Nucléaire
Tchernobyl : la contamination réévaluée en France
Dix-sept ans après la catastrophe nucléaire de la centrale de Tchernobyl, un rapport publié en France par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire montre que l’Hexagone n’a pas été épargné par le nuage radioactif. Les taux de contamination annoncés il y a un an ont été réévalués à la hausse et correspondent dorénavant à ceux des autres pays européens voisins.
«Des dépôts [radioactifs] équivalents à ceux qui apparaissent dans certaines zones du nord de l’Italie, de Suisse et du sud de l’Allemagne» et «une continuité de la contamination avec l’est de la Grande-Bretagne et la Belgique» ont été mis en évidence par la juxtaposition de la nouvelle carte réalisée par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à celle de la Commission européenne de 1998.
Ces documents établissent le rapport entre le taux de césium 137 dans l’air après le passage du nuage radioactif en mai 1986 et la hauteur des pluies. La combinaison de ces deux facteurs détermine, en effet, le niveau de contamination des sols. La comparaison réalisée avec les résultats obtenus sur le niveau de la radioactivité dans les pays voisins permet quant à elle de vérifier la cohérence de ces différentes données. De ce point de vue, la nouvelle version de la carte de l’IRSN semble mieux correspondre à la réalité. Ce qui n’était visiblement pas le cas de la version 2002 qui, de l’avis de l’adjoint à la direction de la protection sanitaire de l’IRSN, avait été «décriée à juste titre comme montrant des contaminations très faibles».
Cependant un certain nombre d’incertitudes demeurent. Elles tiennent notamment à la hauteur réelle des pluies tombées dont la mesure peut ne pas avoir été totalement exacte entre deux stations de relevés. Dans ce cas, il pourrait y avoir dans certaines zones des accumulations de dépôts radioactifs plus importantes que celles qui ont été estimées sur la carte. D’autre part, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl n’est pas la seule source de radioactivité susceptible d’avoir fait monter le niveau du césium 137 dans les sols français. Une autre étude plus générale est d’ailleurs en cours pour évaluer l’impact des essais nucléaires atmosphériques réalisés par les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine entre 1945 et 1980.
Le sarcophage menace de s’effondrer
Malgré cette contamination, il n’est pas possible d’établir scientifiquement, en France, une relation de cause à effet avec l’augmentation des cancers de la thyroïde constatée ces trente dernières années. L’IRSN et l’Institut de veille sanitaire ont ainsi conclu «à la difficulté de mettre en évidence de tels excès de cancers en relation avec l’accident de Tchernobyl par des études épidémiologiques».
La situation dans les pays directement touchés par l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, qui aurait entraîné la mort d’au moins 25 000 personne, est très différente. On estime que près de 2,5 millions d’Ukrainiens souffrent actuellement de problèmes de santé consécutifs à la catastrophe. Le nombre de cancers de la thyroïde a connu une augmentation tellement importante que l’on parle «d’épidémie». Mille huit cents cas ont, en effet, été dénombrés chez les personnes âgées de moins de 18 ans en 1986 en Ukraine, Biélorussie et Russie alors que ce cancer est normalement très rare chez l’enfant. L’exposition à la radioactivité dans ces régions est aussi responsable d’une forte augmentation des leucémies et des malformations chez les enfants.
Dix-sept ans après la catastrophe, les populations locales continuent à payer le prix fort et toutes les zones d’ombre sur la gestion des conséquences de l’explosion ne sont pas encore levées. D’autre part, l’état du site de la centrale est encore une source de préoccupation. Les autorités ukrainiennes ont annoncé que le sarcophage de béton qui recouvre le réacteur qui avait explosé en 1986 menace de s’effondrer. De nombreuses brèches y ont été trouvées et la structure du toit pourrait céder. La mise en œuvre du projet de construction d’un nouveau sarcophage initié par l’Ukraine avec l’aide de financements internationaux est donc devenue particulièrement urgente si l’on veut éviter une nouvelle contamination.
Ces documents établissent le rapport entre le taux de césium 137 dans l’air après le passage du nuage radioactif en mai 1986 et la hauteur des pluies. La combinaison de ces deux facteurs détermine, en effet, le niveau de contamination des sols. La comparaison réalisée avec les résultats obtenus sur le niveau de la radioactivité dans les pays voisins permet quant à elle de vérifier la cohérence de ces différentes données. De ce point de vue, la nouvelle version de la carte de l’IRSN semble mieux correspondre à la réalité. Ce qui n’était visiblement pas le cas de la version 2002 qui, de l’avis de l’adjoint à la direction de la protection sanitaire de l’IRSN, avait été «décriée à juste titre comme montrant des contaminations très faibles».
Cependant un certain nombre d’incertitudes demeurent. Elles tiennent notamment à la hauteur réelle des pluies tombées dont la mesure peut ne pas avoir été totalement exacte entre deux stations de relevés. Dans ce cas, il pourrait y avoir dans certaines zones des accumulations de dépôts radioactifs plus importantes que celles qui ont été estimées sur la carte. D’autre part, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl n’est pas la seule source de radioactivité susceptible d’avoir fait monter le niveau du césium 137 dans les sols français. Une autre étude plus générale est d’ailleurs en cours pour évaluer l’impact des essais nucléaires atmosphériques réalisés par les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine entre 1945 et 1980.
Le sarcophage menace de s’effondrer
Malgré cette contamination, il n’est pas possible d’établir scientifiquement, en France, une relation de cause à effet avec l’augmentation des cancers de la thyroïde constatée ces trente dernières années. L’IRSN et l’Institut de veille sanitaire ont ainsi conclu «à la difficulté de mettre en évidence de tels excès de cancers en relation avec l’accident de Tchernobyl par des études épidémiologiques».
La situation dans les pays directement touchés par l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl, qui aurait entraîné la mort d’au moins 25 000 personne, est très différente. On estime que près de 2,5 millions d’Ukrainiens souffrent actuellement de problèmes de santé consécutifs à la catastrophe. Le nombre de cancers de la thyroïde a connu une augmentation tellement importante que l’on parle «d’épidémie». Mille huit cents cas ont, en effet, été dénombrés chez les personnes âgées de moins de 18 ans en 1986 en Ukraine, Biélorussie et Russie alors que ce cancer est normalement très rare chez l’enfant. L’exposition à la radioactivité dans ces régions est aussi responsable d’une forte augmentation des leucémies et des malformations chez les enfants.
Dix-sept ans après la catastrophe, les populations locales continuent à payer le prix fort et toutes les zones d’ombre sur la gestion des conséquences de l’explosion ne sont pas encore levées. D’autre part, l’état du site de la centrale est encore une source de préoccupation. Les autorités ukrainiennes ont annoncé que le sarcophage de béton qui recouvre le réacteur qui avait explosé en 1986 menace de s’effondrer. De nombreuses brèches y ont été trouvées et la structure du toit pourrait céder. La mise en œuvre du projet de construction d’un nouveau sarcophage initié par l’Ukraine avec l’aide de financements internationaux est donc devenue particulièrement urgente si l’on veut éviter une nouvelle contamination.
par Valérie Gas
Article publié le 25/04/2003 Dernière mise à jour le 06/09/2005 à 10:07 TU