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Environnement et High-tech

La pollution des ordinateurs n’a rien de virtuel

Les gouvernements doivent prendre des mesures favorisant le recyclage des vieux ordinateurs, en raison de l'effet néfaste sur l'environnement des composants utilisés dans ces machines. C’est la principale conclusion d’une étude que viennent de réaliser deux chercheurs pour les Nations unies. Si l’Europe est dans le peloton de tête de la protection de l’environnement, les Etats-Unis, apparemment peu concernés, bottent en touche.
Plomb, arsenic, cadmium, mercure... la toxicité des composants d’un ordinateur est élevé. Si la plupart des plastiques (sauf le PVC) sont recyclables, il n’en est pas de même des éléments électroniques comme le plomb que l’on trouve dans les tubes cathodiques, du mercure et du lithium dans les batteries ou de l’aluminium dans les disques durs. La problématique relative du recyclage des déchets électroniques n’est pas nouvelle. Les associations de défense de l’environnement s’inquiètent depuis longtemps des effets à long terme sur l’environnement et sur la santé de ce genre de pollution.

Une étude réalisée par Ruediger Kuehr et Eric Williams, deux chercheurs à l’université des Nations unies conclut une nouvelle fois que «les composants électroniques assemblés dans les ordinateurs sont un danger avéré en l’état actuel pour l’environnement». Les chercheurs mandatés par l’Onu ont établi que la production d’un ordinateur et d’un écran nécessite au moins 240 kgs de combustible, 22 kilos de produits chimiques et 1,5 tonnes d’eau, soit au total le poids d’une voiture. Et sous la double influence du développement du parc informatique et du renouvellement constant des matériels, ces rebuts sont en forte augmentation (plus de 18% par an).

130 millions de PC vendus chaque année

Pour leur part, les Européens commencent à reconnaître les effets nocifs de cette «électropollution ». Depuis la fin de l’année 2002, une directive européenne stipule que les producteurs prennent en charge l’organisation du système de collecte, de recyclage et l’élimination des déchets électroniques. Selon le principe du «pollueur payeur», ce texte prévoit que chaque fabricant financera la récupération de ses propres déchets, soit à titre individuel, soit sur une base collective. Un retraitement fort complexe qui coûte cher, rien que pour l’Europe, le montant est estimé à 40 milliards d’euros par an. Cette loi européenne prévoit également d’autoriser les industriels pendant 10 ans à répercuter une partie des coûts de recyclage sur les consommateurs. Avec pour objectif final d’inciter les fabricants à produire des appareils plus respectueux de l’environnement.

Si les Européens ont choisi de prendre des mesures pour protéger l’environnement, c’est loin d’être le cas des Etats-Unis, le plus gros producteur et consommateur d’ordinateurs individuels n’ont pas encore commencé à réfléchir sur une législation pour encadrer le recyclage. «La prise de conscience des questions d'environnement est certainement inférieure aux Etats-Unis par rapport à l'Europe. L'administration actuelle n'est pas très ouverte à l'idée d'une réglementation», estiment les deux auteurs. Aujourd’hui, l’absence de législation sur ce genre de pollution s’explique certainement par les énormes intérêts économiques qui sont en jeu, la plupart des ordinateurs sont produits aux Etats-Unis. Dans le monde, au moins 130 millions de machines sont vendues chaque année et à la fin de 2002, un milliard d’ordinateurs individuels avaient été écoulés.

Aux Etats-Unis, cette activité embryonnaire revient essentiellement aux grandes entreprises du secteur de l’informatique. En tête de liste, on retrouve les fabricants Hewlett-Packard et IBM qui propose à leurs clients de reprendre leur matériel obsolète. D’autres sociétés devraient bientôt offrir ce type de services. Des mesures d’autant plus urgentes que c’est le Tiers-Monde, et notamment la Chine, le Pakistan et l’Inde qui héritent à l’heure actuelle des déchets électroniques du monde.

Pour en savoir plus:
Ordinateurs et environnement de Ruediger Kuehr et Eric Williams, Editions Onu.



par Myriam  Berber

Article publié le 09/03/2004