Irak
Un Conseil de gouvernement dirigera bientôt le pays
Les Irakiens devraient, avant la fin du mois de juillet, être dirigés par un Conseil de gouvernement transitoire, qui sera doté de véritables pouvoirs exécutifs. Cette initiative de l’administrateur en chef américain, Paul Bremer, a été très largement approuvée lors d’une réunion à Salaheddine, dans le Kurdistan des sept principales formations politiques irakiennes. Elle aurait été initiée par le représentant spécial des Nations unies pour l’Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello. La situation sécuritaire de plus en plus précaire dans le pays, où il ne se passe pas un jour sans que les forces de la coalition ne fassent l’objet d’attaques terroristes, semble toutefois avoir largement convaincu Paul Bremer de céder un peu de pouvoir aux Irakiens au risque de voir les Etats-Unis accusés une nouvelle fois d’occuper l’Irak et d’encourager ainsi les partisans de l’ancien régime à répondre à l’appel de Saddam Hussein à combattre l’ennemi.
Quelques heures avant une réunion des principales formations politiques irakiennes à Salaheddine qui promettait d’être houleuse tant le projet politique de l’administrateur américain Paul Bremer était décrié par ces alliés de Washington, le représentant des Nations unies en Irak annonçait implicitement la conclusion d’un accord entre les différentes parties. «Monsieur Bremer a écouté certains conseils, que nous entre autres, lui avons donnés. Il a mis de l’eau dans son vin et a transformé petit à petit ce conseil qui n’était au départ que consultatif en conseil auquel il est disposé à déléguer un certain nombre de pouvoir», avait affirmé dimanche Sergio Vieira de Mello. L’administrateur américain s’était en effet attiré les foudres de ses interlocuteurs irakiens en leur proposant, le 1er juin dernier, la création vers la mi-juillet d’un Conseil politique. Ce conseil, composé de 25 à 30 membres, devait avoir pour principale mission de «conseiller» l’administration occupante dans les domaines économique et politique. Il devait également préparer un referendum sur une nouvelle Constitution dont l’élaboration serait confiée à une assemblée de 125 membres formée par la coalition au cours du mois de juillet.
Le projet de Paul Bremer avait provoqué la colère des groupes politiques irakiens, parmi lesquels le Conseil national irakien (CNI), dirigé par le plus fidèle allié de Washington, le très controversé Ahmed Chalabi. Tous voyaient en effet s’éloigner dans ce projet toute possibilité de prendre enfin les rênes du pays après 35 ans de confiscation du pouvoir par le parti Baas. L’administrateur américain a en outre subi un revers majeur lorsque l’un des plus éminents dignitaires chiites du pays l’a ouvertement désavoué la semaine dernière. Considéré comme modéré, l’ayatollah Ali al-Sistani s’était en effet très vivement opposé à la rédaction d’une nouvelle constitution par une assemblée qui serait désignée par les forces d’occupation. «Le projet en question est fondamentalement inacceptable», avait-il affirmé en soulignant qu’«il n’y avait aucune garanti qu’une telle assemblée rédigera une Constitution respectant les intérêts du peuple irakien et exprimant son identité nationale, qui a pour principaux piliers l’islam et les valeurs sociales nobles». Ce dignitaire religieux, très respecté en Irak, avait en outre appelé à la tenue d’élections générales «pour que chaque Irakien jouissant du droit de vote puisse élire ses représentants au sein de l’assemblée chargée de rédiger la Constitution, qui devra par la suite approuvée par un referendum».
La sécurité aux mains des Américains
Cette levée de boucliers, combinée à l’incapacité des forces de la coalition à garantir la sécurité dans le pays ou encore à remettre en état les infrastructures de base, ont sans doute largement été à l’origine de la décision de Paul Bremer de modifier son projet initial. Le nouveau Conseil de gouvernement transitoire sera comme le premier Conseil composé de 25 à 30 membres. Mais ces derniers ne seront pas nommés par l’administration américaine même si cette dernière conserve un droit de regard sur la question. Les principaux groupes politiques ont d’ailleurs d’ores et déjà entamé des négociations pour les désigner. Ce Conseil devrait, à en croire un diplomate en poste à Bagdad «comprendre des personnalités de premier plan, des représentants des forces sociales, des régions et des minorités ainsi que 3 ou 4 femmes».
