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Reconstruction de l''Irak

Perle, première victime des conflits d’intérêts

La polémique, aux Etats-Unis, sur les conflits d'intérêts entre responsabilités politiques et économiques vient de faire sa première victime. Richard Perle, président du conseil consultatif de Défense a démissionné de cette fonction en raison de son activité de consultant dans une entreprise de télécommunications.
L'un des «faucons», ces chauds partisans et instigateurs de l'intervention américaine en Irak, Richard Perle, a adressé au secrétaire d'état à la Défense Donald Rumsfeld sa démission de son poste de président du conseil consultatif de Défense, organisme placé auprès du Pentagone. Cette démission intervient dans un contexte polémique, aux Etats-Unis, né après l'attribution par l'armée américaine d'un gros contrat à une filiale du groupe Halliburton, lié au vice-président Dick Cheney.

La question des conflits d’intérêts entre les responsabilités et fonctions politiques de personnalités proches du président Bush et, plus généralement, de l’administration républicaine au pouvoir et leurs activités dans le secteur économique et financier, notamment dans le cadre des contrats commerciaux de reconstruction de l’Irak, est désormais posée. Dans le cas de Richard Perle, il s’agit de son activité rémunérée au sein de la compagnie de télécommunications en faillite Global Crossing et des conseils qu’il a pu prodiguer sur les possibilités d’investissements résultants de la reconstruction en Irak.

L’opposition démocrate au Congrès s’en donne à cœur joie. Un parlementaire a dénoncé «l’apparence» de liens entre les fonctions antérieures au groupe Halliburton de Dick Cheney et celles, actuelles, de vice-président, pour l’obtention d’un contrat d’extinction des puits de pétrole en Irak. Un autre de ses collègues a demandé, il y a quelques jours, à l’inspecteur général du Pentagone d’enquêter sur un possible conflit d’intérêt concernant Richard Perle.

Jugeant qu’il ne parviendrait pas à «dissiper rapidement ou facilement les critiques», le président du conseil consultatif de Défense, créé en 2001 pour faire des recommandations au Pentagone, a préféré se démettre. Par la même occasion, il a annoncé qu’il quittait aussi son poste de consultant de Global Crossing, précisant que les rémunérations perçues pour services rendus par le passé iraient aux familles des victimes américaines de la guerre en Irak.

Haro sur le Prince des ténèbres

Celui que ses amis surnomment le «Prince des ténèbres», Richard Perle, 61 ans, a été secrétaire adjoint à la Défense du président Ronald Reagan dans les années 80 et demeure un homme d’influence dans les réseaux républicains et les sphères du pouvoir. A cela s’ajoutent ses activités dans différents conseils d’administration de sociétés souvent liées au fameux complexe militaro-industriel des Etats-Unis. Richard Perle a donc conseillé l’opérateur en faillite d’un réseau international de télécommunications par fibre optique, Global Crossing, dans sa tentative de vendre la majorité de ses parts à des sociétés relevant de capitaux chinois et singapouriens. Cette opération financière a été stoppée par la commission des investissements étrangers aux États-Unis comme néfaste aux intérêts nationaux.

De plus, début mars, le magazine New Yorker avait publié une enquête sur les activités du même Richard Perle au sein de la société d’investissement Trireme Partners, dont il est l’un des dirigeants. Certes, relève le politologue américain Larry Noble, ces activités ne sont pas, stricto sensu, illégales, mais elles présentent des risques de conflits d’intérêts.

En attendant, le clan des «faucons» perd un de ses chefs de file et le secrétaire d’Etat à la Défense Donald Rumsfeld ne s’y est pas trompé en lui demandant de rester au conseil consultatif de Défense en qualité de simple membre.



par Francine  Quentin

Article publié le 28/03/2003