour justifier, d'un point de vue légal, l'usage de la force. «Les États-Unis et nos alliés sont autorisés à employer la force pour débarrasser l'Irak de ses armes de destruction massive. Ce n'est pas une question d'autorité. C'est une question de volonté» a assuré George Bush. Les juristes internationaux sont divisés sur la question de savoir si cette guerre est légale ou non. Reste une question : pourquoi avoir déployé tant d'efforts à demander une deuxième résolution si elle ne servait à rien ? «Le Conseil de sécurité ne s'est pas montré à la hauteur de ses responsabilités, c'est pourquoi nous nous élèverons à la hauteur des nôtres», a assuré le président Bush.
Après avoir été longtemps mystérieux sur cette question, la Maison Blanche semble enfin décidée à mettre un prix sur cette guerre : 70 milliards de dollars que le président Bush demandera au Congrès. Il devrait se montrer discret dans les jours à venir, et s'adresser de nouveau au peuple américain quand la guerre aura commencé.
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L'ultimatum américain: ce qu'a dit George Bush
Dur, déterminé, le président américain s'est adressé hier soir à la nation pour donner le signal qu'une guerre contre l'Irak est imminente. «Saddam Hussein et ses fils doivent quitter l'Irak dans les prochaines 48 heures», a prévenu George Bush. «Leur refus d'obtempérer aura pour conséquence de déclencher un conflit armé qui commencera au moment de notre choix» a-t-il ajouté. Sa «coalition des volontaires» compte principalement dans ses rangs la Grande Bretagne, l'Espagne et l'Australie. Alors que près de 250 000 soldats américains sont massés aux frontières de l'Irak, le président américain a promis que «bientôt, le tyran disparaîtra». Il a conseillé aux journalistes et aux travailleurs humanitaires de quitter le pays.
Résumant les justifications de cette guerre, il a martelé que Saddam Hussein, avec sa haine de l'Amérique a sa tendance à envahir ses voisins, pourrait partager des armes de destruction massive avec des terroristes. Aux Etats-Unis, le niveau d'alerte terroriste a immédiatement été augmenté d'un cran, en prévision de possibles représailles contre les intérêts américains. La sécurité a été augmentée, dans les aéroports et sur les voies navigables. «Ces attaques ne sont pas inévitables, mais elles sont possibles» a prévenu George Bush, tout en assurant que le peuple américain ne se laisserait pas «intimider par des voyous et des tueurs».
Il a également lancé un message sans ambiguité à l'égard des troupes irakiennes. «Ne combattez pas pour un régime mourant qui ne vaut pas votre propre vie» a-t-il expliqué avant de les mettre en garde contre la destruction des puits de pétrole ou l'utilisation d'armes de destruction massives. «L'armée irakienne peut encore agir avec honneur et protéger son pays, en laissant entrer pacifiquement les forces de la coalition pour éliminer les armes de destruction massive» a-t-il ajouté. S'adressant à la population irakienne, dont une partie suivait l'allocution présidentielle, le président américain a promis : «Le jour de votre libération est proche». Il a également promis des lendemain meilleurs sous forme de nourriture, de médicaments et d'aide américaine.
Pendant ce temps, l'évacuation des personnels de l'ONU en Irak s'accélérait. Sur ordre de Kofi Annan, tous doivent quitter le pays en moins de 48 heures. Le secrétaire général de l'ONU agit dans le simple but de préserver la sécurité de ses personnels et a notifié sa décision au Conseil de sécurité. Toutes les activités de l'ONU en Irak sont suspendues, jusqu'à nouvel ordre. C'est vrai de la mission des inspecteurs en désarmement et de celle de l'Agence internationale à l'énergie atomique. Les casques bleus qui surveillaient la frontière entre l'Irak et le Koweït se retirent également du chemin des troupes américaines.
Les différentes agences humanitaires de l'ONU se redéploient dans les pays voisins, où de la nourriture, des tentes et des couvertures ont été stockées, dans l'attente des réfugiés. Le programme pétrole contre nourriture, qui fournit la subsistance de près de 60% de la population irakienne, est également interrompu, ce qui pourrait avoir des conséquences humanitaires catastrophiques. Le mois dernier, il y avait encore 1 200 fonctionnaires de l'ONU en Irak. Ce chiffre est aujourd'hui d'environ 300 personnes, dont 135 pour la mission d'inspection.
Une journée noire pour les Nations unies
L'annonce d'une guerre imminente est venue conclure une journée noire pour les Nations unies. Après des semaines d'intenses négociations, les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont tout simplement décidé de contourner l'ONU, en retirant leur projet de résolution, dont l'objectif était d'autoriser une guerre contre l'Irak. Londres et Washington ont clairement désigné un coupable, la France, qui aurait sapé la négociation, en menaçant d'utiliser son droit de veto. Le président Bush a fait écho à ces critiques dans son discours. «Ces gouvernements partagent notre évaluation du danger, mais pas notre détermination à y faire face» a-t-il expliqué, visant visiblement au premier chef la France et la Russie. Mais si vote il y avait eu, la France n'aurait même pas eu besoin d'utiliser son droit de veto, dans la mesure où les Etats-Unis ne disposaient que de 4 voix sur 15.
Il s'agit donc pour Washington d'un sérieux revers diplomatique. Contrairement à ce qu'avait promis le président Bush, qui voulait que chaque pays montre ses cartes, la résolution a été retirée, notamment à la demande de la Grande Bretagne. Un vote négatif aurait donné l'impression que Londres et Washington défiaient le Conseil de sécurité. Ce retrait permet aussi, au camp de la guerre, de revendiquer les résolutions existantes pour justifier, d'un point de vue légal, l'usage de la force. «Les États-Unis et nos alliés sont autorisés à employer la force pour débarrasser l'Irak de ses armes de destruction massive. Ce n'est pas une question d'autorité. C'est une question de volonté» a assuré George Bush. Les juristes internationaux sont divisés sur la question de savoir si cette guerre est légale ou non. Reste une question : pourquoi avoir déployé tant d'efforts à demander une deuxième résolution si elle ne servait à rien ? «Le Conseil de sécurité ne s'est pas montré à la hauteur de ses responsabilités, c'est pourquoi nous nous élèverons à la hauteur des nôtres», a assuré le président Bush.
Après avoir été longtemps mystérieux sur cette question, la Maison Blanche semble enfin décidée à mettre un prix sur cette guerre : 70 milliards de dollars que le président Bush demandera au Congrès. Il devrait se montrer discret dans les jours à venir, et s'adresser de nouveau au peuple américain quand la guerre aura commencé.
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par Philippe Bolopion
Article publié le 18/03/2003