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Proche-Orient

Expulsion d’Arafat : Israël hésite

Devant la réprobation internationale suscitée par la décision d’expulser le président palestinien Yasser Arafat, et les difficultés pratiques de l’opération, le gouvernement israélien semble hésiter. La presse israélienne s’interroge sur les conséquences de cette annonce de bannissement.
Si le gouvernement israélien espérait contribuer à la marginalisation du leader palestinien Yasser Arafat en annonçant qu’il envisageait de l’expulser du territoire, c’est raté. La presse israélienne souligne avec quelque ironie que depuis jeudi, date à laquelle le conseil de sécurité israélien a rendu publique sa décision «de principe» de procéder au bannissement de Yasser Arafat, celui-ci est largement revenu au centre de la scène politique du Proche-Orient. Le président de l’Autorité palestinienne a reçu le soutien de milliers de manifestants en Cisjordanie et à Gaza. Il a même pu, dimanche, s’adresser par téléphone à environ 20 000 réfugiés d’un camp palestinien au Liban, pour les remercier de leur solidarité et réaffirmer qu’il résisterait au projet israélien de l’expulser.

A cela s’ajoute le tollé suscité dans la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a demandé à l’Etat hébreu de ne pas appliquer cette mesure, tandis que les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont exprimé leur hostilité à un tel acte qui remettrait fondamentalement en cause le processus de règlement politique initié par la «feuille de route». Alors que ce thème n’était pas à l’ordre du jour de leur rencontre, samedi à Genève, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine) ont jugé essentiel de poursuivre le processus. Le secrétaire général de l’ONU a confirmé que le quartette (Etats-Unis, Union européenne, ONU et Russie), à l’origine de l’élaboration de la feuille de route, se réunirait avant fin septembre à New York.

Risques de «bavures»

Le gouvernement israélien ne peut faire comme s’il n’entendait pas ce tollé d’autant que l’expulsion du président palestinien est tout de même plus facile à dire qu’à faire. C’est pourquoi le vice-Premier ministre israélien Ehud Olmert a souligné que l’expulsion est une option, l’élimination physique une autre, et que Yasser Arafat pourrait aussi être confiné encore plus étroitement dans son siège de la Mouqataa. Certains membres du gouvernement israélien se sont prononcés pour la «liquidation» du président palestinien, estimant qu’il serait plus dangereux encore pour Israël une fois exilé. D’autres hauts responsables israéliens estiment que le bannissement de Yasser Arafat n’est pas imminent.

Enfin des militaires et experts en sécurité évoquent les risques de «bavures» en cas de tentative des forces de l’ordre de s’emparer vivant de Yasser Arafat pour l’expulser. Shalom Harari, ancien conseiller du ministère de la Défense pour les territoires palestiniens affirme que Yasser Arafat pourrait bien se suicider pour finir en martyr. De même Shlomo Brom, du centre d’études stratégiques de l’Université de Tel Aviv, relève que prendre le contrôle de la Mouqataa «ne devrait pas poser problème, mais ce qui se passera à l’intérieur pourrait être beaucoup plus compliqué».



par Francine  Quentin

Article publié le 14/09/2003