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Audiovisuel

L’antisémitisme en orbite géostationnaire

La France se préoccupe de la propagation de l’antisémitisme sur son territoire national via les satellites. Une inquiétude qu’a ravivée la diffusion du feuilleton «Al-Shatat» par Al-Manar, la chaîne de télévision du Hezbollah libanais.
Comment empêcher la propagation de l’antisémitisme et du racisme sur le sol français via les satellites ? Le feuilleton «Al-Shatat» («La diaspora») a brutalement replacé cette question sur le devant de la scène. Il a été programmé l’automne dernier par la chaîne de télévision Al-Manar. Celle-ci appartient au Hezbollah libanais, une organisation qui combat militairement Israël. Ce feuilleton est dénoncé comme violemment antisémite. Or, il aurait été massivement suivi, via le satellite, dans certaines banlieues françaises à forte densité de population immigrée musulmane. Et cela, à l’heure même où certains parlent d’une recrudescence des actes antisémites sur le territoire hexagonal.

Israël aurait effectué des démarches auprès de Paris afin que cesse cette situation. La question aurait été discutée le mardi 27 janvier, lors de la deuxième réunion du comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Le Premier ministre lui-même, Jean-Pierre Raffarin, a dû à nouveau en parler le samedi 31 janvier, lors d’un dîner offert par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Le chef du gouvernement a évoqué un renforcement des pouvoirs confiés au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de veiller au respect des règles légales et déontologiques par les télévisions et radios.

Il serait question qu’à l’avenir, le CSA puisse saisir le juge des référés administratifs pour faire cesser la diffusion d’une chaîne qui dépasserait les limites de la liberté d’expression.

Une procédure pour conventionner les télévisions extra-communautaires

Parallèlement, l’on élaborerait une nouvelle procédure destinée à contrôler la réception de toutes les chaînes non européennes sur le territoire français. En vertu de cette procédure, les télés extra-communautaires devraient obligatoirement conclure une convention pour émettre à destination de la France. Cela permettrait de n’agréer que celles qui rempliraient certaines conditions. Le CSA est en train de lister toutes les télévisions extra-communautaires susceptibles d’être concernées. D’ailleurs, Al-Manar elle-même l’aurait contacté, ou serait sur le point de le faire, afin d’obtenir son conventionnement. Dès lors que la nouvelle réglementation sera effective, des télévisions pourront également être déconventionnées, au cas où elles ne respecteraient pas leurs obligations.

Pour autant, le problème ne sera pas résolu. C’est une politique européenne globale qui doit être mise en œuvre. Car, comme on le fait remarquer à Eutelsat, organisme européen de satellites , à l’heure actuelle, sous certaines conditions techniques, n’importe quel citoyen bien équipé peut capter des chaînes censément émises à destination d’un autre pays européen. Ainsi, Al-Manar est relayée par neuf satellites, dont un seul dépend d’Eutelsat.

Enfin, on peut visionner des programmes par l’intermédiaire des sites internet. Dans ces conditions, ne faut-il pas des mesures englobant et le satellite et le web ?

Pour la France, l’enjeu est de taille. Il s’agit ni plus ni moins d’éviter que le pays n’importe sur son territoire les affrontements liés au différend israélo-arabe; mais aussi, plus généralement, tout ce qui pourrait déstabiliser la communauté nationale. Sinon, la France devrait accepter que lui tombent sur la tête des contenus antisémites pour les uns, arabophobes pour les autres, unis en tout cas par une même haine et échappant à la loi française.



par Hédy  SELLAMI

Article publié le 26/02/2004