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Géorgie

Chevardnadze décrète l’état d’urgence

Le président Edouard Chevardnadze a décrété l’état d’urgence après avoir été délogé du parlement géorgien par l’opposition qui exigeait sa démission. Depuis les élections législatives contestées du 2 novembre la tension montait entre le pouvoir en place accusé de fraude massive et l’opposition qui a organisé une confrontation, samedi, à l’ouverture de la nouvelle session du Parlement. L’opposition a proclamé la présidente du parlement sortant Nino Bourdjanadzé présidente par interim.
Les leaders de l’opposition à Edouard Chevardnadze l’avaient annoncé : la manifestation de samedi à l’ouverture de la session du parlement élu le 2 novembre dernier devait être «décisive». Environ 10 000 personnes se sont rassemblées au centre de Tbilissi pour exiger la démission du président, en raison de l’accusation de fraude massive aux élections législatives du 2 novembre. Mikhail Saakachvili, à la tête de l’opposition radicale donnait «45 minutes» au président géorgien pour se reconnaître vaincu et menaçait d’ «aller le chercher» s’il refusait d’obtempérer.

Et c’est bien ce qui s’est produit. Les milliers de manifestants qui convergeaient vers le centre ville depuis le début de la matinée ont envahi le parlement et en ont pris le contrôle, contraignant le président Chevardnadze a quitter précipitamment les lieux sous la protection de ses gardes du corps et de la police.

A ses partisans également présents devant le bâtiment du Parlement le président géorgien a affirmé qu’il ne partirait pas et qu’il ne quitterait ses fonctions que par la voie constitutionnelle. Il a appelé à un règlement de la crise par la voie légale. Toutefois, le président géorgien a immédiatement dénoncé un «coup d’Etat» dans la prise de contrôle par la force du parlement et a décrété l’état d’urgence et promis qu’il rétablirait l’ordre, avant de se retirer dans une résidence à trois kilomètres du centre ville.

Plus tard, environ 3000 manifestants ont occupé le bâtiment de la présidence à Tbilissi dans l’attente de l’arrivée de la chef de l’Etat par interim. Mikhaïl Saakachvili a estimé que le président Chevardnadze pouvait rester pour l’instant au pouvoir à condition qu’il annonce la tenue prochaine d’une élection présidentielle anticipée. En effet, élu en novembre 1995, le président géorgien a été réélu en avril 2000 pour un deuxième mandat de cinq ans.

Camouflet

Le feu couvait et s’amplifiait depuis trois semaines en Géorgie, alors que l’accusation lancée au pouvoir en place d’avoir fraudé aux élections législatives était reprise par un nombre croissant de responsables politiques qui, d’une voix de plus en plus forte, réclamaient la démission du président. Edouard Chevardnadze a vu sa position encore affaiblie vendredi quand les Etats-Unis, alliés du pouvoir en place en Géorgie, ont demandé aux autorités de mener une enquête sur les irrégularités dont il était accusé.

Un porte-parole du département d’Etat à Washington avait vu dans «les retards dans le décompte et la manipulation des résultats une tentative du gouvernement géorgien d’ignorer la volonté du peuple». Camouflet pour le président géorgien en fonction depuis 1995 qui avait misé sur le rapprochement avec les Etats-Unis, devenus la première source d’aide étrangère en Géorgie.

D’autre part, la Russie a fait savoir que ses troupes toujours basées dans l'ex-république soviétique, n'interviendraient pas dans la crise, considérée comme une affaire intérieure.

Edouard Chevardnadze a bien tenté jusqu'au bout de minimiser la crise ouverte de son régime. A quelques heures de son éviction précipitée du parlement il avait réaffirmé que les députés désormais élus devait commencer à travailler et que les appels à la désobéissance civile n’avaient pas lieu d’être.



par Francine  Quentin

Article publié le 22/11/2003