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Proche-Orient

Tollé international contre la menace d’expulsion d’Arafat

La décision d’Israël d’expulser Yasser Arafat a déclenché un tollé dans la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, réuni en urgence, a demandé au gouvernement israélien de ne pas imposer de départ forcé au président de l’Autorité palestinienne, ainsi que le cabinet de sécurité israélien en a arrêté le principe. De leur côté, les Etats-Unis ont clairement fait savoir aux responsables israéliens que bannir Yasser Arafat ne serait «pas constructif» pour la réussite de la feuille de route et offrirait en outre «une plus large tribune» au président palestinien.
La décision d’Israël d’expulser Yasser Arafat a déclenché un tollé dans la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, réuni en urgence, a demandé au gouvernement israélien de ne pas imposer de départ forcé au président de l’Autorité palestinienne, ainsi que le cabinet de sécurité israélien en a arrêté le principe. De leur côté, les Etats-Unis ont clairement fait savoir aux responsables israéliens que bannir Yasser Arafat ne serait «pas constructif» pour la réussite de la feuille de route et offrirait en outre «une plus large tribune» au président palestinien.

Mofaz n’exclut pas la liquidation d’Arafat

Ce scénario, temporairement remisé sous la pression diplomatique, semble connaître une nouvelle jeunesse ces jours-ci. Ce jeudi, le Jerusalem Post, un quotidien d’extrême droite de langue anglaise, appelle dans un éditorial à «tuer Yasser Arafat, car le monde ne nous laisse pas d’autre alternative». Shaoul Mofaz, selon Yediot Aharonot, le principal quotidien israélien, «n’exclut pas» son assassinat. Sans aller nécessairement jusque là, une majorité de ministres du gouvernement Sharon se sont prononcés pour un bannissement du président palestinien. Certains parlent de Tunis, d’autres de l’Égypte, et même de la France ! Le président Hosni Moubarak, tout en critiquant ce projet, s’est d’ailleurs déclaré prêt à accueillir Arafat en exil, ce que les israéliens ne manqueront pas d’interpréter comme un accord tacite de l’Égypte au bannissement d’Arafat. La décision européenne, confirmée ce jeudi, d’inscrire la branche politique du Hamas sur la liste des organisations terroriste est interprétée par les Israéliens comme le contexte diplomatique le plus favorable qu’ait connu Israël depuis de nombreuses années, tout comme le rapprochement avec New Delhi, malgré l’interruption de la visite en Inde d’Ariel Sharon.

Pour l’heure, le mot d’ordre qui semble prédominer à la présidence du conseil israélienne est que pour le moment, Israël n’a pas encore pris la décision. Mais il est clair que le dossier a été rouvert à la suite de la démission du gouvernement d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et des derniers attentats du Hamas. Les autorités israéliennes en ont aussitôt fait porter la responsabilité au président palestinien, accusé d’avoir entravé les efforts de son Premier ministre dans sa lutte contre le terrorisme. Ces derniers jours, les paroles émanant de Washington sur la question mettent en garde Israël contre les «conséquences» de ses décisions, laissant entendre qu’un départ forcé d’Arafat n’améliorerait pas la situation. Mais dans le même temps, la Maison Blanche a rappelé qu’à ses yeux, Arafat était le problème et non la solution.

Washington n’a donc pas donné son feu vert à la déportation de Yasser Arafat, mais à Jérusalem, on veut croire que ce n’est pas non plus un feu rouge. Reste une question que Sharon va devoir trancher dans les heures ou les jours qui viennent : Israël peut-il considérer qu’un «feu orange» vaut approbation tacite des États-Unis ? Quoi qu’il en soit, les proches de Yasser Arafat prennent la menace au sérieux et battent le rappel de la communauté internationale. Ahmed Abderrahmane, secrétaire général de l’Autorité palestinienne, a averti que l’exil forcé d’Arafat «conduirait la région au bord de l’abîme».

Un sous-produit de cette décision, quelle qu’elle soit, est que pour les Palestiniens, elle aura été prise en accord avec Washington. Si Arafat reste encerclé à Ramallah, les Palestiniens sauront gré aux États-Unis d’avoir retenu leur allié israélien. Mais s’il est chassé des territoires palestiniens, la réaction prévisible risque de ne pas les épargner.

Ecouter également :
Le choix de RFI
Dominique Roch, l'envoyée spéciale permanente de RFI à Jérusalem au micro de Florent Guignard, 12/09/2003.

Frédérique Misslin, envoyée spéciale de RFI à Gaza au micro de Caroline Paré, 12/09/2003



par Olivier  Da Lage

Article publié le 13/09/2003