Une fois formée, cette nouvelle instance nommera par consensus des ministres qui auront en charge un budget pour gérer notamment des domaines aussi différents que l’éducation, les réformes législatives, le droit des minorités ou encore la politique pétrolière. Elle désignera également des représentants diplomatiques pour participer à des conférences internationales auxquelles l’Irak doit être représenté et reconnu pour pouvoir négocier notamment des dossiers aussi importants que le pétrole ou la dette irakienne.
Satisfaits des nouvelles attributions du Conseil de gouvernement transitoire, les groupes politiques irakiens réunis à Salaheddine ont estimé que cette nouvelle instance aura «des prérogatives et des pouvoirs pour définir et mettre en œuvre les politiques dans différents domaines». Ils y voient «un pas dans la bonne direction vers la création d’un gouvernement transitoire irakien». Et cela même si la sécurité reste entre les mains des forces de la coalition.
Le projet de Paul Bremer avait provoqué la colère des groupes politiques irakiens, parmi lesquels le Conseil national irakien (CNI), dirigé par le plus fidèle allié de Washington, le très controversé Ahmed Chalabi. Tous voyaient en effet s’éloigner dans ce projet toute possibilité de prendre enfin les rênes du pays après 35 ans de confiscation du pouvoir par le parti Baas. L’administrateur américain a en outre subi un revers majeur lorsque l’un des plus éminents dignitaires chiites du pays l’a ouvertement désavoué la semaine dernière. Considéré comme modéré, l’ayatollah Ali al-Sistani s’était en effet très vivement opposé à la rédaction d’une nouvelle constitution par une assemblée qui serait désignée par les forces d’occupation. «Le projet en question est fondamentalement inacceptable», avait-il affirmé en soulignant qu’«il n’y avait aucune garanti qu’une telle assemblée rédigera une Constitution respectant les intérêts du peuple irakien et exprimant son identité nationale, qui a pour principaux piliers l’islam et les valeurs sociales nobles». Ce dignitaire religieux, très respecté en Irak, avait en outre appelé à la tenue d’élections générales «pour que chaque Irakien jouissant du droit de vote puisse élire ses représentants au sein de l’assemblée chargée de rédiger la Constitution, qui devra par la suite approuvée par un referendum».
La sécurité aux mains des Américains
Cette levée de boucliers, combinée à l’incapacité des forces de la coalition à garantir la sécurité dans le pays ou encore à remettre en état les infrastructures de base, ont sans doute largement été à l’origine de la décision de Paul Bremer de modifier son projet initial. Le nouveau Conseil de gouvernement transitoire sera comme le premier Conseil composé de 25 à 30 membres. Mais ces derniers ne seront pas nommés par l’administration américaine même si cette dernière conserve un droit de regard sur la question. Les principaux groupes politiques ont d’ailleurs d’ores et déjà entamé des négociations pour les désigner. Ce Conseil devrait, à en croire un diplomate en poste à Bagdad «comprendre des personnalités de premier plan, des représentants des forces sociales, des régions et des minorités ainsi que 3 ou 4 femmes».
Une fois formée, cette nouvelle instance nommera par consensus des ministres qui auront en charge un budget pour gérer notamment des domaines aussi différents que l’éducation, les réformes législatives, le droit des minorités ou encore la politique pétrolière. Elle désignera également des représentants diplomatiques pour participer à des conférences internationales auxquelles l’Irak doit être représenté et reconnu pour pouvoir négocier notamment des dossiers aussi importants que le pétrole ou la dette irakienne.
Satisfaits des nouvelles attributions du Conseil de gouvernement transitoire, les groupes politiques irakiens réunis à Salaheddine ont estimé que cette nouvelle instance aura «des prérogatives et des pouvoirs pour définir et mettre en œuvre les politiques dans différents domaines». Ils y voient «un pas dans la bonne direction vers la création d’un gouvernement transitoire irakien». Et cela même si la sécurité reste entre les mains des forces de la coalition.
par Mounia Daoudi
Article publié le 08/07/2003