Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Terrorisme

Le Pentagone marchand d’armes chimiques et biologiques

Selon un rapport du Congrès, le ministère américain de la Défense vend sur Internet du vieux matériel scientifique pouvant être utilisé dans la fabrication d’armes chimiques et biologiques.
Alors que Washington n’a toujours pas trouvé d’armes de destruction massive en Irak, des enquêteurs parlementaires américains ont découvert qu’il était très facile pour qui le voulait, d’acheter en ligne sur le site du Pentagone, de quoi fabriquer des armes chimiques ou biologiques. C’est ce qu’a révélé, lundi 6 octobre, la chaîne américaine de télévision ABC News qui se fonde sur un rapport du Congrès rendu public aujourd’hui.

Selon la chaîne télévisée, le GAO (General Accounting Office), organisme indépendant chargé de mener des enquêtes pour le Congrès américain, avait reçu pour mission de monter une fausse société afin de déterminer dans quelle mesure on peut se procurer du vieux matériel scientifique sur Internet, susceptible d'être utilisé par des terroristes.

Pour mener leurs investigations, les enquêteurs parlementaires se sont simplement connectés, sous de fausses identités, au site web du Pentagone et ont commandé des équipements de laboratoires en surplus. Il ont ainsi pu acheter en ligne du matériel pour fabriquer des armes chimiques ou biologiques, des évaporateurs, des centrifugeuses, des incubateurs bactériologiques et des combinaisons de protection.

Un coût dix fois moins important

Les parlementaires américains s’inquiètent du manque d’enquête avant la vente en ligne. Si l’on en croit le rapport du GAO, le département de la Défense n’a pas cherché à découvrir qui achetait cet équipement et comment il était utilisé. Selon le GAO, certains acheteurs ont déjà fait affaire avec le site du Pentagone et ont revendu leur matériel à la Malaisie, les Philippines ou l’Egypte, des pays où opèrent des terroristes.

Autre élément très alarmant: le prix très bas du matériel en question. Les enquêteurs ont ainsi découvert que pour 4 100 dollars, ils pouvaient acquérir des équipements en bon état de marche que le Pentagone avait payé 46 000 dollars, soit un coût dix fois moins important. Le bureau GAO a également pu acheter des tenues de protection alors qu’un décret du Pentagone interdit la vente publique de tels objets. «La disponibilité à bon marché d'équipement biologique de laboratoire à bas-coût représente un risque pour la sécurité nationale», a témoigné lundi soir le représentant Christopher Shays, président de la sous-commission de la chambre des représentants qui a commandé le rapport. Avant d’ajouter que «Le site du département de la Défense ne devrait pas être un point de vente à bas prix pour les bio-terroristes en devenir».

Une rapport d’autant plus étonnant que dès la fin de l’année 2001, des mesures avaient été prises pour purger certaines données sensibles accessibles sur le Net. Dans la foulée des législations anti-terroristes, les Etats-Unis ont commencé à nettoyer le réseau Internet suite aux mises en garde de la CIA et du FBI. C’est ainsi que l’Agence pour la protection de l’environnement s’est trouvée dans l’obligation de faire le ménage dans ses bases de données divulguant des informations stratégiques sur les usines chimiques du pays. La NRC, l’Autorité de sureté nucléaire nord-américaine, a complètement fermé son site. Les serveurs qui stockent des données liées à la santé comme ceux des hôpitaux ou des services de l’armée se sont vus également allégés de quelques pages sur le bacille du charbon (anthrax) et sur les agressions bactériologiques.



par Myriam  Berber

Article publié le 07/10/2003